pouvoir des fables
Publié le 29/04/2013
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La Fontaine, Fables, « Le Pouvoir des fables « Synthèse 1/ La dédicace : Cette fable de jean de la Fontaine est précédée d'une longue dédicace à M. de Barillon, alors ambassadeur en Angleterre (v 1 + 6 + 21 et 22). A noter les nombreuses marques de l'énonciateur et du destinataire : M.de Barillon, « vous «, « je « + les possessifs + V29 « vous dédie «. Dans cette dédicace, l'auteur fait clairement référence au contexte politique (v 10 à 15): le conflit avec la Hollande entre 1672 et 1678. La Fontaine évoque l'attitude de l'Angleterre durant cette période. Alliée de la France à l'origine, l'Angleterre s'était retirée du conflit avec la Hollande et avait signé en 1674 une paix séparée avec ce pays. La France avait alors craint que cette neutralité ne prélude à un retournement d'alliance qui aurait vu l'Angleterre s'opposer à Louis XIV (v 17). La Fontaine se fait clairement l'écho de cette inquiétude et considère, dans ce texte, que l'Angleterre aurait tout à perdre à défier les français. Dans ce préambule, jean de La Fontaine revendique l'intérêt des fables (V30), tout en se montrant modeste : v 2 à 5 : « contes vulgaires «, « grâces légères «, « air de grandeur «, « téméraires « + les questions (expression d'un doute) et en manifestant du respect pour son destinataire : « s'abaisser «, V6, V21, 22,26. 2/ Structure de la fable : Cette fable comporte deux récits emboîtés : le récit du narrateur (le fabuliste) et le récit de l'orateur (personnage de la fable) qui utilise lui-même une fable. Le 1er récit : La fable commence par l'évocation d'une situation présentée comme historique : le lieu est indiqué Athènes V1 et le temps : autrefois V1, ce qui suggère qu'on remonte à l'Antiquité. Celui qui s'exprime est un narrateur, le fabuliste, qui apparaît à la fin du texte sous la forme de la 1ère personne, je, au moment même de l'écriture Au moment que je fais V33. Il apparaît également dans le nous du vers 32. Ce narrateur raconte une histoire qu'il présente comme vraie et qui met en scène un orateur politique (cf. ambassadeur de la dédicace) confronté à l'indifférence et à l'ennui de son auditoire. Cet orateur apparaît dans le 1er récit, au vers 2, Un orateur, et celui qui raconte rapporte les circonstances du discours une situation politique grave comme le signalent les mots patrie en danger : (cf. contexte historique de la dédicace) + la manière de parler de l'orateur, le résultat négatif de son discours, signalé par les expressions ne daignait l'écouter, tous regardaient ailleurs. Le vers 15 marque alors une rupture. A la question que fit le harangueur ? La réponse Il prit un autre tour annonce une autre façon de parler qui est mise en oeuvre aussitôt après, au vers 16. On remarque en effet l'ouverture des guillemets et leur fermeture au v 27. Le 2° récit : introduit par l'expression un autre tour et signalé par le verbe de parole commença-t-il un 2° récit se met en place, de manière assez abrupte. Ce récit, dit par l'orateur met en scène le personnage de Cérès qui appartient à la mythologie, une Hirondelle et une Anguille, animaux qui deviennent des personnages de fiction dans l'apologue. Les 1ers éléments du récit sont très simples : il s'agit du passage d'une rivière, chose facile pour l'anguille et l'hirondelle. Le suspense est donc très limité mais les réactions du public sont immédiates : la question Et Cérès, que fit-elle ? témoigne de la grande attention du public. La réponse de l'orateur exprime son indignation avant que le narrateur ne reprenne la parole au vers 28. Ainsi, le fabuliste utilise une histoire en vers (une fable) pour mettre en scène un orateur qui, confronté à l'indifférence de son auditoire dans une situation grave, utilise un apologue pour attirer l'attention de son public sur cette indifférence et ses dangers. Ainsi se trouve explicité, illustré et justifié le titre « Le Pouvoir des fables «. 3/ Les deux méthodes employées par l'orateur : Le narrateur cède la parole à l'orateur à partir du vers 16 lorsqu'il s'exprime directement et ses paroles sont reprises au discours direct. Mais auparavant, celui qui raconte a présenté indirectement sa manière de parler. A : la 1ère manière de parler de l'orateur : Le lexique utilisé montre qu'elle est caractérisée par la violence et la force et qu'elle n'atteint pas la sensibilité des auditeurs : art tyrannique, forcer, fortement, figures violentes, exciter, tonna = termes dont le registre tragique semble bien en accord avec la gravité de la situation. Cette manière de parler grave et sévère, pompeuse également (hyperboles et exagérations : figures violentes v40, prosopopées : Il fit parler les morts v42) est présentée par le narrateur comme totalement inefficace. L'inefficacité est exprimée par de brefs constats négatifs et imagés : on ne l'écoutait pas, le vent emporta tout, personne ne s'émut. Cet échec est rendu de manière insistante par des remarques sur le caractère inconstant et frivole de la foule, plus intéressée par des jeux d'enfants (il en vit s'arrêter à des combats d'enfants) que par la menace d'une invasion. B : la 2° manière de parler de l'orateur : L'autre tour consiste à changer brusquement de registre et de contenu et à utiliser une historiette, une fiction mettant en scène des animaux et un personnage mythologique (v 49 à 53). A la violence tragique du 1er discours s'oppose la légèreté de l'apologue qui a immédiatement suscité la curiosité et l'attention du public, mais aussi la colère de l'orateur V55. Le résultat de l'apologue est en effet tout à fait différent de celui du 1er discours : la question du vers 54 montre une attention revenue à la suite des remarques de l'orateur en colère (55-60). Le résultat est exprimé dans les vers 61 à 64, qui soulignent l'effet efficace de l'apologue : le réveil de l'assemblée et sa prise de conscience de la gravité de la situation. 4/ Le pouvoir des fables : Ce récit fait par le narrateur montre donc qu'un récit imagé, bref et simple peu avoir plus de poids qu'un discours politique grandiloquent et dramatisé. La simplicité rend la compréhension plus facile, les images (utilisation des animaux) permettent la visualisation ; le déroulement du récit, avec sa conclusion morale permet au lecteur de retrouver les analogies qui le conduisent, seul, à tirer une leçon, un enseignement. En choisissant le contexte athénien, La Fontaine insiste sur le caractère permanent des fables, toujours adaptées à la nature humaine et à une grande diversité de situations. Les six derniers vers soulignent le caractère subjectif d'un discours dans lequel le fabuliste se situe au moment de l'écriture (Au moment que je fais cette moralité) pour rappeler le besoin que les êtres humains ont d'être amusés comme des enfants (Il le faut amuser comme un enfant), ce qui signifie qu'ils ont aussi besoin d'être instruits puisqu'il est question des fables et des contes de Perrault. A noter ici que le principe de l'analogie (qui permet au lecteur de la fable de tirer une leçon du récit qu'il vient de lire) est rendu explicite par le vers 65 : Nous sommes tous d'Athènes en ce point. Conclusion : Cette fable de Jean de La Fontaine, précédée de sa longue dédicace, a pour fonction de démontrer « Le pouvoir des fables «. C'est aussi un moyen pour l'auteur d'évoquer le destinataire des fables, en se présentant lui-même comme un amateur d'apologues (Si Peau d'âne m'était conté / J'y prendrais un plaisir extrême.)
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