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Philosophe, de Dumarsais

Publié le 30/06/2011

Extrait du document

Auteur : Dumarsais

Titre : Article Philosophe

Époque : 18 ième

Oeuvre dont est tiré le titre : Encyclopédie

L’encyclopédie est une œuvre majeure du 18 e siècle. Elle a été réalisée sous la direction de Diderot et D’Alembert (entre 17551 et 1772), ce projet aboutit à la publication de 27 volumes d’articles et de planches sur tous les domaines y compris les sciences et techniques. La raison domine tout l’ouvrage. Deux objectifs sont présents : Vulgariser les connaissances et lutter contre les préjugés Les Encyclopédies ont dû faire face à la censure, à de nombreuses attaques.

Le passage est un extrait de l’article « Philosophe ». En 6 paragraphes, ce portrait du philosophe est une réponse à la critique contemporaine, cela cherche à définir l’esprit qui anime les auteurs de l’Encyclopédie.

En quoi cette définition est un éloge du philosophe ?

I. Un homme au service du savoir et de la sagesse.

1) Une démarche scientifique.

Le philosophe est présenté ici comme un savant utilisant une méthode expérimentale. La démarche consiste à observer puis à comprendre. Il y a un rythme ternaire avec un point d’orgue sur le mot « connaissance ».

Il y a une métaphore de l’horloge avec une référence au progrès. Le philosophe est un savant accompli, capable de mettre en œuvre tout seul des moyens pour arriver à la connaissance. La suite du paragraphe nous présente les conséquences de cette démarche scientifique.

Il ne s’appuie que sur des faits, toute hypothèse doit être vérifiée. La répétition de la construction ( pour … ce qui est …) souligne fortement cet aspect. Le philosophe accepte la possibilité de ne pas savoir, contrairement aux autres hommes, ce qui est une preuve de sagesse. Ceci est introduit par le registre épidictique (éloge) « une grande perfection ». Il y a une synthèse de cet esprit scientifique avec « donc ».

2)  L’importance accordée à la raison.

La science du philosophe n’est rien sans la raison. On montre que pour le philosophe la raison est aussi importante que l’soit la religion à cette époque. La raison et le philosophe sont mis en valeur par un chiasme « la raison et le philosophe … la grâce et le chrétien … la grâce et le chrétien … la raison et le philosophe » aux lignes 8/10. Ensuite le philosophe est nommé « l’être raisonnable ». Le plus important pour lui est ce qui convient. Il accepte que l’on ne soit pas d’accord avec ce qu’il adhère. Il y a la répétition de « même » et une antithèse entre « adopte » et « rejette ».

 

3) Les domaines d’applications.

La connaissance de soi-même, une intériorité est prise en compte. Les verbes de connaissance sont mêlés à des termes de sentiments, il s’agit donc de s’intéressé à l’intériorité de l’individu. Les termes de bien-être apparaissent, donc la recherche du bonheur passe par la raison.

La recherche de la vérité est d’abord d’ordre intellectuel sur le monde qui nous entoure, puis d’ordre moral sur les idées des hommes. Le philosophe rejette les superstitions (« douteux », « vraisemblance ») donc une partie de la religion. Il attaque légèrement la religion par un parallèle avec la raison qui elle offre des faits contrairement à la religion.

Le jugement d’autrui doit être réfléchi pour éviter les préjugés. Le philosophe accepte le point de vue des autres personnes. La raison doit être également appliquée dans la vie sociale. L’activité philosophique s’exerce dans tous les domaines de la vie humaine qu’il soit intellectuel, religieux ou social.

II. La complexité de la relation à autrui.

Il y a une synthèse des lignes 35 à 37, qui permet de souligner les qualités intellectuelles du philosophe, le « mais » introduit d’autres qualités qui vont être dans le prolongement des autres. (Relation entre philosophe et les autres hommes).

1)      Un jeu d’opposition

Le portrait du philosophe passe par la comparaison avec les autres hommes. Dumarsais va mettre en évidence la particularité et la supériorité du philosophe. Le passage s’ouvre de manière explicite sur une opposition (l 1 « les autres hommes », l 23 « le philosophe au contraire »). On retrouve cette construction dans la suite du texte (l 11 « les autres hommes » et l 23 « au lieu que le philosophe »). Ce texte nous montre que le philosophe est radicalement différent des autres hommes dans sa conduite, il y a des tournures péjoratives et négatives (sans, ni …). Les même termes opposent les autres hommes et les philosophes (« causes » et « passions ») pour parler de manière laudative du philosophe. Une image antithétique « ténèbres/ flambeau » avec la lumière représentant la connaissance et les ténèbres l’ignorance aux lignes 29/34. Un chiasme met en valeur le philosophe (soi-même / les autres / les autres / soi-même). Cette idée va être confirmée ligne 17 « il se contente », on retrouve les conséquences ligne 23/ 25 et ligne 29.

Cette idée nous propose un tableau comparatif entre le philosophe et la multitude, duquel ressort la supériorité du philosophe.

2)      Une vie en société.

Même si le philosophe est présenté comme un être à part, il ne s’isole pas (l 38, l 43 et l 44). Il rejette également le pessimisme il dit que « l’homme n’est point un monstre » donc que l’homme ne doit pas s’isoler ni être pessimiste. Le rapport à l’autre est omniprésent dans le texte :

  • Dans le paragraphe 1 : avec les objets
  • Dans le paragraphe 2 : avec la passion
  • Dans le paragraphe 4 : avec le jugement
  • Dans le paragraphe 5 : observation ; attention et soins ce qui est égal à la science.
  • Dans le paragraphe 6 : le philosophe est un être social.

Le paragraphe 6 est une définition plus générale de l’homme, le philosophe fait partie de cette catégorie. Le bonheur n’est possible que par la vie en société « il trouve du plaisir avec les autres », il y donc une entente entre les philosophes et les autres et même une relation réciproque ligne 45/47, le philosophe cherche à se rendre utile et à plaire.

On retrouve une synthèse des qualités sociales. L’abondance des termes souligne l’importance de la vie sociale du philosophe. Son bonheur et celui des autres ne dépend pas de recherche individuelle mais de la recherche commune.

3)      Un modèle à suivre

L’importance du philosophe s’explique par sa double caractéristique et en particulier par son rôle social dont la synthèse (l 47/48) montre l’utilité. Pour les autres hommes, le philosophe paraît un guide (« précédé d’un flambeau »), les autre sont ignorants (« dans les ténèbres »). La lumière du philosophe est sa raison. Ici le philosophe incarne un idéal celui de l’honnête homme, donc un homme cultivé et qui fait partager sa connaissance, tout en étant modeste. Pour être un honnête homme à l’époque il faut être cultivé, distingué, réfléchi, mesuré, galant, courageux et tout cela avec modestie. Le philosophe se caractérise par une élégance, aussi bien extérieur qu’intérieur. Pour l’honnête homme la seule vraie noblesse est celle du cœur.

Les oppositions entre les négations et les éléments positifs cherchent à montrer que les autres hommes sont dans l’ignorance contrairement au philosophe qui peut apporter le savoir et la connaissance. Il s’offre une vie simple lui qui possède tant de richesse intérieure alors que les nobles qui ont des richesses matérielles le montre.

L’emploi du possessif « notre » indique une solidarité avec le philosophe et qu’il est inclus dans la définition de l’homme. Puisque le philosophe suit le modèle de l’honnête homme les autres hommes doivent suivre le philosophe.

Le philosophe participe à la vie sociale et à la vie politique de son pays c’est pourquoi il est utile aux autres.

Cet article est bien un éloge du philosophe puisqu’il fait le portrait de celui-ci qui ne ressemble en rien à ses contemporains, mais qui pourtant prend soin de vivre en société pour servir de modèle aux autres. Et ce car il soumet tous les aspects de la vie au jugement de sa raison.

 

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