policier, roman - littérature.
Publié le 28/04/2013
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Gaboriau, auteur de l’Affaire Lerouge, un roman dit « judiciaire », 1863).
En Angleterre, Wilkie Collins, avec la Dame en blanc (1860) et la Pierre de lune (1868), créa le détective Sergeant Cuff ; il fut aussi le premier à prouver que les œuvres du genre pouvaient dépasser la taille d’une nouvelle.
Sur son exemple et à sa
demande, son ami Charles Dickens s’essaya sur le tard à la fiction policière avec le Mystère d’Edwin Drood (1870), mais il mourut avant de l’avoir terminé et l’identité du meurtrier demeure inconnue.
4 ROMAN POLICIER TRADITIONNEL
4. 1 Conan Doyle et l’invention de Sherlock Holmes
Demeuré jusque-là un avatar du roman noir et du récit fantastique, et pratiquement cantonné aux dimensions de la nouvelle, le roman policier ne devint véritablement populaire que lorsque le Beeton’s Christmas Annual publia, en 1887, Une étude en
rouge, de sir Arthur Conan Doyle (où l’auteur fait d’ailleurs référence à Edgar Poe comme fondateur du genre) : le détective le plus célèbre de tous les temps, Sherlock Holmes, était né.
Le père de Holmes, très influencé par Poe, dota son personnage
des traits intellectuels de Dupin et d’habitudes tout aussi excentriques que les siennes, quoique différentes, car Sherlock Holmes, fils de son siècle, est marqué par la science et le positivisme.
À l’instar de Poe, Conan Doyle raconta les exploits de son
détective du point de vue de son plus proche compagnon, en l’occurrence le docteur Watson, incurable naïf.
Malgré le succès de Holmes, Conan Doyle, plus intéressé par d’autres genres romanesques, se lassa peu à peu de son personnage et tenta de le faire mourir dans le Dernier Problème, mais l’énorme popularité d’Holmes l’en empêcha, et le personnage
survécut à son créateur, puisqu’il fut repris par d’autres auteurs.
Ce phénomène de transfert d’un personnage d’un auteur vers un autre est d’ailleurs tout à fait typique du fonctionnement de la littérature dite « populaire », où la volonté du public
intervient comme force contraignante dans le processus de production des œuvres.
Le « canon », c’est-à-dire l’ensemble des énigmes originales de Sherlock Holmes, comprend quatre romans et cinquante-six nouvelles, écrits entre 1887 et 1927.
4. 2 Élaboration d’un type de détective
Le succès de Sherlock Holmes rendit populaire le roman policier et lui donna les bases sur lesquelles il allait se développer.
À partir de l’époque de Conan Doyle, en effet, les écrivains cherchèrent à créer des détectives capables de rivaliser avec son
personnage.
L’écrivain anglais G.
K.
Chesterton, dans les premières années du XXe siècle, donna vie au personnage du père Brown, un prêtre détective, et, en 1920, à l’aube de l’âge d’or du roman policier, la Britannique Agatha Christie fit naître miss
Marple et surtout Hercule Poirot, fringant détective belge qui employait activement ses « petites cellules grises » à la résolution d’affaires criminelles.
Aux États-Unis commencèrent les séries d'Ellery Queen, tandis que S.
S.
Van Dine (pseudonyme de
Willard Huntington Wright, 1888-1939) contait les aventures du détective dilettante Philo Vance ( la Mystérieuse Affaire Benson, 1926).
À la même époque, un autre Américain, Earl Derr Biggers, inventait un fameux détective chinois, Charlie Chan.
Parmi les autres écrivains des années 1930, citons l’Américain Rex Stout et son détective gourmet, Nero Wolfe, et l’Anglaise Dorothy Sayers, qui imagina un détective aristocrate, lord Peter Wimsey.
4. 3 Élaboration d’une intrigue
L’exemple de Conan Doyle influença la mentalité et les aspirations littéraires des auteurs de romans policiers, qui eurent à cœur de distinguer leurs récits des autres œuvres de crime et de mystère en insistant sur l’énigme plutôt que sur le crime.
Durant les années 1930, ces auteurs s’ingénièrent ainsi à fabriquer des énigmes de plus en plus élaborées et déconcertantes (comme le mystère des pièces verrouillées de l’intérieur de l’Américain John Dickson Carr).
Dans certains cas, la complexité
du récit était telle que le meurtrier finissait par être le moins suspect de tous les personnages.
Agatha Christie excella particulièrement dans ce procédé ; l’exemple le plus remarquable et le plus extrême qu’elle en donna fut le Meurtre de Roger
Ackroyd (1926), où elle opère une curieuse inversion des rôles par rapport aux habitudes du genre, puisque le meurtrier se révèle finalement être le narrateur lui-même.
Cette veine de policiers classiques ne s’épuisa pas avec les années 1930 :
Agatha Christie, Margery Allingham, Michael Innes, Nicholas Blake (pseudonyme de Cecil Day Lewis) et Ngaio Marsh poursuivirent tous leur œuvre après la guerre.
En France naquit en 1907, sous la plume de Gaston Leroux, le personnage Rouletabille, jeune reporter attaché au « bon bout de la raison ».
Dans le Mystère de la chambre jaune, où il met en scène Rouletabille, l’auteur reprend avec habileté le
principe du crime en lieu clos.
Mais le plus célèbre policier français reste le commissaire Maigret, apparu en 1931 dans Pietr le Letton : le héros du romancier belge Georges Simenon aborde ses enquêtes d’un point de vue psychologique et social.
Avec
Maigret, le roman policier se fait également roman d’ambiance, et son intérêt dépasse la seule résolution de l’énigme.
Le succès du genre en France est attesté par la création de collections entièrement consacrées à la littérature policière, comme « le
Masque » ou « l’Empreinte ».
5 ÉVOLUTION DU ROMAN POLICIER
Au cours du XXe siècle, le roman policier évolua pour perdre peu à peu son manichéisme et son aspect moral ; cette évolution est notamment perceptible dans la caractérisation des personnages : la silhouette lisse du détective intelligent, droit et
honnête, est remplacée par des personnages moins recommandables tandis que les « méchants », voleurs ou assassins, viennent occuper le devant de la scène.
5. 1 Revanche des « méchants »
L’intérêt de certains policiers, notamment en France, se déplaça du détective vers le criminel ; celui-ci volait la vedette et allait parfois jusqu'à le tourner en ridicule.
Le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, apparu en 1911, était un véritable
génie du mal, qui effraya la France entière, comme le fit Chéri-Bibi de Gaston Leroux, tandis qu’avec le personnage du Saint de Leslie Charteris, et celui d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc (1905) apparaissait le type nouveau du cambrioleur gentleman
et justicier.
5. 2 Romans de privés
Aux États-Unis, durant les années 1920, naissait un nouveau genre de roman policier.
Encouragé par les magazines de l’époque, notamment Black Mask, il mettait en scène des héros (généralement des détectives privés) cognant fort, avec une prose
à leur image, efficace et directe.
Les auteurs voulaient dans le même temps abattre les barrières entre la fiction policière et d’autres formes populaires comme le thriller et le roman d’espionnage..
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