Ponge, Francis - littérature française. 1 PRÉSENTATION Ponge, Francis (1899-1988), écrivain français, qui s'est appliqué tout au long de son oeuvre à sans cesse réinventer la manière de percevoir le langage et par là-même les choses que celui-ci désigne. 2 UNE JEUNESSE PAISIBLE ET BRILLANTE Né à Monptellier, Francis Ponge connaît une enfance privilégiée. Il suit ses études au Lycée Malherbe de Caen où la famille s'est installée en 1909 et découvre le Littré qui devient pour lui un véritable ouvrage de référence pour sa propre recherche sémantique et poétique. Il obtient la meilleure note de l'académie au bac en philosophie. Il entre ensuite en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris, puis poursuit ses études de droit et de philosophie à la Sorbonne. Il publie son premier sonnet sous le pseudonyme de Nogères. Il est mobilisé dès 1918, puis démobilisé en 1919. 3 VERS LE « SILENCE « Francis Ponge échoue à la licence de philosophie et à l'École normale supérieure car il reste muet lors des examens oraux. Il s'engage au Parti socialiste et commence à écrire, publie quelques textes dans des revues, mais il se tient à l'écart du monde littéraire et mène une vie de bohème entre Paris et Caen. Il publie dans la revue le Mouton blanc, Esquisse d'une parabole en 1922 et Fragments métatechniques en 1923. La même année, la N.R.F. publie ses Trois Satires et il fait alors la connaissance de Jean Paulhan avec lequel il poursuit une longue correspondance ; Jean Paulhan, enthousiasmé, déclare alors « J'aimerais écrire ce que vous écrivez, voilà « . La mort de son père en 1923 lui inspire la Famille du Sage. Francis Ponge connaît alors une période très difficile. 4 « UNE PAROLE EST NÉE DANS LE MONDE MUET « En 1926, il publie Douze Petits Écrits, dédiés à Jean Paulhan, et rédige le Galet, avec lequel s'amorce la démarche descriptive du Parti pris des choses. Le philosophe français Bernard Groethuysen atteste alors qu'« une parole est née dans le monde muet «. Il écrit ses premiers « proêmes « (prose-poèmes). À partir de 1928, Francis Ponge se rapproche du mouvement surréaliste et en signe, en 1929, le second manifeste, le Surréalisme au service de la révolution. En 1931, il entre aux Messageries Hachette et doit dès lors se discipliner pour se consacrer chaque soir à l'écriture. Il y fait la connaissance de Jean Tardieu. Il épouse cette même année Odette Chabanel. 5 L'HOMME D'ENGAGEMENT En 1936, Francis Ponge participe activement aux mouvements de grèves chez Hachette ; il devient responsable syndical à la CGT et adhère au Parti communiste. Il est licencié de son emploi en 1937. Les textes qu'il rédige alors, jugés trop politiques, sont refusés par la N.R.F. En 1939, il est mobilisé, puis démobilisé quelques mois plus tard. Il entre dans la Résistance, cache les responsables du Front national (mouvement de résistance du Parti communiste), puis devient agent de liaison en zone sud. 6 LA PAROLE DES « OBJEUX « La publication, en 1942, du Parti pris des choses le révèle comme un écrivain de grand talent. Ce recueil pose les principaux éléments de son projet poétique et le place en marge de toute autre création littéraire. Francis Ponge « prend le parti des choses « et cherche ainsi à leur donner par les mots la possibilité d'une expression, d'une existence. Il réhabilite des objets du quotidien comme « le Savon « ou « la Cruche «. Le poème devient alors un « objeu « : savante et complexe combinaison d'étymologie et de ponctuation, de jeux de sonorités et de mots, qui tout en épousant la plus proche et la plus concrète réalité de l'objet, lui ouvre un univers inconnu et imaginaire, immense et jamais immuable. 7 LE TEMPS DES RENCONTRES De retour à Paris après la libération, Francis Ponge, grâce à Louis Aragon, dirige les pages littéraires de la revue Action du Parti communiste. Il fréquente de nombreux peintres (Pablo Picasso, Jean Dubuffet, etc.). Jean-Paul Sartre s'intéresse à son travail et publie une étude de son oeuvre, l'Homme et les Choses (1944). En 1947, il quitte le Parti communiste. En 1949 paraissent Proèmes et le Peintre à l'étude. Il publie en 1952 la Rage de l'expression où il présente ses brouillons et expose ainsi une réflexion sur son propre travail de création. À partir de 1952, il devient professeur à l'Alliance française (jusqu'en 1964). Il y rencontre Philippe Sollers et devient en quelque sorte le père spirituel de la revue Tel Quel (il publie, en 1960, la Figue dans le numéro 1). En 1963 paraît l'étude de Philippe Sollers sur Francis Ponge chez Seghers, qui lui a déjà consacré une conférence à la Sorbonne. En 1958, il refuse de participer aux manifestations organisées contre le général de Gaulle et est décoré, sur proposition d'André Malraux, de la Légion d'honneur. Il poursuit son oeuvre littéraire : le Grand Recueil (1961), Nouveau Recueil (1967). Il écrit également des essais qui éclairent sa pratique poétique : Pour un Malherbe (1965), la Fabrique du pré (1971), Comment une figue de paroles et pourquoi (1977). En 1974, par une lettre ouverte il rompt avec le groupe Tel Quel : « Mais pour qui se prennent ces gens-là ? «. 8 LA CONSÉCRATION À partir de 1975, l'oeuvre de Francis Ponge est mondialement reconnue. Il participe ainsi à de nombreuses conférences et manifestations consacrées à son oeuvre. Il obtient le Grand Prix national de la poésie en 1981. Un colloque, Francis Ponge, inventeur et classique, a lieu en 1975 à Cerisy et les Cahiers de L'Herne lui consacrent un numéro en 1986. En 1992 paraît un recueil posthume en trois tomes, rassemblant une multitude de textes très divers et jamais encore publiés, le Nouveau nouveau recueil, et dès 1999, la Bibliothèque de la Pléiade entreprend de publier ses oeuvres complètes. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.