Plan détaillé Sujet : En vous fondant sur les textes lus ou étudiés en classe et sur votre culture personnelle, vous direz dans quelle mesure le genre de la poésie vous paraît satisfaire à sa mission de recréation du monde.

Plan détaillé  

Sujet : En vous fondant sur les textes lus ou étudiés en classe et sur votre culture personnelle, vous direz dans quelle mesure le genre de la poésie vous paraît satisfaire à sa mission de recréation du monde.

1. Une perception du monde particulière

a) Amélioration du monde

- sublimation de la laideur pour un monde plus esthétique (« J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or », Baudelaire dans un projet d'épilogue des Fleurs du Mal), sacralisation des choses sans pour autant les changer 

- une puissance nouvelle donnée au quotidien (La bougie, Francis Ponge, Le Parti pris des Choses)

- idéalisation (L'invitation au voyage, Baudelaire)

b) Déformation du monde

- création, fantastique (Nuit Rhenane de Guillaume Apollinaire / invention d'un monde irréel, des fleurs arctiques comme dans « Barbare » de Rimbaud dont il précise qu’elles n’existent pas)

- minimisation (l' «Art Poétique » est considéré comme une « chanson grise » dans le poème de Verlaine Art Poétique)

- nouvel angle d'interprétation de la réalité (Fureur et Mystère de René Char, la complexité de la guerre, de la résistance, et des émotions contradictoires qui parcourent l’homme est rendue plus saisissante)

- un monde subjectif révélant le poète, un poème à son image (Baudelaire évoque dans Spleen les \"longs ennuis\" et \"l'Angoisse atroce\"qualifiant son mal-être) 

c) Dénonciation du monde

- critique de la guerre (Dormeur du Val de Rimbaud, Strophe pour se souvenir de Aragon)

- révolte qui laisse transparaitre l'idéologie des poètes (Réponse à un acte d'accusation de Victor Hugo)

- satire (Monsieur Prudhomme de Verlaine)

     II)   Une forme au service de la création d'effets

a) Harmonie du langage

- Musicalité / oralité (refrain, rythme,...) pour structurer les poèmes (épithètes homériques)

- Correspondante entre le sens et les sons : Blason du sourcil de Maurice Scève, le rythme s'apaise en même temps que les mots expriment apaisement / Harmonies imitatives dans Et la mer et l'amour de Marboeuf 

b) Création de connotations et d'implicite

- juxtaposition de sens (sens originel ou sens multiples comme dans Nuit Rhenane où le verbe « trembler » signifie la peur, l'ivresse et le mouvement)

- Mise en valeur de mot par déplacement dans la phrase, syntaxe volontairement disjointe (Et la mer et l'amour de Marboeuf)

• Choix laissé au lecteur pour attribuer aux mots un sens (« de la musique avant toute chose » selon Verlaine qui dans la plupart de ses poèmes utilise l'aspect sonore et sensible des mots dont le sens peut être alors différemment interprété)

c) Virtuosité 

- Choix des mots plus soigné, écriture condensée ( Avec « il a deux trous rouges dans la poitrine » Rimbaud avec son poème « Le Dormeur du Val», nous dépeint en quelques lignes toute l'horreur de la guerre)

- préciosité, enrichissement de la langue, remise en cause de la syntaxe traditionnelle, création d'un langage poétique plus apte à susciter une libération des contraintes de la langue reposant sur des images, des sons, des formes, recherche d'éloignement vis a vis des règles du langage compris par tous pouvant freiner l'imagination (Eluard s’est affranchi de la ponctuation)

- effets stylistiques et jeux de langage (Les Antiquités de Rome, Du Bellay)

         III)   Accentuation des sentiments éprouvés par le lecteur

a) Amplification de ce qu'expriment les choses

- importance très particulière accordée à de simples détails (Blason du front de Maurice Scève)

- la poésie prête aux choses des sentiments et des pensées par la personnification (par exemple, Du Bellay attribue aux palais de Rome des caractères humains comme l'audace dans Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage)

b) Naissance de sensations et de ressentis

- capacité à émouvoir le lecteur (Apollinaire, dans Le Guetteur Mélancolique, crie sa douleur de ne pas être aimé et apostrophe \"ô mon cœur\")

- active l'imagination du lecteur, perceptions visuelles, olfactives et auditives (L'invitation au voyage, Baudelaire)

- dominance de registre (le lyrisme, tonalité majeure de la poésie, avec des poètes tels qu'Aragon ou Eluard / Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie de Louise Labé où une variété de sensation, d'émotion sont ressenties par le poète en proie au sentiment amoureux)