Port-Louis
Extrait du document
«
Dès lors, l'insoutenable niveau atteint par les déficits publics à la fin des années 80 a confirmé le besoin
d'un assainissement budgétaire par les différents gouvernements de l'OCDE.
Ce nouveau consensus qui
se développe s'appuie, avant tout, sur des bases théoriques.
En effet, les années 80 voient le triomphe
des thèses monétaristes et de la nouvelle école classique.
Tout d'abord, la critique des déficits publics
s'appuie sur la thèse de " l'effet d'éviction " de M.
Friedman.
Selon lui, l'Etat a recours à l'emprunt pour
financer son
déficit, ce faisant il entraîne une hausse des taux d'intérêts qui décourage l'investissement privé.
Ainsi,
l'effet d'éviction explique qu l'investissement public se fait au détriment de l'investissement privé ce qui
résulte en un effet néfaste sur la croissance.
Par ailleurs, la NEC conclue également aux effets pervers et
indésirables des déficits publics.
Ainsi, selon le " théorème de l'équivalence " de Ricardo, repris par
Barro, les agents, aux vues d'un déficit public accrue, auront tendance à épargner plus et à consommer
moins, en prévision d'une hausse future des impôts.
Donc, en raison d'anticipations rationnelles et d'une
solidarité intergénérationnelle, les relances conjoncturelles par le déficit budgétaire sont vouées à l'échec.
Bien que les hypothèses de ces théories soient discutables et leurs résultats non prouvés empiriquement,
elles n'en serviront pas moins de support au nouveau mouvement de réduction des déficits.
Les différents
gouvernements s'engagent d'autant plus dans cette voie que les exemples de l'Irlande et du Danemark
sont la preuve que la réduction des déficits peut aller de pair avec une croissance soutenue.
Cependant, la réduction des déficits publics ne résulte pas que d'un libre choix ; celle-ci est également
largement imposée par l'environnement extérieur de ces pays.
En effet, les années 80 ont vu la
transformation du système financier international : celui-ci s'est totalement libéralisé, décloisonné,
désintermédiarisé.
Dès lors, il s'agit bien d'un contexte radicalement différent de celui qui prévalait jusqu'alors.
Désormais, le
poids des marchés est presque sans égal, et les gouvernements ne peuvent s'affranchir de cette nouvelle
contrainte.
Les marchés n'hésitant pas à sanctionner les Etats ayant de forts déficits, en retirant leurs
capitaux ou en exigeant des primes de risque élevées, les pays n'eurent pas d'autres choix que de se
soumettre.
La réduction des déficits publics apparaît alors une condition nécessaire à l'attrait des capitaux
et à la baisse des taux d'intérêts.
Autre contrainte extérieure : l'entrée dans l'UEM.
En effet, les Etats
européens afin de satisfaire aux critères de convergence qui le limitent.
En outre, en raison du pacte de
stabilité signé en 96, ces Etats devront maintenir leur déficit public réduit, et donc abandonner tout
éventuel recours à une politique budgétaire trop expansionniste.
La légitimité de l'assainissement
budgétaire paraît donc définitivement acquise.
II)
Mais, si la réduction des déficits publics est quasi-unanimement réclamée, c'est en raison des effets
positifs qu'on en attend à moyen terme.
La réalisation des bénéfices escomptés dépendra ; malgré tout,
des moyens employés.
La réduction des déficits publics n'est pas que nécessaire pour satisfaire à des exigences internes et
externes.
Elle est aussi désirable aux vues des effets à moyen terme que les Etats attendent d'elle.
Ainsi,
l'assainissement
budgétaire est comme un préalable au retour de la croissance : seule la réduction des dépenses
publiques peut nous aider à retrouver une croissance saine.
Pour les économistes qui partagent cet avis,
cela permettra une baisse des taux d'intérêts nécessaires à la reprise de l'investissement.
L'effet
d'éviction sera annulé et la croissance et l'emploi seront à terme, favorisés.
De même, dans une
perspective néoricardienne, une réduction des déficits publics, si elle est crédible, favorisera la
consommation des ménages qui réduiront leur épargne.
Un autre effet crucial est attendu à moyen terme.
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