Pourquoi certains pays en développement sont-ils plus attractifs que d'autres pour les entreprises étrangères dans le contexte de mondialisation contemporaine ?
Publié le 05/12/2010
Extrait du document
Introduction
Depuis une vingtaine d’années, la mondialisation s’est traduite par un déploiement des multinationales, un développement des réseaux planétaires, du commerce international, l’explosion du volume des investissements directs étrangers, la montée en puissance des pays asiatiques dans l’économie mondiale et un essor de développement et de croissance de pays d’Amérique Latine.
Au-delà de ces phénomènes, un constat : tous les pays ne sont pas à égalité face à la mondialisation. En effet, certains pays ont profité plus que d’autres des effets de la mondialisation. Il existe une hétérogénéité entre les pays du Sud. Tous les pays en développement n’ont pas évolué de la même manière et au même rythme depuis l’explosion des flux internationaux de capitaux grâce à la déréglementation des IDE (investissements directs étrangers) dans les années 1980 (suppression d’un certain nombre de restriction aux flux entrant d’IDE). On peut constater des différences très marquées entre les pays émergent qui connaissent une croissance rapide, et qui tendent à réduire leurs écarts avec les pays industrialisés ; les pays à développement plus lents qui sont principalement les pays d’Amérique Latine ; et les pays les moins avancés avec un blocage de développement, et l’écart avec le reste du monde qui s’accroît. On en vient naturellement à s’interroger : pourquoi certains pays en développement sont-ils plus attractifs que d’autres pour les entreprises étrangères dans le contexte de mondialisation contemporaine ? Nous tenterons de répondre à cette problématique en étudiant les PED (pays en développement) et leur place dans la mondialisation, les variables historiques et culturelles qui influencent les IDE dans les PED et enfin les différents profils des IDE dans les pays en développement.
Les PED et leur place dans la mondialisation
Le fait est que la mondialisation, d’un côté, a permis l’insertion accrue de certains pays du Sud sur le marché mondial (mais dans le même temps a augmenté la marginalisation de certains pays comme les pays africains) et le développement d’une concurrence des pays à bas salaires. D’un autre côté, même si les échanges entre le Nord et le Sud sont une des causes de l’accroissement des inégalités de revenus entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés dans les pays développés, les facteurs internes aux pays ont aussi une part de responsabilité.
La libéralisation des échanges a avantagé ceux qui ont su se doter de structures performantes et souples et a en revanche pénalisé les pays ayant des structures de productivité rigides qui ne pouvaient accompagner le renouvellement de la demande mondiale.
L’effet des IDE sur la croissance et le développement économique est connu des pays en développement qui cherchent à attirer chez eux des entreprises étrangères, et qui pour cela tentent d’améliorer les principaux aspects qui influencent les choix d’implantation des entreprises étrangères.
1 Flux IDE et pays d’origine IDE
Les IDE sont le fait de multinationales ou de services originaires de pays industrialisés. Les flux les plus importants sont ceux circulants entre les pays industrialisés : l’Union Européenne, le Japon et les Etats-Unis.
L’effet des IDE sur la croissance et le développement économique est connu des pays en développement qui cherchent à attirer chez eux des entreprises étrangères, et qui pour cela tentent d’améliorer les principaux aspects qui influencent les choix d’implantation des entreprises étrangères. Aujourd’hui, près de 60% des IDE entrants se concentrent en Europe, au Japon et en Amérique du Nord ; les 40% restants sont à destination des PED en Amérique Latine, Asie (du Sud Est) et Afrique (données OCDE).
Structure des IDE dans le monde par zone d'origine et zone de destination (en %) (Source : FMI)
en% Flux entrants Flux sortants
1990 1992 1994 1998 1990 1992 1994 1998
OCDE 84.3 70.0 58.3 58.6 96.4 93.5 93.0 92.5
Afrique et Moyen-Orient 2.1 2.8 3.0 2.1 0.2 1.6 0.9 0.6
Asie (sauf Japon) 9.2 15.3 23.8 22.3 0.4 4.5 4.8 5.4
Europe de l'Est 0.2 3.3 3.3 4.9 0.0 0.1 0.1 0.2
Amérique latine 4.2 8.5 11.6 12.1 0.4 0.4 1.2 1.2
Les flux vers l’Asie du Sud-Est sont en constante augmentation, notamment depuis l’émergence de la Chine. L’Amérique connait un fort afflux d’IDE depuis l’apparition de modèles tels que les maquilladoras au Mexique, entre autres.
En Afrique, les IDE sont moins importants et se concentrent sur quelques pays. Les pays jugés plus stables comme le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud, l’île Maurice accueillent des IDE productifs qui servent directement à l’acquisition ou à la création d’entreprises, ou à des prises de participation dans des entreprises car les investisseurs y voient a terme des perspectives. Les pays jugés moins stables, mais qui possèdent des ressources naturelles exploitables et à haute valeur ajoutées attirent les IDE qui sont consacrés à l’exploitation de ces ressources.
2 Facteurs d’attractivité IDE
Considérés comme d’importants facteurs de croissance et de développement, les IDE sont très convoités par les PVD car ils mettent les capitaux à disposition de l’économie et facilitent l’accès à de nouvelles technologies. Dans cette optique, les PVD vont faire des politiques d’attractivité le principal sujet des politiques économiques.
Pour les pays en développement, les premières conditions d’ordre général qu’il est préférable de remplir pour être éligibles aux IDE sont (source CNUCED 1998):
– Une stabilité économique, institutionnelle, politique et sociale ;
– Des règles concernant l’entrée et l’activité ;
– Des normes applicables au traitement des filiales étrangères ;
– Des régimes de fonctionnement et des structures de marché ;
– Des accords internationaux sur les IDE ;
– Des politiques de privatisation ;
– Un régime de commerce avec des barrières tarifaires et non tarifaires et une cohérence des régimes de l’IDE et du commerce ;
– Un régime fiscal.
Le cadre général, bien qu’il soit fondamental dans l’attractivité à l’IDE, n’est qu’un des déterminant de l’implantation des entreprises étrangères dans le pays hôte. D’autres conditions d’ordre économique sont susceptibles d’influer les investisseurs étrangers dans l’implantation de leurs entreprises dans le pays hôte (source CNUCED 1998):
– Les incitations à l’investissement (exemple : services facilitant l’investissement)
– Les aides à l’investissement et les services après investissement ;
– Les infrastructures physiques et les équipements collectifs ;
– Les matières premières,
– une main d’œuvre qualifiée et/ou une main d’œuvre non qualifiée à bon marché et productive ;
– Des actifs technologiques innovants représentés par des firmes, ou agglomérations
– Des coûts liés à l’activité de l’entreprise incitatifs (coûts de transports, de communication, etc.)
– Participation des pays à un accord d’intégration régional propice à l’établissement de réseaux régionaux d’activité……
Les PED: les variables historiques et culturelles influencent les IDE.
1 Facteurs historiques
Les différences de cultures et d’histoires expliquent en grande partie pourquoi certains pays attirent plus les IDE que d’autres, ou plutôt que certains pays attirent moins les IDE que d’autres.
Dans les anciennes colonies européennes et selon le régime en place au temps des colonisations les pays ont pris des habitudes différentes et ont eu plus ou moins des prédispositions à une mauvaise insertion dans l’économie de marché mondiale.
Dans le cas de l’Afrique, les colonies n’avaient pas vocation à apporter directement l’argent à leurs métropoles, qui étaient principalement des réservoirs de matière première pour les industries métropolitaines et des débouchés pour les bien et services fabriqués en métropole. Après la période coloniale, la situation n’a pas changé dans le fond car l’Afrique reste l’une des principales sources d’approvisionnement en matière premières, grâce aux accords économiques, monétaires et financiers conclus avec les pays colonisateurs européen (en matière de café, cacao, pétrole, arachide, coton, etc.). De plus, concernant les investissements financiers effectués par les métropoles dans les colonies, les principaux destinataires et bénéficiaires de ces transferts financiers étaient les compagnies métropolitaines spécialisées dans l'exploitation économique des colonies. Donc ces infrastructures ne répondaient pas aux besoins des locaux, et ne servaient pas au développement des infrastructures des pays colonisés que les métropoles ont administré en fonction de leurs propres intérêts stratégiques et économiques.
Le type de gestion décentralisée des métropoles, régionales et ethniques ont eu pour effet de léguer des pays fragmentés, avec de multiples régions limitrophes inégalement développées et des populations multiethniques et politiquement et économiquement divisées, favorisant l’accroissement des inégalités et le maintient durable de régimes autoritaires dans ces jeunes nations indépendantes qui n’arrivent pas à se débarrasser des héritages pesants de la colonisation (c’est le cas notamment des colonies françaises).
En Asie, un facteur historique et géopolitique a joué en faveur du développement des pays d’Asie de l’est. En effet, l'aide extérieure, en particulier américaine, a, pour des raisons géostratégiques, mis en place toutes les infrastructures dans ces pays, ce qui a permis d’accélérer le processus de modernisation de ces pays et a facilité la prise de décision de politiques stratégiques de développement local et d’attractivité des IDE. Ensuite une situation de départ peu inégalitaire et une organisation sociale qui a permis une meilleure adaptation à l’ouverture aux marchés extérieurs. Enfin, un Etat fort qui a empêché la hausse des salaires, qui a encadré l'industrialisation et a contrôlé les multinationales. Les salaires ont connu par la suite une nette augmentation dans ces pays.
2 Facteurs culturels
Au delà de la question coloniale, les facteurs culturels jouent un rôle important dans la détermination des comportements économiques de certaines populations (à titres individuels ou collectifs). Certaines cultures seraient plus à même que d’autres à s’adapter aux exigences et aux contraintes du développement économique. Une culture qui encourage le travail, l’éducation, le sens de l’épargne aura un avantage certain du point de vue économique sur une culture qui négligerait la formation des hommes et favoriserait l’oisiveté et les relations parentales tribales et ethniques trop excessives qui encouragent les inégalités.
Les PED qui ont su se démarquer économiquement (entre autres) sont principalement les pays asiatiques. L’avantage qu’ils possèdent par rapport aux autres pays, PMA par exemple, se justifie par des facteurs multiples et variés. Les facteurs déterminants tiennent le plus souvent aux sens de l’épargne et de l’innovation de leurs populations, l’importance des investissements locaux, à la planification familiale et par dessus tout à l’aptitude de produire à des prix bas et concurrentiels, notamment grâce à une main d’œuvre très peu chère et à qualité et productivité croissante. Or ces différents atouts sont essentiellement dépendants des orientations culturelles plus modernes de ces pays, qui ne rejettent pas pour autant leurs traditions et conservent des identités culturelles fortes (Malaisie, Singapour, etc.), qui cohabitent avec des institutions politiques stables et fonctionnelles, et un service public efficient, et ce indépendamment de la nature démocratique ou autoritaire de leurs régimes respectifs.
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Culturellement, les asiatiques voient dans le développement économique, l’intégration dans le commerce international et l’attractivité des IDE un moyen de servir leur pays et la collectivité nationale. Par comparaison, durant les années 1970 à 1990 (et pour certains encore aujourd’hui), dans un grand nombre de PMA d’Afrique, 1’Etat, lorsqu’il existe, est souvent décadent, défaillant ou carrément absent, et le gouvernement n’est que rarement l’instrument d’une politique au service de la collectivité nationale car ses population se réclamant individuellement en priorité d’une certaine filiation ethnique ou tribale davantage qu’ils n’affirment leur appartenance à la nation. De plus, les Etats ont tenté d’amorcer un certain développement, mais d'une façon très inefficace en s'appuyant essentiellement sur l'aide internationale et l'endettement.
Mais au cours de la dernière décennie, les efforts dans les réformes se sont intensifiés dans certains PED les moins avancés en Afrique, dans un désir de s’affranchir des handicaps économiques politiques et sociaux qui prévalent depuis longtemps dans ces pays. Beaucoup de pays africains ont, par exemple, profondément modifié leur législations relatives aux IDE, en augmentant le nombre de secteurs ouverts aux étrangers, en assouplissant les conditions d'accès, en simplifiant les procédures ou encore en supprimant les restrictions sur le rapatriement des profits (source FMI 1999). Suite à la mise en place de vastes programmes d'ajustement, une légère amélioration des performances macroéconomiques des économies les moins avancées a été enregistrée depuis la fin des années 1990 (Maroc, Tunisie, Ghana).
Mais le facteur culturel n’explique pas à lui seul les différences d’intégration des pays à l’économie mondiale et les différences d’attractivités des IDE, car les cultures ne restent pas immuables et figées, mais sont dynamiques et sujettes à des changements, fonctionnels et structurels, qui sont le plus souvent le reflet d’une adaptation à l’évolution sociale et économique des populations de ces pays.
Les IDE dans les pays en développement :
Les différences entre les PED en matière d’IDE se reflètent non seulement par le type d’IDE reçus par les pays mais aussi par les inégalités de répartition des IDE en nombre dans les PED. Les PED qui sont aujourd’hui dits émergents comme ceux de l’Asie du Sud Est et d’Amérique Latine ont su tirer profit de la mondialisation en adoptant des stratégies de développement fondées sur l’ouverture économique et les exportations, tandis que les autres PED surtout en Afrique, ont connu une participation au mouvement d’expansion des IDE qui est particulièrement limitée : de 11% d’IDE au milieu des années 1980 ils sont passé à 4% à partir du milieux des années 1990 (source CNUCED).
Pour les PED, les principaux destinataires des IDE (à la fin des années 1990) se trouvent en Asie et en Amérique Latine (Chine, Singapour, Indonésie, Malaisie, Brésil, Mexique, etc.), ils attirent des IDE de type fusion-acquisition et ces PED concentrent plus de la moitié des exportations des PED. D’autres PED, situés en Afrique subsaharienne notamment, peinent à attirer des IDE importants qui ne sont pas des IDE d’industries extractives (de ressources naturelles) ayant clairement peu d’effets sur le développement.
1 Contribution des IDE au développement
Les IDE sont cruciaux pour les PED par leurs investissements dans les installations de production car ils augmentent la disponibilité en capitaux de ces pays mais permettent surtout des transferts de technologies, de capacités d’innovation, de pratiques organisationnelles et de gestion qui permettent aux PED d’intégrer plus facilement les échanges commerciaux mondiaux en assimilant et calquant les modèles des pays plus avancés.
2 Stratégies développement local des pays
D’autres PED ont adopté des stratégies différentes par le passé - avec pour ambition un développement local- qui leur ont valu de devenir des pays émergents aujourd’hui. C’est notamment le cas des pays de l’Amérique Latine qui ont choisi d’appliquer une stratégie de substitution des importations, et satisfaire les marchés nationaux. En effet, ils ont commencé à produire les produits qu’ils importaient, puis ont choisi une voie protectionniste, dans un premiers temps, en élevant les droits de douanes pour protéger la production nationale des produits concurrents étrangers. Ils ont ensuite commencé à extraire leurs propres matières premières et fabriquer leurs propres outils et machines. Puis ils ont innové en fonction des besoins nationaux. Cette stratégie a attiré davantage de multinationales et a permis aux pays au final d’orienter leurs stratégies vers une politique d’exportation favorisée par demande internationale grandissante dans le contexte de mondialisation.
Le développement local relève du principe que le développement du territoire ne se décrète pas de l’extérieur. Ce type de développement peut être possible et durable s’il est porté par les acteurs politiques de ce territoire, ainsi que par la population, qui sont capables de se projeter dans l’avenir en s’impliquant véritablement dans leur développement.
Différentes stratégies existent et dépendent des profils des pays potentiellement hôtes:
– Recours à des stratégies protectionnistes qui rendent les exportations difficiles et donc obligent les entreprises à directement investir dans les pays de façon massive et vendre leurs production sur place. Les entreprises visent donc à s’adapter aux besoins locaux et agissent comme des entreprises locales, sont plus autonomes vis à vis des maisons mères, et contribuent au développement local.
– Viser les entreprises qui délocalisent, remplir les conditions les plus favorables pour les accueillir (zones franches, etc.), bénéficier du transfert de technologie et l’adapter aux besoins locaux par des entreprises locales, évoluer et exporter à son tour.
3 Des disparités importantes
Les écarts d’attractivité des IDE des PED ont des fondements institutionnels et économiques, mais aussi sur les dotations en ressources des pays, qui ont influé sur les choix des pays à orienter leurs stratégies de politiques d’intégration au marché mondial.
Beaucoup de PED ayant des ressources naturelles abondantes et des matières premières à forte valeur ajoutées sont les cibles d’IDE de type extractif (d’exploitation) qui peuvent investir des capitaux chers (des machines, etc.) mais ne contribuent pas véritablement au développement local car elles ne créent pas significativement des emplois pour les populations locales comme nous l’avons vu précédemment. De plus ces investissements s’installent sur le long terme car ce sont des investissements lourds, et supposent que les pays hôtes - pour peu qu’ils n’aient pas un avantage en négociation, ou des gouvernements faibles ou instables - s’engagent sur des périodes longues, acceptent des termes de négociations souvent défavorables aux populations et à l’économie locales.
Les IDE sont crucuaux pour les L
5 Stratégies insertion pays à l’éco mondiale
1 Commerce mondial et spécialisation
Spécialisation dans les ressources naturelles :
Selon que le pays se spécialise dans les produits primaires dont il est doté ou dans le pétrole, les situations sont différentes et les types d’IDE sont différents.
Dans le cas des pays exportant des produits primaires, les effets positifs de la mondialisation sont très limités. Le profil de ces pays est, comme décrit plus haut, marqué de profonds dualismes, et la spécialisation de ces pays ne crée pas d’effets d’entrainement car toutes les consommations intermédiaires en particulier les engrais et autres produits chimiques, ainsi que les machines proviennent des pays industrialisés, les profits sont placés dans les pays industrialisés et les productions sont destinées aux pays industrialisés.
Dans le cas des pays pétroliers, le pétrole a permis un afflux très important de devises et ils se sont rapidement développés et industrialisés dans les années 70 avec mise en place d'un Etat providence. Cependant, dans de nombreux pays, en particulier des pays du Golfe les investissements ont eu lieu dans des secteurs très peu rentables, les importations de produits de luxe sont importantes et le taux de change s'est apprécié ce qui a eu pour conséquence une baisse de la rentabilité des industries en concurrence sur les marchés mondiaux. Seules les industries protégées (en particulier construction, tertiaires) et le pétrole ont profité de la rente. Ces pays sont donc peu attractifs pour les IDE et ceci nuit à leur développement.
Spécialisation dans l'exportation de produits manufacturés.
Les pays qui se sont spécialisés dans l’exportation de produits manufacturés ont cherché à valoriser leur main d’œuvre à bas salaire (c’est le cas notamment en Asie de l’Est). Ils se sont basés sur leur main d’œuvre abondante pour se spécialiser dans le bas de l’échelle de la production qui est l’assemblage. Ils se sont ensuite peu à peu améliorés et ont remonté la chaine de production jusqu'à faire de l'industrie lourde (constructions, etc.). Enfin certaines industries technologiques sont maintenant la spécialité de certains de ces pays (Taïwan) qui ont une main d'œuvre relativement qualifiée, et de la même façon cette spécialité a été acquise en remontant les filières.
Dans peu de cas l'initiative privée a été à la source du développement par la spécialisation dans l'exportation de produits manufacturés. On peut citer l’île Maurice qui a réussi à passer de l'exportation de produits agricoles (sucre de canne), à une industrie légère, en particulier le textile.
Industries lourdes ou substitutions aux importations : résultats mitigés en Amérique latine.
Les industries lourdes nécessitent des capitaux importants, des biens d’équipement et des techniques de production ainsi qu’une main-d’œuvre hautement qualifiée, qu’il n’est pas toujours possible de trouver sur place. Elles augmentent donc la dépendance
vis-à-vis de l’extérieur (financière, technologique et humaine) sans forcément créer des emplois.
La substitution aux importations permet de remonter les filières de production en développant des activités à qui la production initiale fournit des débouchés, soit d’écouler la production sur les marchés internationaux, avec l’aide de l’Etat. Mais le protectionnisme instauré par l’Etat favorise le développement d’une industrie rentière, non compétitive, prélevant un surplus sur les revenus agricoles, ce qui freine à la fois la modernisation du secteur primaire et le développement des autres activités de biens de consommation.
La baisse de la part de certains PED dans les échanges mondiaux et les IDE ne reflète pas forcément une marginalisation systématique de ces pays, mais principalement que certains des autres PED ont davantage bénéficié de la mondialisation et des IDE.
Cependant, au cours des dix dernières années, certains PED les moins avancés ont intensifié leurs efforts en matière de réformes, ils ont par exemple effectué de grandes modification dans les législations relatives aux IDE, en augmentant le nombre de secteurs ouverts aux étrangers, en assouplissant les conditions d’accès, en simplifiant les procédures ou encore en supprimant les restrictions sur le rapatriement des profits des entreprises (source FMI 1999).
Les stratégies des PED sont de prime abord déterminées par leurs dotations factorielles. Un pays avec d’abondantes ressources naturelles voudra en extraire le profit maximum. Un pays qui n’est pas doté de ressources naturelles abondantes, peut miser sur sa main d’œuvre si celle-ci est à bon marché et productive et avec le temps offrir des services d’une main d’œuvre qualifié si le pays réussit son intégration au commerce mondial et se développe.
Les IDE dans ces deux cas sont différents par leurs modes d’implantation, leurs profils et leurs contributions au développement local.
Les PED d’Afrique Subsaharienne ont une approche héritée des multinationalisations des années 1950 et travaillent/produisent dans l’optique de satisfaire un marché de consommation (locale). Les pays importent beaucoup de produits finis et de biens (d’équipement) et des produits de consommation courante et exportent des matières premières essentiellement. Les produits importés par ces PMA sont pour beaucoup des produits que ces pays pourraient produire (des produits alimentaires, etc.).
Si aujourd’hui il est évident que l’exportation (de préférence de produits finis, fabriqués localement) est la meilleure stratégie sur laquelle fonder son développement économique lorsqu’on est un PED, cela l’était beaucoup moins dans la première moitié du 20ème siècle. Les PED/PMA étaient pour la plupart colonisés pour leurs dotations en matières premières, et il était donc rationnel pour ces pays d’adopter des stratégies fondées sur l’extraction massive en vue de l’exportation de matières premières. Stratégie qui est très peu productrice d’emploi et donc ne suffit pas à absorber l’augmentation très importante de population active due aux boom démographiques que ces pays ont connu suite à la baisse de mortalité (infantiles) dont ces pays ont bénéficié avec la mondialisation.( De plus, une des principales raisons du désordre économique de l’Afrique est l’explosion démographique générée par l’arrivée brutale de la médecine occidentale : alors que le phénomène de transition démographique s’est effectué de manière douce dans les pays occidentaux, l’Afrique a connu une chute brutale de la mortalité infantile.)
2 L’importance de l’implantation géographique des pays, la favorisation de réseaux sous régionaux et le rôle des institutions internationales.
Les firmes multinationales se dirigent de plus en plus vers les pays en voie de développement et les déterminants principaux de l’implantation à l’étranger jouent en la faveur de l’attractivité des firmes multinationales.
Dans cet esprit il est intéressant de considérer, du coté africain, un pays comme la Tunisie qui a un marché local en forte croissance mais qui est relativement limité et qui bénéficie d’un accès préférentiel aux marchés de l’UE (accord libre échange 1995). La Tunisie est classée comme un territoire à fort potentiel d’IDE alors même que sa performance en la matière reste faible (CNUCED 2006). Ce sont les firmes des pays ayant une taille de marché relativement importante et les plus proches géographiquement qui investissent essentiellement en Tunisie dans le secteur industriel. Elles sont d’abord attirées par les avantages liés à la disponibilité du facteur travail. On peut en déduire que de ce point de vue les accords de libre échange signés avec l’UE contribuent à rendre attractive la Tunisie auprès des entreprises étrangères, principalement européennes.
Il s’avère donc que la taille du marché d’où sont originaires les IDE, les différences en termes de PIB et de revenu par tête, la proximité géographique de la Tunisie et la disponibilité du facteur travail, le nombre d’entreprises (locales et étrangères) déjà présentes, sont les facteurs les plus significatifs de l’attractivité des IDE. Il s’agit d’un résultat conforme à la théorie traditionnelle de l’implantation des entreprises multinationales basées sur la différence entre les pays investisseurs et les pays d’accueil.
Les stratégies nationales d’attractivité des IDE doivent améliorer la capacité de gestion des risques de la mondialisation, notamment en s’en remettant à d’éventuelles réglementations internationales censées réduire l’instabilité du système financier international.
Un des problèmes liés à l’incapacité de beaucoup de PED à attirer les IDE nécessaires à leur développement dépend avant tout des politiques internes qui devraient être soutenues par la coopération économique internationale. Nous avons vu que le libre-échange, notamment, a joué un rôle positif pour les pays qui ont appliqué des stratégies de développement efficaces. Nous avons aussi vu qu’une des conditions d’attractivité des IDE est l’existence de politiques internes qui soient stimulées par un renforcement de la concurrence sur les marchés nationaux, par l’ouverture de nouvelles possibilités d’accès aux marchés étrangers pour les exportations des pays en développement et par l’augmentation des ressources financières disponibles.
C’est dans cette optique que, si les pays en développement doivent s’appuyer sur leurs efforts propres pour pouvoir réagir efficacement aux défis de la mondialisation et attirer leurs parts d’IDE, cela ne signifie pas pour autant qu’aucun rôle ne doit être réservé aux institutions internationales. En effet, l’ouverture de ces pays aux marchés internationaux nécessite une institutionnalisation, c’est à dire l’adhésion des PED à des règles globales ou régionales, qui permettent d’éviter les dérapages et les excès du type de ceux qui ont conduit aux récentes crises financières des économies émergentes. Ces adhésions permettent de donner une crédibilité nouvelle aux PED et améliorer leur profil d’attractivité des IDE, tout en augmentant l’autonomie des PED en matière de formulation de leurs politiques économiques, dans un contexte où les bénéfices de la mondialisation sont assez inégalitaires et asymétriques. Différents types d’institutions régissent les échanges internationaux : les organisations commerciales internationales (OMC, GATT, etc.), les accords d’intégration régionale (ALENA, MERCOSUR, etc.) et les accords bilatéraux sur l’investissement.
Exemple des réseaux régionaux en Asie :
Dès le début des années 60, en Asie du Sud Est se sont développés certains accords régionaux, qui fonctionnent plus ou moins bien (ASEAN, APEC, EAS). Les pays asiatiques (du sud est) ont compris la nécessité de travailler en communauté.
Par le passé, il y avait des « régionalisations ouvertes « mais les pays se sont orientés vers des accords et ont fait des « régionalisations frontalières d’intégration « car il était important pour ces pays d’avoir une communauté économique dans la région de l’Asie du Sud Est à fort dynamisme économique. Ils ont crée plusieurs foyers d’expérience transfrontalières (Singapour-Malaisie-Indonésie, Japon-Corée du Sud- Chine) induisant ainsi un nouveau mode d’intégration régionale qui attire les IDE mais surtout les IDE des secteurs de technologie de pointe.
Des conditions nécessaires pour attirer les IDE dans ces zones transfrontalières étaient une libéralisation économique, de bonnes infrastructures et une main d’œuvre abondante, dynamique, à bas salaires. Les conséquences de cette de coopération pour le développement en Asie de l’Est et du Sud-Est ont été l’amélioration des infrastructures des moyens de communication et de la technologie de l’information et de la communication pour attirer les investissements des secteurs industriels internationaux dans les technologies de pointes et l’établissement dans ces pays asiatiques des systèmes de production intégré des firmes internationales en provenance de l’étranger, et une progression du commerce intra-asiatique.
Ainsi, ce sont les vagues de technologie qui ont permis aux pays asiatiques de se développer rapidement dans les années 1990, avec un jeu de concurrence, de coopérations régionales économiques et financières et de développement technologique.
Flux intrarégionaux et interrégionaux dans les PED, hors centres financiers offshore, moyenne 2002-2004 (en millions de dollars) (source CNUCED, WIR 2006).
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Conclusion
Depuis l’essor des flux d’IDE dans le monde depuis les années 1980, et malgré des progrès significatifs pour certains PED, de nombreux pays continuent d’être marqués par d’importantes insuffisances en matière de gouvernance économique, ce qui explique en grande partie les différences d’attractivité des IDE entre les PED. Dans ces pays, des faiblesses persistantes concernant l’Etat de droit et la qualité des réglementations économiques entraînent de très hauts niveaux de corruption, ce qui accroît d’autant les risques et les coûts de l’activité économique. La complexité et la lourdeur des lois et réglementations concernant les douanes, la fiscalité, le droit du travail et les marchés de biens n’encouragent pas le développement d’un secteur formel, ce qui limite le potentiel de croissance des entreprises. Le mélange d’institutions faibles, de mauvaise gouvernance et un facteur désincitatif pour l’implantation des IDE dans ces pays. D’autres facteurs liés aux profils historiques et culturels peuvent aussi influencer l’implantation des IDE dans ces pays.
Attirer les IDE est devenu un enjeu crucial pour les PED car il permet l’intégration des économies dans la mondialisation (en participant à la construction des avantages comparatifs des pays), est un vecteur de transfert de technologie, et est en général une source de création d’emploi dans les pays receveurs.
On a vu précédemment que l’attractivité des IDE est une entreprise complexe car l’investisseur étranger peut être influencé par un ensemble de facteurs. Cependant, étant donnés les conditions que les pays (PED) doivent remplir pour attirer les IDE, on peut s’interroger si ce sont les IDE qui apportent/favorisent le développement et la croissance ou si ce serait plutôt l’inverse ou les deux en même temps. En effet, les pays hôtes doivent avoir atteint une certaine convergence institutionnelle et organisationnelle avec les économies plus avancées (les économies de marché) pour pouvoir intégrer ces IDE. La croissance et le développement seraient donc parmi les facteurs d’attractivité de ces IDE.
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