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Pourquoi un fait exige-t-il d'être établi ?

Publié le 11/02/2011

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• La problématisation d'une attitude courante. « Les faits sont là. « Invocation des faits comme arguments. Une telle invocation sert souvent de refus des théories arbitraires ou spéculatives. Mais un fait parle-t-il de lui-même ? Se suffit-il à lui-même? L'argumentation «par les faits« devient problématique dès qu'on s'interroge sur la définition du fait lui-même. Pré-existe-t-il à l'interprétation ? N'a-t-il pas qu'une réalité empirique, sans pertinence du point de vue de la science? • Signification épistémologique de la question. La démarche scientifique constitue son objet. Pour elle, le fait n'est jamais donné (cf. Bachelard : « rien n'est donné, tout est construit«). L'immédiateté du fait n'est qu'une apparence, et se problématise dès qu'on s'affranchit de l'empirisme. On peut illustrer ce statut des faits en se référant à plusieurs types de démarche scientifique : — Physique. Cf. Galilée : « La bonne physique se fait a priori. « L'esprit ne peut aborder efficacement le réel que s'il se munit d'instruments théoriques lui permettant de déjouer les illusions empiriques et de « solliciter « l'expérience d'une façon pertinente.

Aucun fait scientifique ne peut de ce point de vue préexister à la démarche qui le constitue. — Ensemble des sciences expérimentales : cf. Claude Bernard. Les « faits « premiers, au sens d'éléments d'observation parcellaires livrés par l'approche immédiate, doivent être ressaisis dans une synthèse critique qui les « contrôle « les uns par les autres. Cette systématisation, qui relativise en les resituant les données observées, ne peut être que le fruit d'une démarche méthodique : « L'homme ne se borne pas à voir; il pense et veut connaître la signification des phénomènes dont l'observation lui a révélé l'existence. Pour cela il raisonne, compare les faits, les interroge, et, par les réponses qu'il en tire, les contrôle les uns par les autres« (Claude Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Éditions Garnier-Flammarion, p. 33). — Histoire. Le fait historique n'est jamais préconstitué. Il doit être défini comme produit d'une causalité complexe. Refus de l'histoire événementielle : condition de validité de la démarche explicative (ce qui est le plus spectaculaire ne coïncide pas forcément avec ce qui est déterminant). Cf. Marx et Engels, L'idéologie allemande (première partie) et Braudel, Écrits sur l'histoire.   

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