préjugé
Publié le 08/11/2010
Extrait du document
Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatorzième.
mais les hommes ont tant de préjugés dans l’esprit, que je crains encore qu’un petit nombre seulement soit ici à l’abri de toute erreur, et qu’on ne trouve l’explication de ma pensée trop courte malgré la longueur du discours.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Abrégé des six méditations suivantes.
Or, bien que l’utilité d’un doute si général ne paraisse pas d’abord, elle est toutefois en cela très grande, qu’il nous délivre de toutes sortes de préjugés, et nous prépare un chemin très facile pour accoutumer notre esprit à se détacher des sens, et enfin, en ce qu’il fait qu’il n’est pas possible que nous puissions jamais plus douter des choses que nous découvrirons par après être véritables.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.
jusques à ce qu’enfin, ayant tellement balancé mes anciens et mes nouveaux préjugés, qu’ils ne puissent faire pencher mon avis plus d’un côté que d’un autre, mon jugement ne soit plus désormais maîtrisé par de mauvais usages et détourné du droit chemin qui le peut conduire à la connaissance de la vérité.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Cinquième.
Et pour ce qui est de Dieu, certes, si mon esprit n’était prévenu d’aucuns préjugés, et que ma pensée ne se trouvât point divertie par la présence continuelle des images des choses sensibles, il n’y aurait aucune chose que je connusse plutôt ni plus facilement que lui.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.
Ce que je crois ne servir pas peu à ce sujet, car ainsi j’ai pu beaucoup mieux me délivrer des préjugés, considérer ce que dicte la lumière naturelle, m’interroger moi-même, et tenir pour certain que rien ne peut être en moi, dont je n’aie quelque connaissance.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.
Et certes je ne vois pas que l’on puisse rien ajouter pour faire connaître plus clairement que cette idée ne peut être en nous si un souverain Etre n’existe, si ce n’est que le lecteur, prenant garde de plus près aux choses que j’ai déjà écrites, se délivre lui-même des préjugés qui offusquent peut-être sa lumière naturelle, et qu’il s’accoutume à donner créance aux premières notions, dont les connaissances sont si vraies et si évidentes que rien ne le peut être davantage, plutôt qu’à des opinions obscures et fausses, mais qu’un long usage a profondément gravées en nos esprits.
Car nous n’avons jamais vu, ni nous ni personne, que cela soit arrivé à ceux qui ont tiré toute la clarté de leur perception de l’entendement seul, mais bien à ceux qui l’ont prise des sens ou de quelque faux préjugé.
Mais au contraire, touchant les questions qui appartiennent à la métaphysique, la principale difficulté est de concevoir clairement et distinctement les premières notions, Car, encore que de leur nature elles ne soient pas moins claires, et même que souvent elles soient plus claires que celles qui sont considérées par les géomètres, néanmoins, d’autant qu’elles semblent ne s’accorder pas avec plusieurs préjugés que nous avons reçus par les sens, et auxquels nous sommes accoutumés dès notre enfance, elles ne sont parfaitement comprises que par ceux qui sont fort attentifs et qui s’étudient à détacher, autant qu’ils peuvent, leur esprit du commerce des sens ;
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Demandes.
et qu’ainsi ils exercent cette clarté de l’entendement qui leur a été donnée par la nature, mais que les perceptions des sens ont accoutumé de troubler et d’obscurcir, qu’ils l’exercent, dis-je, toute pure et délivrée de leurs préjugés ;
En septième lieu, je demande que les lecteurs, prenant garde qu’ils n’ont jamais reconnu aucune fausseté dans les choses qu’ils ont clairement conçues, et qu’au contraire ils n’ont jamais rencontré, sinon par hasard, aucune vérité dans les choses qu’ils n’ont conçues qu’avec obscurité, ils considèrent que ce serait une chose tout-à-fait déraisonnable, si, pour quelques préjugés des sens, ou pour quelques suppositions faites à plaisir, et fondées sur quelque chose d’obscur et d’inconnu, ils révoquaient en doute les choses que l’entendement conçoit clairement et distinctement.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Axiomes ou Notions communes, PROPOSITION PREMIERE.
et sa conclusion peut être connue sans preuve par ceux qui sont libres de tous préjugés, comme il a été dit en la cinquième demande.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA PREMIERE MÉDITATION.
Vous dites que vous approuvez le dessein que j’ai eu de délivrer l’esprit de ses anciens préjugés, qui est tel en effet que personne n’y peut trouver à redire ;
Mais certes je vois bien que vous avez voulu m’indiquer qu’il y en a plusieurs qui disent bien de bouche qu’il faut soigneusement éviter la prévention, mais qui pourtant ne l’évitent jamais, parce qu’ils ne s’étudient point à s’en défaire, et se persuadent qu’on ne doit point tenir pour des préjugés ce qu’ils ont une fois reçu pour véritable.
Un philosophe n’aurait pas dit aussi qu’en “ tenant toutes choses pour fausses, je ne me dépouille pas tant de mes anciens préjugés, que je me revêts d’un autre tout nouveau “ ;
c’est-à-dire que je puisse me revêtir de ce nouveau préjugé dont vous appréhendiez que je me laissasse prévenir.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION.
mais aussi je maintiens l’avoir fait exactement en son lieu, premièrement en ôtant les préjugés, puis après en expliquant toutes les principales idées, et enfin en distinguant les claires et distinctes de celles qui sont obscures et confuses.
Mais puisque vous demandez seulement “ s’il est donc vrai que je sois incertain qu’il y ait quelqu’autre chose que moi qui existe dans le monde “ , et que vous feignez qu’il n’est pas besoin de chercher des raisons d’une chose si évidente, et ainsi que vous vous en rapportez seulement à vos anciens préjugés, vous faites voir bien plus clairement que vous n’avez aucune raison pour prouver ce que vous assurez que si vous n’en aviez rien dit du tout, Quant à ce que vous dites touchant les idées, cela n’a pas besoin de réponse, parce que vous restreignez le nom d’idée aux seules images dépeintes en la fantaisie ;
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA QUATRIEME MÉDITATION.
mais que la chose qui pense et celle qui est étendue soient une même chose, certainement vous ne le concevez point, mais seulement vous le voulez croire, parce que vous l’avez déjà cru auparavant, et que vous ne vous départez pas facilement de vos opinions, ni ne quittez pas volontiers vos préjugés.
Et quant à la méthode qui nous apprend à pouvoir discerner les choses que nous concevons en effet clairement de celles que nous nous persuadons seulement de concevoir avec clarté et distinction, encore que je pense l’avoir assez exactement enseignée, comme j’ai déjà dit, je n’oserais pas néanmoins me promettre que ceux-là la puissent aisément comprendre Qui travaillent si peu à se dépouiller de leurs préjugés qu’ils se plaignent que j’ai été trop long et trop exact à montrer le moyen de s’en défaire.
MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.
Vous faites voir ici clairement que vous vous appuyez seulement sur vos préjugés sans jamais vous en défaire, puisque vous ne voulez pas que nous ayons le moindre soupçon de fausseté pour les choses où jamais nous n’en avons remarqué aucune ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, LETTRE DE L’AUTEUR A CELUI QUI A TRADUIT LE LIVRE, LAQUELLE PEUT SERVIR ICI DE PREFACE.
Mais, outre l’empêchement des préjugés, dont aucun n’est entièrement exempt, bien que ce sont ceux qui ont le plus étudié les mauvaises sciences auxquels ils nuisent le plus, il arrive presque toujours que ceux qui ont l’esprit modéré négligent d’étudier, parce qu’ils n’en pensent pas être capables, et que les autres qui sont plus ardents se hâtent trop, d’où vient qu’ils reçoivent souvent des principes qui ne sont pas évidents, et qu’ils en tirent des conséquences incertaines.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 16.
Notre âme ou notre pensée n’aurait pas de peine à se persuader cette vérité si elle était libre de ses préjugés :
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 47.
et parce qu’elle ne laissait pas de faire cependant une réflexion telle quelle sur les choses qui se présentaient, et d’en juger témérairement, nous avons rempli notre mémoire de beaucoup de préjugés, dont nous n’entreprenons presque jamais de nous délivrer, encore qu’il soit très certain que nous ne saurions autrement les bien examiner.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 49.
tout de même quand on dit qu’il est impossible qu’une même chose soit et ne soit pas en même temps, que ce qui a été fait ne peut n’être pas fait, que celui qui pense ne peut manquer d’être ou d’exister pendant qu’il pense et quantité d’autres semblables, ce sont seulement des vérités, et non pas des choses qui soient hors de notre pensée, et il y en a si grand nombre de telles qu’il serait malaisé de les dénombrer, mais aussi n’est-il pas nécessaire, parce que nous ne saurions manquer de les savoir lorsque l’occasion se présente de penser à elles, et que nous n’avons point de préjugés qui nous aveuglent.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 66.
Or nous avons ainsi jugé en tant de rencontres, et il nous a semblé voir cela si clairement et si distinctement, à cause que nous étions accoutumés à juger de la sorte, qu’on ne doit pas trouver étrange que quelques-uns demeurent ensuite tellement persuadés de ce faux préjugé qu’ils ne puissent pas même se résoudre à en douter.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 71.
Et nous avons été par ce moyen si fort prévenus de mille autres préjugés que lors même que nous étions capables de bien user de notre raison, nous les avons reçus en notre créance ;
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 75.
C’est pourquoi, si nous désirons vaquer sérieusement à l’étude de la philosophie et à la recherche de toutes les vérités que nous sommes capables de connaître, nous nous délivrerons en premier lieu de nos préjugés, et ferons état de rejeter toutes les opinions que nous avons autrefois reçues en notre créance, jusques à ce que nous les ayons derechef examinées, nous ferons ensuite une revue sur les notions qui sont en nous, et ne recevrons pour vraies que celles qui se présenteront clairement et distinctement à notre entendement.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 3.
Car, après cette réflexion, nous quitterons sans peine tous les préjugés qui ne sont fondés que sur nos sens, et ne nous servirons que de notre entendement pour en examiner la nature, parce que c’est en lui seul que les premières notions ou idées, qui sont comme les semences des vérités que nous sommes capables de connaître, se trouvent naturellement.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 26.
Mais nous n’aurons point de peine à nous délivrer de ce faux préjugé, si nous remarquons que nous ne faisons pas seulement quelque effort pour mouvoir les corps qui sont proches de nous, mais que nous en faisons aussi pour arrêter leurs mouvements, lorsqu’ils ne sont point amortis par quelque autre cause.
LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 37.
Et toutefois ce n’est qu’un faux préjugé, qui répugne manifestement aux lois de la nature ;
LES PASSIONS DE L’AME, LETTRE Ire A MONSIEUR DESCARTES.
et souvent ceux qui les étudient, tâchent d’obtenir par travail ce que la force de leur esprit ne leur peut donner, fatiguent trop leur imagination, et même la blessent, et acquièrent avec cela plusieurs préjugés :
il suffit à cela d’avoir l’esprit dégagé de toutes sortes de faux préjugés et d’y vouloir appliquer assez son attention.
Correspondance, année 1644, Au P. MESLAND, 15 mai 1644. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).
Pour la difficulté d’apprendre les sciences, qui est en nous, et celle de nous représenter clairement les idées qui nous sont naturellement connues, elle vient des faux préjugés de notre enfance, et des autres causes de nos erreurs, que j’ai tâché d’expliquer assez au long en l’écrit que j’ai sous la presse.
Correspondance, année 1644, A UN R. P. JESUITE (P. CHARLET), 1er Octobre 1644.
mais je désire éviter, autant que je pourrai, les faux préjugés de ceux à qui c’est assez de savoir que j’ai écrit quelque chose, touchant la philosophie (en quoi je n’ai pas entièrement suivi le style commun), pour en concevoir une mauvaise opinion.
Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.
parce qu’il peut aisément arriver que quelqu’un croira entendre et apercevoir clairement quelque chose laquelle néanmoins, à cause de quelques préjugés dont il est prévenu et comme aveuglé, il n’entendra et n’apercevra point du tout.
Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.
Si quelques-uns confondent l’idée de la substance avec la chose étendue, cela vient du préjugé où ils sont que tout ce qui existe ou est intelligible, est en même temps imaginable.
car j’ai vu que, bien loin de s’attacher à une raison solide, ils se sont laissés entraîner aux préjugés communs de l’enfance.
Puisque Épicure, Démocrite et Lucrèce ont donné dans ce préjugé comme les autres, je ne dois rien à leur autorité.
Et comme vous n’êtes pas éloigné de mes sentiments pour le reste, j’espère que vous admettrez facilement ceux-ci, si vous considérez que c’est un préjugé de ne pas regarder comme vraie substance corporelle tout être étendu qui n’a rien qui frappe les sens, et de lui donner seulement le nom de vide ;
Mais le plus grand de tous les préjugés que nous ayons retenu de notre enfance, est celui de croire que les bêtes pensent.
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