Pourquoi se cultiver
Publié le 17/01/2011
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Pourquoi se cultiver?
PREMIERE PARTIE : UN MOYEN
La culture est l'ensemble des connaissances acquises par un homme qui lui permettent de développer le goût, le sens critique et le jugement. Un homme cultivé est formé par l'éducation dès sa naissance puis par l'instruction. Dire qu'un homme est instruit signifie qu'il détient des connaissances étendues dénotant une solide éducation, de la même manière nous disons couramment qu'une personne cultivée est une personne qui connaît beaucoup de choses, qui a développé un savoir. Si la culture découle de l'instruction alors le niveau de connaissances intellectuelles dépend du degré de l'instruction qu'il a reçu. Ainsi ce sens courant est chargé d’ethnocentrisme parce qu'il introduit cette idée de hiérarchie entre les individus et même les sociétés de ces individus. La culture est en conséquence variable selon les sociétés, elle correspond à l'ensemble des pratiques et des représentations communes à tous les individus d'un groupe humain, elle est universelle. Etre cultivé permet notamment d'accéder à une insertion professionnelle, c'est ainsi le moyen par lequel un individu s'intègre dans la société. La culture est aussi l'ensemble des œuvres de l'esprit humain, qui constituent la culture générale, et résultent d'un processus de transformation impliquant un degré de développement avancé. Lorsque nous créons ou contemplons des œuvres d'art nous nous éloignons totalement des besoins vitaux et de la nature.
La culture est possible dès lors que l'homme répudiât ses besoins vitaux, elle nous arrache à la nature et nous permet d'accéder à l'humanité. En ce sens George Bataille, par une première affirmation, pose en principe dans un extrait de L'érotisme : "l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie." Ce principe distingue l'animal humain de l'animal. L'animal excepté l'homme est soumis à son instinct, à ce qui donné par la nature. Celui-ci se plie conformément à la nature, il cherche à satisfaire ses besoins de façon immédiate, de ce fait, il accepte le donné naturel. En revanche, l'homme s'éduque, il n'obéit pas à la nature, il peut tant réprimer que différer ses besoins. Grâce à la négation du donné naturel, il est capable de transformer les données naturelles, de prendre des libertés face à elles, par exemple, lorsqu'il transforme un arbre en un meuble. Si la liberté se conquiert en partie par la négation alors le fait de nier des besoins vitaux, participe à la liberté de l'homme. Nous pouvons considérer que la culture est acquise et non innée, celle-ci s'oppose par conséquent à l'idée de nature, L'homme n'agit pas façon instinctive, il possède principalement des comportements acquis, il s'adapte à son environnement en fonction de ses apprentissages : l'homme, par opposition avec l'animal, est l'espèce qui a déclenché le processus culturel. C'est le passage du non être à l'être. La culture permet d'échapper à l'animalité ainsi c'est un moyen d'acquérir la liberté. La culture est alors un processus d'acquisition et de transformation de la nature. Les modalités de ce processus, par lesquelles l'homme effectue une négation du donné naturel sont l'éducation et le travail.
Il y a dans l'animal humain, avant toute éducation des capacités en puissance, un potentiel que nous ne trouvons pas chez les autres animaux. Par nature, l'homme peut passer de la puissance à l'acte. Jean-Jacques Rousseau définit cette aptitude "perfectibilité" dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Selon lui, cette faculté permet à l'homme de développer successivement ses autres facultés. Ainsi cette puissance en alliance avec l'instruction guide l'homme, au fil du temps, vers l'accomplissement intellectuel. L'instruction est principalement délivrée par un enseignement délivrée à l'école, c'est un moyen pour parvenir à l'acquisition du savoir : la culture. L'instruction est donc une progression qui vise à obtenir un travail, à exercer une compétence : le travail pour réussir dans la vie. La réussite professionnelle provoque l'insertion de l'homme au sein d'un groupe social. De ce fait, la culture est un moyen de gagner notre intégration dans la société. De plus, les membres d’un groupe, d’une société ont des manières de penser, des façons de se comporter, des réactions qui présentent des similitudes. Les mœurs de chaque communautés humaines forment un tout singulier, nous n'avons pas les mêmes pratiques en fonction du groupe dans lequel nous nous inscrivons. Si nous voulons nous affirmer en tant qu'individu dans un groupe il est nécessaire d'être conscient des coutumes et par exemple de parler la langue de celui-ci. La culture est alors un moyen de parvenir à ces capacités. Or la fin des activités par lesquelles nous nous cultivons ne se limite pas à l'intégration sociale.
Pourquoi se cultiver?
DEUXIEME PARTIE : UNE FIN EN SOI
Si la culture dépasse l'intégration sociale alors elle n'est plus considérée comme moyen mais comme fin. Une fin, par définition, existe pour elle-même. Alors "se cultiver", comme l'indique la forme pronominale de cette expression, c'est avant tout un rapport à soi : en l'absence d'effort sur soi, il ne peut exister de culture. De ce fait, il réside une différence entre l'instruction que nous recevons de l'enseignement, délivrée par l'école, venant ainsi de l'extérieur et celle qui suppose un choix allié à la volonté de s'arracher des tendances régressives. Cependant, se cultiver ne doit pas être entendu ici comme une contrainte, mais comme un privilège et un enrichissement. En effet, l'homme qui se cultive, par exemple grâce à ses lectures, apprend à penser par lui-même. Alors il s'enrichit d'un travail d'autonomisation, et devient capable de jugement. Cette satisfaction réalise l'épanouissement de l'individu et la croissance de sa confiance en lui. De plus, quand un homme prend conscience que le fait de se cultiver est bénéfique, il est d'autant plus apte à apprécier une œuvre d'art. Si en observant une œuvre artistique un homme éprouve une sensation de bien-être alors nous pouvons considérer qu'il y a un plaisir à se cultiver. La culture est donc une fin en soi dès lors où l'homme prend plaisir à acquérir des connaissances. Dans cette optique de complaisance, lorsqu'un homme s'épanouit en se cultivant, c'est que celui-ci peut avoir l'idée d'atteindre un objectif.
Un homme qui se cultive présente l'envie d'atteindre un but, alors ce but marque l'achèvement d'un rêve ou d'une ambition. L'objectif qui appartient à une personne est nécessairement ancré dans le futur, il ne peut être satisfait de façon immédiate car il relève de l'édification d'un savoir. Ce savoir doit coïncider avec l'objectif : prenons par exemple un étudiant qui choisit la filière littéraire pour accéder à une faculté de droit et par la suite devenir avocat, cet étudiant a donc associé son parcours d'apprentissage par rapport à son objectif. De ce fait, se cultiver, acquérir un savoir est mis au service d'une intention personnelle. Par ailleurs cette démarche peut se révéler très difficile car elle demande un investissement personnel très abondant, il n'est pas toujours aisé pour un individu de parvenir à son objectif. Même si l'envie de cet individu le touche profondément, sa seule volonté n'est pas suffisante pour faire de ses espérances une réalité. Si un homme, fort de connaissances et d'investissement finit par parvenir à son intention alors il réalise l'accomplissement de lui-même. Nous pouvons dès lors volontiers concevoir que la culture est une fin en soi dans la mesure où elle amène à la concrétisation d'un objectif. Un homme se doit d'être cultivé pour être accompli, la culture marque alors la réalisation de soi.
Si nous désirons nous réaliser, concrétiser nos objectifs il faut alors entendre la culture comme devoir. Ainsi, dans la Métaphysique des mœurs, Emmanuel Kant explique que l'homme est un être doué de raison, qui a de la nature des inclinations et des dispositions en vue de l'usage de la raison. C'est pour cela qu'il est de son devoir de développer ses facultés. En prenant comme exemple, que parfois nous préférerions nous adonner aux jeux, aux loisirs, le fait que nous soyons doté de raison et enclins à des facultés, implique le devoir de rester sérieux pour étendre celles-ci. Dès lors, la culture se développe, elle poursuit l'éducation de l'homme et le mène vers l'art, la musique, la philosophie, le savoir scientifique. Ces différents domaines représentent les œuvres de l'esprit or celles-ci sont le couronnement d'un processus : la culture produit l'humanité. Nous pouvons aisément dire que culture et humanité vont de pair, elles sont indissociables. Lorsque la culture se développe, l'homme s'humanise et inversement. La culture constitue incontestablement une fin en soi car c'est un processus qui mène au parachèvement de l'homme.
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