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policier, roman - littérature.

Publié le 28/04/2013

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policier, roman - littérature. 1 PRÉSENTATION policier, roman, genre romanesque apparu au XIXe siècle, mettant en scène un détective ou un policier chargé d'élucider une affaire criminelle. 2 DÉFINITION ET CARACTÉRISTIQUES DU GENRE 2.1 Le roman à énigme Dans les romans policiers traditionnels ou « romans à énigme «, l'intrigue débute par un meurtre. Elle se développe ensuite selon une chronologie inversée, puisqu'il s'agit pour l'enquêteur de retrouver ce qui s'est produit avant le crime sur lequel s'ouvre l'ouvrage. L'intérêt de l'enquête policière -- interrogatoire de suspects et recherche minutieuse d'indices -- porte sur le mobile, les circonstances et l'arme du crime : le détective parvient à la solution en éliminant les uns après les autres les suspects qui ne lui permettent pas de vérifier ses hypothèses. Le roman policier est donc essentiellement bâti sur l'observation et le raisonnement logique ; pour le lecteur, le plaisir procuré par ce type d'ouvrages est celui d'un jeu, d'un exercice de réflexion et de déduction, où il s'identifie au héros tout en se mesurant à lui. Afin de concocter un cas difficile pour le détective et intéressant pour le lecteur, l'auteur multiplie les obstacles matériels et les pièges logiques tout au long de l'enquête : plusieurs suspects, de nouveaux meurtres, des diversions et, souvent, des menaces contre l'enquêteur lui-même construisent un récit extrêmement complexe mais toujours cohérent. Au cours de son enquête, le détective fait part au lecteur de tous ses indices mais non de tous les raisonnements qu'il échafaude ; il ne démasque d'ailleurs le coupable qu'à la fin, où généralement il explique par quel moyen il a dénoué l'affaire. « Le lecteur et le détective doivent avoir les chances égales de résoudre le problème «, a observé S. S. Van Dine, dans un article de Mystère magazine (1951) où il expose les vingt règles fondamentales du roman policier. L'identification du lecteur au personnage du détective ou du policier chargé de l'enquête est renforcée lorsque ce dernier se confond avec le narrateur lui-même (récit à la première personne) ; mais, même dans le cas d'un récit à la troisième personne, l'enquêteur reste le personnage auquel le lecteur peut s'identifier : le roman policier exclut la possibilité d'une identification du lecteur au criminel et évacue ainsi chez lui tout sentiment de culpabilité. Le héros des romans policiers traditionnels est parfois accompagné d'un acolyte plein de bonne volonté mais peu habile et peu rigoureux dans l'art de la déduction logique, qui lui sert de faire-valoir (c'est le cas de Watson, compagnon de Sherlock Holmes, ou d'Hastings, associé d'Hercule Poirot). 2.2 Évolution du genre Le roman policier contemporain a marqué une nette évolution par rapport au roman policier traditionnel dans le domaine de la caractérisation des personnages : tandis que l'enquêteur était habituellement un professionnel et un être d'exception, l'enquêteur des récits plus récents est un personnage ordinaire, plus proche du lecteur. Non seulement il n'est plus policier ni détective, mais c'est malgré lui qu'il se retrouve mêlé à un meurtre ou à une quelconque autre affaire policière : s'il se transforme en enquêteur, c'est par nécessité -- par amour, par intérêt, ou pour « sauver sa peau «, par exemple. Si le roman policier est un genre conventionnel, obéissant à un certain nombre de règles reproductibles, la nécessité qui lui est faite, depuis plus d'un siècle d'existence, de se renouveler, l'a amené à jouer avec les normes mêmes qui le définissent. Le plaisir de lecture du roman policier est fondé sur des mécanismes aisément reconnaissables : il est fait à la fois d'identification et de distanciation, d'une lecture au premier degré et du plaisir de la reconnaissance des codes (lecture au second degré), de jeu et de sérieux, d'implication et d'ironie. Le roman policier est un genre sériel fondé sur le double phénomène de la répétition et de la variation (c'est-à-dire qu'il se développe en séries de romans mettant en scène le même univers ou le même personnage, comme Sherlock Holmes ou Hercule Poirot). C'est cet aspect sériel, supposant des codes repérables, des personnages stéréotypés et une structure figée -- aboutissant parfois, dans le pire des cas, à une « recette « facile -- qui vaut au roman policier d'être classé dans la catégorie de la littérature populaire, voire de la paralittérature. 3 PREMIERS ROMANS POLICIERS Les premiers romans policiers sont nés bien avant que le genre ne se constitue comme tel et ne reçoive cette appellation : l'expression de « roman policier « apparut en France dans le courant des années 1890 -- son équivalent anglo-saxon, la detective story, ne se rencontra pas avant 1897 --, alors que les premières oeuvres du genre datent du milieu du Ce n'est pas un hasard si le roman policier est né au XIXe XIXe siècle. siècle, à une époque où les grandes villes, par leur expansion, devenaient de plus en plus dangereuses, où les valeurs traditionnelles étaient remises en cause et où des polices organisées se développaient en Europe (création du Detective Department de Scotland Yard) : il reflète en effet les peurs de son temps. En France, le chef de la sûreté de Paris, François Eugène Vidocq, peut passer pour un précurseur du genre avec ses Mémoires (1828). Les premiers romanciers à traiter de thèmes policiers furent E. T. A. Hoffmann et Feuerbach, mais c'est Edgar Allan Poe qui créa le roman policier en 1841, en donnant vie au premier détective de fiction, C. Auguste Dupin, dans une nouvelle, « Double Assassinat dans la rue Morgue «, publiée par le Graham's Magazine. Dans cette nouvelle, devenue un classique de Poe, Dupin, par ses habitudes excentriques et ses méthodes de déduction, fournit un modèle de personnage qui sera repris par la plupart des auteurs de romans policiers. Poe réutilisa le personnage de Dupin pour résoudre l'énigme du « Mystère de Marie Roget « (1842-1843) et celle de « la Lettre volée « (1845) ; Dupin sera le héros d'autres nouvelles encore. « Double Assassinat dans la rue Morgue « ne fut pourtant pas qualifié en son temps de « roman policier « (il ne le sera qu'en 1904), pas plus que les oeuvres des romanciers qui exploitèrent le genre créé par Poe (en France, citons notamment Émile Gaboriau, auteur de l'Affaire Lerouge, un roman dit « judiciaire «, 1863). En Angleterre, Wilkie Collins, avec la Dame en blanc (1860) et la Pierre de lune (1868), créa le détective Sergeant Cuff ; il fut aussi le premier à prouver que les oeuvres du genre pouvaient dépasser la taille d'une nouvelle. Sur son exemple et à sa demande, son ami Charles Dickens s'essaya sur le tard à la fiction policière avec le Mystère d'Edwin Drood (1870), mais il mourut avant de l'avoir terminé et l'identité du meurtrier demeure inconnue. 4 ROMAN POLICIER TRADITIONNEL 4.1 Conan Doyle et l'invention de Sherlock Holmes Demeuré jusque-là un avatar du roman noir et du récit fantastique, et pratiquement cantonné aux dimensions de la nouvelle, le roman policier ne devint véritablement populaire que lorsque le Beeton's Christmas Annual publia, en 1887, Une étude en rouge, de sir Arthur Conan Doyle (où l'auteur fait d'ailleurs référence à Edgar Poe comme fondateur du genre) : le détective le plus célèbre de tous les temps, Sherlock Holmes, était né. Le père de Holmes, très influencé par Poe, dota son personnage des traits intellectuels de Dupin et d'habitudes tout aussi excentriques que les siennes, quoique différentes, car Sherlock Holmes, fils de son siècle, est marqué par la science et le positivisme. À l'instar de Poe, Conan Doyle raconta les exploits de son détective du point de vue de son plus proche compagnon, en l'occurrence le docteur Watson, incurable naïf. Malgré le succès de Holmes, Conan Doyle, plus intéressé par d'autres genres romanesques, se lassa peu à peu de son personnage et tenta de le faire mourir dans le Dernier Problème, mais l'énorme popularité d'Holmes l'en empêcha, et le personnage survécut à son créateur, puisqu'il fut repris par d'autres auteurs. Ce phénomène de transfert d'un personnage d'un auteur vers un autre est d'ailleurs tout à fait typique du fonctionnement de la littérature dite « populaire «, où la volonté du public intervient comme force contraignante dans le processus de production des oeuvres. Le « canon «, c'est-à-dire l'ensemble des énigmes originales de Sherlock Holmes, comprend quatre romans et cinquante-six nouvelles, écrits entre 1887 et 1927. 4.2 Élaboration d'un type de détective Le succès de Sherlock Holmes rendit populaire le roman policier et lui donna les bases sur lesquelles il allait se développer. À partir de l'époque de Conan Doyle, en effet, les écrivains cherchèrent à créer des détectives capables de rivaliser avec son personnage. L'écrivain anglais G. K. Chesterton, dans les premières années du XXe siècle, donna vie au personnage du père Brown, un prêtre détective, et, en 1920, à l'aube de l'âge d'or du roman policier, la Britannique Agatha Christie fit naître miss Marple et surtout Hercule Poirot, fringant détective belge qui employait activement ses « petites cellules grises « à la résolution d'affaires criminelles. Aux États-Unis commencèrent les séries d'Ellery Queen, tandis que S. S. Van Dine (pseudonyme de Willard Huntington Wright, 1888-1939) contait les aventures du détective dilettante Philo Vance (la Mystérieuse Affaire Benson, 1926). À la même époque, un autre Américain, Earl Derr Biggers, inventait un fameux détective chinois, Charlie Chan. Parmi les autres écrivains des années 1930, citons l'Américain Rex Stout et son détective gourmet, Nero Wolfe, et l'Anglaise Dorothy Sayers, qui imagina un détective aristocrate, lord Peter Wimsey. 4.3 Élaboration d'une intrigue L'exemple de Conan Doyle influença la mentalité et les aspirations littéraires des auteurs de romans policiers, qui eurent à coeur de distinguer leurs récits des autres oeuvres de crime et de mystère en insistant sur l'énigme plutôt que sur le crime. Durant les années 1930, ces auteurs s'ingénièrent ainsi à fabriquer des énigmes de plus en plus élaborées et déconcertantes (comme le mystère des pièces verrouillées de l'intérieur de l'Américain John Dickson Carr). Dans certains cas, la complexité du récit était telle que le meurtrier finissait par être le moins suspect de tous les personnages. Agatha Christie excella particulièrement dans ce procédé ; l'exemple le plus remarquable et le plus extrême qu'elle en donna fut le Meurtre de Roger Ackroyd (1926), où elle opère une curieuse inversion des rôles par rapport aux habitudes du genre, puisque le meurtrier se révèle finalement être le narrateur lui-même. Cette veine de policiers classiques ne s'épuisa pas avec les années 1930 : Agatha Christie, Margery Allingham, Michael Innes, Nicholas Blake (pseudonyme de Cecil Day Lewis) et Ngaio Marsh poursuivirent tous leur oeuvre après la guerre. En France naquit en 1907, sous la plume de Gaston Leroux, le personnage Rouletabille, jeune reporter attaché au « bon bout de la raison «. Dans le Mystère de la chambre jaune, où il met en scène Rouletabille, l'auteur reprend avec habileté le principe du crime en lieu clos. Mais le plus célèbre policier français reste le commissaire Maigret, apparu en 1931 dans Pietr le Letton : le héros du romancier belge Georges Simenon aborde ses enquêtes d'un point de vue psychologique et social. Avec Maigret, le roman policier se fait également roman d'ambiance, et son intérêt dépasse la seule résolution de l'énigme. Le succès du genre en France est attesté par la création de collections entièrement consacrées à la littérature policière, comme « le Masque « ou « l'Empreinte «. 5 ÉVOLUTION DU ROMAN POLICIER Au cours du XXe siècle, le roman policier évolua pour perdre peu à peu son manichéisme et son aspect moral ; cette évolution est notamment perceptible dans la caractérisation des personnages : la silhouette lisse du détective intelligent, droit et honnête, est remplacée par des personnages moins recommandables tandis que les « méchants «, voleurs ou assassins, viennent occuper le devant de la scène. 5.1 Revanche des « méchants « L'intérêt de certains policiers, notamment en France, se déplaça du détective vers le criminel ; celui-ci volait la vedette et allait parfois jusqu'à le tourner en ridicule. Le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, apparu en 1911, était un véritable génie du mal, qui effraya la France entière, comme le fit Chéri-Bibi de Gaston Leroux, tandis qu'avec le personnage du Saint de Leslie Charteris, et celui d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc (1905) apparaissait le type nouveau du cambrioleur gentleman et justicier. 5.2 Romans de privés Aux États-Unis, durant les années 1920, naissait un nouveau genre de roman policier. Encouragé par les magazines de l'époque, notamment Black Mask, il mettait en scène des héros (généralement des détectives privés) cognant fort, avec une prose à leur image, efficace et directe. Les auteurs voulaient dans le même temps abattre les barrières entre la fiction policière et d'autres formes populaires comme le thriller et le roman d'espionnage. Les principaux auteurs de cette « école « sont Erle Stanley Gardner, créateur de Perry Mason, le juriste détective, Dashiell Hammett, père de Nick Charles et de Sam Spade, et Raymond Chandler, dont le détective Philip Marlowe est devenu un personnage classique. Dans ces romans « de privés « durs à cuire, les limiers travaillent pour l'argent et non plus pour le plaisir intellectuel ou la morale, et le meurtre a pour cadre les bas-fonds plutôt que les salons de la bourgeoisie. S'ils respectent encore certaines règles du genre, ces récits mettent l'accent sur l'action, au détriment de l'énigme : plus que par le mystère, l'attention du lecteur est attirée par les péripéties de l'histoire, liées le plus souvent au sexe et à la violence. 5.3 Romans de procédure Par la suite, dans les années 1950, une réaction contre cette « école « -- et en général contre les histoires de privés -- apparut : le roman de « procédure policière « était né ; il relatait la résolution d'affaires criminelles par d'authentiques policiers. Comme ses prédécesseurs, le roman de « procédure « obéit aux lois du roman policier, mais le lecteur a affaire non plus à des génies de la déduction mais à des gens ordinaires et faillibles, quoique spécialement entraînés aux enquêtes criminelles. Les représentants les plus connus de ce courant sont John Creasey (caché sous le pseudonyme de J. J. Marric) et ses histoires de Gideon de Scotland Yard, Salvatore Lombino (connu sous les pseudonymes d'Ed McBain et d'Evan Hunter) avec sa série 87e District et Dorothy Uhnak, elle-même policier à New York, auteur d'une série dont l'héroïne, l'agent Christie Opara, réussit à pénétrer dans le bastion masculin de la police criminelle. 6 FRONTIÈRES DU GENRE POLICIER L'extraordinaire succès du roman policier tout au long du XXe siècle (certains auteurs, comme Agatha Christie ou James Hadley Chase, ont vendu plusieurs dizaines de millions d'exemplaires de leurs romans) a entraîné un élargissement des frontières du genre, puisque aujourd'hui le roman noir, le roman d'atmosphère, le roman d'espionnage, le thriller, le roman à suspense sont considérés comme autant de sous-catégories du roman policier. Les règles relativement fixes qui définissaient le genre dans les premières décennies de son existence, les traits caractéristiques des premiers maîtres, de sir Arthur Conan Doyle à Agatha Christie, ont été abandonnés par la plupart des auteurs contemporains, qui préfèrent souvent l'intensité des émotions à la rigueur du raisonnement. On parle aujourd'hui de « polars « pour désigner cette nébuleuse de genres romanesques issus du roman policier et du roman noir. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

« Gaboriau, auteur de l’Affaire Lerouge, un roman dit « judiciaire », 1863). En Angleterre, Wilkie Collins, avec la Dame en blanc (1860) et la Pierre de lune (1868), créa le détective Sergeant Cuff ; il fut aussi le premier à prouver que les œuvres du genre pouvaient dépasser la taille d’une nouvelle.

Sur son exemple et à sa demande, son ami Charles Dickens s’essaya sur le tard à la fiction policière avec le Mystère d’Edwin Drood (1870), mais il mourut avant de l’avoir terminé et l’identité du meurtrier demeure inconnue. 4 ROMAN POLICIER TRADITIONNEL 4. 1 Conan Doyle et l’invention de Sherlock Holmes Demeuré jusque-là un avatar du roman noir et du récit fantastique, et pratiquement cantonné aux dimensions de la nouvelle, le roman policier ne devint véritablement populaire que lorsque le Beeton’s Christmas Annual publia, en 1887, Une étude en rouge, de sir Arthur Conan Doyle (où l’auteur fait d’ailleurs référence à Edgar Poe comme fondateur du genre) : le détective le plus célèbre de tous les temps, Sherlock Holmes, était né.

Le père de Holmes, très influencé par Poe, dota son personnage des traits intellectuels de Dupin et d’habitudes tout aussi excentriques que les siennes, quoique différentes, car Sherlock Holmes, fils de son siècle, est marqué par la science et le positivisme.

À l’instar de Poe, Conan Doyle raconta les exploits de son détective du point de vue de son plus proche compagnon, en l’occurrence le docteur Watson, incurable naïf. Malgré le succès de Holmes, Conan Doyle, plus intéressé par d’autres genres romanesques, se lassa peu à peu de son personnage et tenta de le faire mourir dans le Dernier Problème, mais l’énorme popularité d’Holmes l’en empêcha, et le personnage survécut à son créateur, puisqu’il fut repris par d’autres auteurs.

Ce phénomène de transfert d’un personnage d’un auteur vers un autre est d’ailleurs tout à fait typique du fonctionnement de la littérature dite « populaire », où la volonté du public intervient comme force contraignante dans le processus de production des œuvres.

Le « canon », c’est-à-dire l’ensemble des énigmes originales de Sherlock Holmes, comprend quatre romans et cinquante-six nouvelles, écrits entre 1887 et 1927. 4. 2 Élaboration d’un type de détective Le succès de Sherlock Holmes rendit populaire le roman policier et lui donna les bases sur lesquelles il allait se développer.

À partir de l’époque de Conan Doyle, en effet, les écrivains cherchèrent à créer des détectives capables de rivaliser avec son personnage.

L’écrivain anglais G.

K.

Chesterton, dans les premières années du XXe siècle, donna vie au personnage du père Brown, un prêtre détective, et, en 1920, à l’aube de l’âge d’or du roman policier, la Britannique Agatha Christie fit naître miss Marple et surtout Hercule Poirot, fringant détective belge qui employait activement ses « petites cellules grises » à la résolution d’affaires criminelles.

Aux États-Unis commencèrent les séries d'Ellery Queen, tandis que S.

S.

Van Dine (pseudonyme de Willard Huntington Wright, 1888-1939) contait les aventures du détective dilettante Philo Vance ( la Mystérieuse Affaire Benson, 1926).

À la même époque, un autre Américain, Earl Derr Biggers, inventait un fameux détective chinois, Charlie Chan. Parmi les autres écrivains des années 1930, citons l’Américain Rex Stout et son détective gourmet, Nero Wolfe, et l’Anglaise Dorothy Sayers, qui imagina un détective aristocrate, lord Peter Wimsey. 4. 3 Élaboration d’une intrigue L’exemple de Conan Doyle influença la mentalité et les aspirations littéraires des auteurs de romans policiers, qui eurent à cœur de distinguer leurs récits des autres œuvres de crime et de mystère en insistant sur l’énigme plutôt que sur le crime. Durant les années 1930, ces auteurs s’ingénièrent ainsi à fabriquer des énigmes de plus en plus élaborées et déconcertantes (comme le mystère des pièces verrouillées de l’intérieur de l’Américain John Dickson Carr).

Dans certains cas, la complexité du récit était telle que le meurtrier finissait par être le moins suspect de tous les personnages.

Agatha Christie excella particulièrement dans ce procédé ; l’exemple le plus remarquable et le plus extrême qu’elle en donna fut le Meurtre de Roger Ackroyd (1926), où elle opère une curieuse inversion des rôles par rapport aux habitudes du genre, puisque le meurtrier se révèle finalement être le narrateur lui-même.

Cette veine de policiers classiques ne s’épuisa pas avec les années 1930 : Agatha Christie, Margery Allingham, Michael Innes, Nicholas Blake (pseudonyme de Cecil Day Lewis) et Ngaio Marsh poursuivirent tous leur œuvre après la guerre. En France naquit en 1907, sous la plume de Gaston Leroux, le personnage Rouletabille, jeune reporter attaché au « bon bout de la raison ».

Dans le Mystère de la chambre jaune, où il met en scène Rouletabille, l’auteur reprend avec habileté le principe du crime en lieu clos.

Mais le plus célèbre policier français reste le commissaire Maigret, apparu en 1931 dans Pietr le Letton : le héros du romancier belge Georges Simenon aborde ses enquêtes d’un point de vue psychologique et social.

Avec Maigret, le roman policier se fait également roman d’ambiance, et son intérêt dépasse la seule résolution de l’énigme.

Le succès du genre en France est attesté par la création de collections entièrement consacrées à la littérature policière, comme « le Masque » ou « l’Empreinte ». 5 ÉVOLUTION DU ROMAN POLICIER Au cours du XXe siècle, le roman policier évolua pour perdre peu à peu son manichéisme et son aspect moral ; cette évolution est notamment perceptible dans la caractérisation des personnages : la silhouette lisse du détective intelligent, droit et honnête, est remplacée par des personnages moins recommandables tandis que les « méchants », voleurs ou assassins, viennent occuper le devant de la scène. 5. 1 Revanche des « méchants » L’intérêt de certains policiers, notamment en France, se déplaça du détective vers le criminel ; celui-ci volait la vedette et allait parfois jusqu'à le tourner en ridicule.

Le Fantômas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, apparu en 1911, était un véritable génie du mal, qui effraya la France entière, comme le fit Chéri-Bibi de Gaston Leroux, tandis qu’avec le personnage du Saint de Leslie Charteris, et celui d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc (1905) apparaissait le type nouveau du cambrioleur gentleman et justicier. 5. 2 Romans de privés Aux États-Unis, durant les années 1920, naissait un nouveau genre de roman policier.

Encouragé par les magazines de l’époque, notamment Black Mask, il mettait en scène des héros (généralement des détectives privés) cognant fort, avec une prose à leur image, efficace et directe.

Les auteurs voulaient dans le même temps abattre les barrières entre la fiction policière et d’autres formes populaires comme le thriller et le roman d’espionnage.. »

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