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Pourquoi Ulysse est-il l'un des héros les plus célèbres de l'Antiquité ?

Publié le 12/01/2011

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Intro : Avant le chant V, Ulysse est celui dont on parle, le mari absent, le fils absent de Laërte, le père absent. Il devient la figure centrale du poème à partir du chant v, au début duquel son sort est rappelé par Athéna et Zeus. Il devient également, pour une grande part des chants V à XIII, le narrateur. C’est un homme omniprésent dans l’œuvre, d’où le nécessité de réfléchir sur ce qu’il incarne.

I- L’ingéniosité Ulysse a plusieurs surnoms mais ceux qui reviennent le plus souvent mettent en valeur son ingéniosité comme l’ « inventif «, l’ « industrieux « ou l’ « ingénieux «. C’est grâce à lui que les Grecs ont vaincus Troie, assiégée depuis dix ans, grâce au stratagème du cheval de bois dans lequel se cachèrent des soldats grecs et que les Troyens imprudents et curieux tirèrent à l’intérieur de leurs remparts. Ulysse recourt à son ingéniosité dès qu’il est dans une situation périlleuse. Ainsi au chant IX pour vaincre le cyclope Polyphème, il imagine de l’enivrer et de l’aveugler avec un pieu, puis il fait sortir ses compagnons de la grotte en les cachant sous le ventre des béliers « Mais je me demande comment nous en tirer au mieux, / cherchant quelque moyen, pour mes compagnons et pour moi / d’échapper à la mort. J’ourdissais cent tours et cent ruses, / car notre vie était en jeu, et le désastre proche. / Or voici le projet que mon cœur jugea le plus sage « (IX – 420-424) La prudence et la dissimulation sont deux des traits dominants de son caractère qui accompagnent cet esprit inventif « aux milles tours «, « rusé «, « patient « sont tant de périphrases qui soulignent ces traits. En effet, pour se protéger, il entretient le mystère sur son identité, comme au chant VIII chez les Phéaciens, mais aussi au chant XIII à son retour à Ithaque avec Athéna, où il se fait passer pour un crétois. D’ailleurs Athéna le lui reproche en souriant «Il serait fourbe et astucieux, celui qui te vaincrait/ en quelque ruse que ce soir, fût-il un dieu ! / Ô malin, ô subtil, ô jamais rassasié de ruses, / ne vas-tu pas, même dans ton pays, abandonner / cette passion pour le mensonge et les fourbes discours ? « (VIII- 291-295) De plus, Ulysse est accompagné de la « métis «. Ainsi, quand Calypso lui a fourni les outils nécessaires à la construction d’un bateau, Ulysse se montre un très habile charpentier de marine, V 243-261. Les savoirs manuels et pratiques ne sont pas du tout jugés indignes du héros qu’est Ulysse. L’intelligence s’applique à tous les aspects de la vie.

II- La force La seconde caractéristique de sa personnalité est la bravoure, qui, liée à son endurance (une autre de ses épithètes est « Ulysse l’endurant «) devient de la vaillance. Ces qualités apparaissent en particulier durant les tempêtes qu’il affronte, par exemple au chant V, avant d’arriver chez les Phéaciens « les deux genoux, les fortes mains d’Ulysse / lâchèrent : car la mer avait eu raison de son cœur « (V – 453 454), ou au chant XII avant d’aborder chez Calypso lorsque tout son équipage périt. Ulysse résiste malgré la peur, les souffrances physiques et la violence de l’océan que déchaîne Poséidon. Sa bravoure se manifeste aussi pendant les combats, comme ceux livrés contre les Cicones racontés au chant IX chez les Phéaciens. Il est courageux enfin quand il se rend chez Circé alors que ses compagnons ont été transformés en porcs au chant X, avant qu’Hermès ne lui remette un antidote contre la magie de Circé. Tous ces actes de courages et de bravoures en font de lui un homme vaillant, avec une force exceptionnelle. Mais ces qualités s’accompagnent d’orgueil et d’esprit de vengeance comme le montre le plan qu’il trame avec Athéna à la fin du chant XIII pour massacrer tous les prétendants. Son orgueil apparait aussi au chant VIII quand il vainc les jeunes athlètes Phéaciens dans les jeux, au lancer du disque, parce qu’il a été vexé par Euryale.

III- L’art de la parole Ulysse c’est aussi le héros habile en paroles, qu’il peut rendre persuasives et calculées : il sait faire à Calypso les compliments qui calment sa colère au chant V, pour obtenir son aide dans son départ ; à Nausicaa il parle avec adresse et flatterie pour lui demander un vêtement et le conduire au palais du roi son père au chant VI, en arrivant chez les Phéacien : « Tout compte fait, ce qui lui parut le meilleur / fut de dire à distance des mots doux comme le miel, / craignant de la blesser s’il lui embrassait les genoux. / Sans attendre il lui tint ce doux astucieux discours « (VI 145-148) Au chant VII, arrivé au palais du roi, il implore la reine Arété, il excuse Nausicaa auprès de ses parents, et il échange des compliments avec Alcinoos. Avec le Cyclope au chant IX, il se sauve grâce à son intelligence, il le dupe par son faux nom ; « Personne «, puis il se moque de lui après lui avoir échappé avec ses compagnons.

IV- L’amour de la patrie Mais le trait de caractère le plus émouvant d’Ulysse dans le poème, c’est la nostalgie de sa patrie, Ithaque, exprimée dès le chant V, et répétée comme un leitmotiv tout au long du récit « car il n’est rien pour l’homme de plus doux que sa patrie / ou ses parents, même quand il habite un gras domaine / en la terre étrangère, séparé de ses parents… « (IX, 34-36). En effet Ulysse souffre d’être retenu loin d’Ithaque, à cause de la colère de Poséidon qui ne lui pardonne pas d’avoir aveuglé son fils, le cyclope Polyphème (IX) La souffrance d’Ulysse en fait un héros sensible dans l’Odyssée, différent de l’image du guerrier vaniteux et sûr de lui que donne l’Iliade. Il ressent de l’émotion lorsque l’aède Démodocos chante sa querelle avec Achille devant Troie, puis quand il raconte l’histoire du cheval de bois, durant le festin d’adieu des Phéaciens. Pourtant, il ne reconnaît pas sa patrie à son arrivée, mais est très heureux quand Athéna dissipe la brume qui lui cachait son île, au chant XIII.

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