Devoir de Philosophie

Peut-on se passer de la notion d'esprit pour définir l'homme ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

esprit

Peut-on se passer de la notion d’esprit pour définir l’homme ?

Les philosophes se sont depuis toujours questionnés sur la définition de l’homme. Loin d’être des idées claires et distinctes, les termes de matière et d’esprit sont quant à eux lourds d’un héritage que la modernité ne cesse de remanier. Des découvertes récentes ont remis en cause l’idée que l’on se faisait de la matière. De plus, l’esprit humain se prend désormais lui-même comme objet de connaissance. Les sciences nouvelles nées de ce processus (sciences cognitives et neurosciences) occupent aujourd’hui l’interface entre les sciences humaines et les sciences de la nature, comme si l’homme s’acharnait à comprendre ce par quoi il tente, depuis la nuit des temps, de comprendre. Au sein de cette enquête, les vieux clivages sur ces questions de matière et d’esprit, présents dès l’Antiquité apparaissent, quel que soit le nom qu’on leur donne.

 

La question de savoir si on peut se passer de la notion d’esprit pour définir l’homme s’inscrit dans cette démarche de compréhension de l’homme.

 

Il semble d’abord évident de penser que l’homme se définit avant tout comme un être vivant appartenant au règne animal et faisant partie intégrante d’un univers soumis à des lois physiques universelles. L’homme semble donc pouvoir se définir sans que l’on ait besoin de recourir à la notion d’esprit. Les matérialistes vont même aller plus loin, affirmant que l’on peut se passer de la notion d’esprit pour définir l’homme, parce que seule la matière existe.

Cependant, on est en droit de se demander si l’homme peut être réduit à de la matière. Une tradition philosophique qui remonte à Aristote, définit l’homme comme un «  animal raisonnable ». le philosophe associe donc à un premier élément de description biologique, le concept de raison, donc de facultés intellectuelles et donc d’esprit. Il faut donc peut-être voir dans l’homme un être duel, constitué de matière, son corps, et d’esprit, l’ensemble de ses facultés mentales et de tout ce qui ne peut pas être défini sur le plan biologique.

Pourtant, une telle conception dualiste de l’homme n’est pas sans poser quelques difficultés : quels sont les rapports entre l’esprit et le corps ? comment ces deux entités distinctes peuvent-elles être à l’origine d’un seul homme ? la définition de l’homme se limite-elle à cette problématique de l’opposition matière et esprit ? la définition de l’homme fondée sur ces deux concepts est-elle suffisante pour rendre compte de l’essence de la nature humaine ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. I.                   On peut se passer de l’esprit pour définir l’homme : l’homme est avant tout matière. Il appartient au monde vivant, au règne animal et fait partie d’un univers soumis à des lois physiques.

 

Une définition du matérialisme

Le matérialisme est un mouvement de pensée sur la nature de l'être qui considère qu'il n'existe pas d'autre substance que la matière (monisme). Il défend l'idée que la pensée et la conscience sont des produits secondaires de la matière et donc des illusions. Le matérialisme rejette l'existence de l'âme, de l'au-delà et de Dieu, s'opposant en cela au spiritualisme et à l'idéalisme.

Le matérialisme est étroitement lié au développement de la science et se nourrit de ses résultats pour évoluer et se structurer au fil des siècles. Le matérialisme recouvre donc plusieurs formes qui vont de l'atomisme des philosophes Grecs à la science moderne. Ses différents courants se distinguent par la façon dont est conçu l'esprit, la conscience ou l'entité mentale.

 

Le terme est inventé par Leibniz en 1702, et revendiqué pour la première fois par La Mettrie vers 1748. Pourtant et donc rétrospectivement, les premiers matérialistes, dits mécanistes, sont des philosophes de l'Antiquité : Héraclite, Démocrite, Leucippe, Diogène, Épicure, Lucrèce.

Ainsi, dès l'Antiquité, les matérialistes prônent l'utilisation de la matière et du réel comme base fondamentale pour expliquer les phénomènes, philosopher et produire le savoir. Pour les matérialistes, il n'y a que de la matière et le fonctionnement du monde ne peut être compris qu'en partant de ce qui est observable ou le sera. C'est donc le principe fondamental du développement des connaissances en sciences (au sens large) que l'on retrouve au cœur du matérialisme. En cela, l'opposition est radicale avec Parménide, Platon, les stoïciens, puis les pères de l'Église chrétienne, et enfin l'idéalisme allemand, avec Kant et Hegel, pour lesquels le monde véritable et parfait existe en dehors de toute matière et de toute réalité observable. La vérité du monde ne peut être atteinte que par la pensée, la réalité du monde et sa matière n'étant qu'une représentation et une approximation imparfaite de la vérité. Cette différence fondamentale qui existe depuis l'antiquité peut être prise comme la distinction irréductible entre le courant idéaliste et le courant matérialiste.

Philosophie antique

 

Les atomistes considèrent que l'univers et la matière sont constitués uniquement d'atomes, particules indivisibles, assemblés par hasard et de manière purement mécanique. Les pères en sont les Grecs Leucippe et son disciple Démocrite (vers 460 - 370 avant JC), pour lesquels la formation du monde et la vie s'expliquent par les positions, les mouvements, les collisions et les associations de ces atomes qui en sont la seule réalité. L'âme est une sorte de feu composé d'atomes en suspension dans l'air et qui se désagrège au moment de la mort.

Cette théorie basée sur les atomes est reprise un siècle plus tard par Epicure (341-270 av JC) qui en fait une description moniste et matérialiste de la réalité, sans finalité et sans référence à une intervention divine. Avec le clinamen (déviation spontanée des atomes dans leur trajectoire), forme de liberté mécanique, il introduit une part d'indéterminisme pour laisser du libre arbitre à la volonté humaine. Le disciple le plus célèbre d'Epicure, le romain Lucrèce (90-52 av JC), développe largement la théorie atomiste dans son poème \"De la nature\".

 

Philosophie moderne

L'hégémonie de la pensée idéaliste fondée sur celle de Platon et des philosophes chrétiens, comme Saint Augustin (354-430), durera pendant près de 20 siècles. Le matérialisme, bien que ne pouvant s'exprimer ouvertement, n'a jamais complètement disparu. Il se développe à nouveau au XVIe siècle, à partir d'une relecture des textes de l'antiquité, selon deux courants distincts, l'un anglais et l'autre français. En Angleterre :

Francis Bacon (1561-1626) souhaite que l'on donne à la science les moyens de dominer la nature et de contribuer au bien-être de la société. Pour Thomas Hobbes (1598-1679) qui nie l'existence de l'âme, l'expérience est la seule base de toute connaissance. John Locke (1632-1704), pour qui les idées ne viennent que par les sens, fait de l'expérience le fondement de sa philosophie.

 

En France : Pierre Gassendi (1592-1655) propose une explication de la nature très proche de celle de Lucrèce. René Descartes (1596-1650), tout en restant idéaliste et en défendant la religion, reconnaît un dualisme avec une matière autonome qui obéit à ses propres lois. Il veut créer une science matérialiste dont il formule les méthodes sur la voie du mécanisme. Pour lui, l'homme possède une âme, mais l'animal est une \"machine\". Le terme \"matérialisme\" est utilisé pour la première fois en 1668 par l'écrivain et philosophe mystique anglais Henri More (1614-1687) et en français, un peu plus tard, en 1702 par Leibniz (1646-1716) pour caractériser la pensée de ceux qui n'admettent que l’existence des corps. \"Le siècle des Lumières\" Le combat contre les dogmes religieux donne une valeur positive au matérialisme qui devient l'un des grands courants de pensée du XVIIIe siècle. C'est l'opposition entre le monisme et le dualisme.

 

La Mettrie (1709-1751) rejette tout dualisme corps / âme. Un siècle après Descartes, il reprend la notion d' \"animal-machine\" pour l'étendre à l’humain et en faire l’\"homme-machine\". Denis Diderot (1713-1784), qui est l'un des plus grands matérialistes avant Marx et Engels, expose qu'il n'y a que la matière. Elle suffit pour tout expliquer car elle n'est pas inerte, mais toujours en mouvement et susceptible de sensibilité. Citons également Helvétius (1715-1771) et Holbach (1723-1789) qui ont contribué à l'élaboration de la pensée matérialiste.

 

 

Transition : cependant, la complexité de la nature humaine et l’incapacité d’apporter des réponses à certaines questions que persistent semblent imposer des limites à la conception matérialiste, mécaniste du vivant.

Sur le plan des connaissances, il semble que la notion d’esprit à elle seule soit incapable de rendre compte da la nature humaine.  La rationalité scientifique ne peut pas rendre compte intégralement de la complexité de la réalité étudiée. D’où l’idée de l’esprit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. II.                 Sur le plan scientifique, sur le plan des connaissances : on ne peut pas se passer de la notion d’esprit pour définir l’homme : l’homme est à la fois matière et esprit.

 

 

  1. 1.       Les spiritualistes.

 

C’est la thèse défendue par les spiritualistes.

Spiritualisme (du latin spiritus, esprit).

Le mot spiritualisme désigne toute doctrine qui admet l'existence de l'esprit, de l'âme individuelle.

 

1.1     Il existe deux spiritualismes. 

 

2 formes différentes : il y a un spiritualisme dualiste et un spiritualisme idéaliste.

 

Dualiste : coexistence de la matière et de la pensée. Tout n'est pas matériel.

Idéaliste : l'esprit seul existe, la substance étendue n'est que l'apparence, la vraie réalité est inétendue et immatérielle. Rien n’est réellement matériel.

 

 

 

1.2     Origine, histoire, sens et arguments majeurs du spiritualisme.

 

La tradition spiritualiste, dans son sens métaphysique, remonte à Anaxagore (Ve siècle avant JC) pour qui \"l'esprit\", c'est l'âme, le souffle qui s'oppose à la matière solide et inerte.

 

Dans l’histoire de la philosophie, les matérialistes sont rares; le spiritualisme, au contraire, outre qu'il est implicitement compris dans les religions qui, avec l'immortalité de l'âme, admettent la sanction de la loi morale dans une autre vie, est la doctrine de diverses écoles de l'Antiquité, comme celles de Pythagore, de Socrate, de Platon, ou de l'école d'Alexandrie; Aristote, en lui refusant la personnalité après la mort, distinguait cependant l'âme du corps.

 

Chez les Modernes, Descartes l'a établie en distinguant d'une manière bien tranchée l'esprit de la matière; s'il n'a pas bien démontré l'existence de cette dernière, il ne l'a pas niée; Bossuet, Fénelon, Locke lui-même, l'ont également soutenue. C'est encore la doctrine de l'Ecole française du XIXe siècle, qui se rattache à Descartes et à Platon.

 

But du spiritualisme : démontrer l'existence de l'âme, c.-à-d. de démontrer que la matière, et en particulier le corps organisé, et plus spécialement le cerveau n'explique pas la pensée; que la pensée n'est pas un produit ou une fonction du cerveau; en un mot, ce qui est capital, pour tout spiritualiste, c'est la critique du matérialisme.

 

Quelques arguments :

 

-          J'ai conscience d'être un; or cette unité est inexplicable par la matière de notre corps qui est en un perpétuel tourbillon.

-          J'agis, je fais effort sur mes organes ou sur mes idées : or cette activité ne peut s'expliquer par la matière qui est passive.

-          Enfin, il y a en moi des facultés qui, en tous cas, même si la simple conscience pouvait sortir de la matière, resteraient irréductibles : la raison ne peut se ramener à la sensation, la liberté au désir, la moralité à l'intérêt, bref la pensée humaine à l'intelligence animale.

 

ð   Donc, la pensée humaine n'étant pas explicable par la matière, il faut une force spéciale pour l'expliquer, une force immatérielle, c'est l'âme. Cette âme n'a du reste pas besoin d'être démontrée par le raisonnement : elle est connue directement par la conscience. 

 

1.3     Descartes

 

Descartes (1596-1650) reconnaît le dualisme, avec une matière autonome qui obéit à ses propres lois.

« LE CORPS EST UNE MACHINE QUI SE REMUE DE SOI-MÊME »

Corps = de la matière et rien que de la matière. À l'inverse d’Aristote pour lequel il existe un principe d’animation, l’âme (animus : esprit),  Descartes affirme que le corps est matière, rien que matière. Matière  = res extensa, substance qui, au-delà de toutes les qualités secondes, se définit par la seule propriété d'être étendue. Elle peut, de ce fait, être étudiée géométriquement et faire l'objet d'une science.

 

DUALISME

Le modèle de la machine

Si on élimine ainsi l'âme comme principe de mouvement et qu'on s'en tient aux seules propriétés géométriques de la matière pour expliquer le corps, c'est alors le modèle de la machine qui s'impose, « une machine qui se remue de soi-même », un automate naturel comparable à des horloges.

 

Pour l’Homme, Descartes prend bien soin d'en exclure absolument les fonctions intellectuelles. Celles-ci relèvent exclusivement d'une toute autre réalité, l'âme, débarrassée de toute implication physique, ou plutôt l'esprit, mens, dont toute la nature n'est que de penser, et qui pourrait très bien exister, même si le corps n'existait pas. Ainsi si l'homme est en tout point comparable à l'animal quand on considère son corps, il s'en différencie radicalement dès lors que l'on considère que lui, et lui seul, possède cette âme qui lui permet de penser, de vouloir et de raisonner, c'est-à-dire d'échapper au règne de la nature auquel pourtant il est appartient.

 

Selon Descartes, l’homme a une âme raisonnable qui le différencie radicalement de l'animal. Il semble ainsi que Descartes n'ait tant insisté sur l'identité entre le corps de l'homme et le corps de l'animal que pour mieux mettre en évidence la rupture ontologique entre l'homme et l'animal.

 

Cette âme par laquelle l'homme se différencie radicalement de l'animal est en elle-même une substance totalement indépendante de la matière. La res cogitans, chose pensante, est une substance immatérielle « dont toute l'essence et la nature n'est que de penser et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune chose matérielle[23] ».

 

Pensée et corps sont deux substances qui n'ont pas besoin l'une de l'autre pour exister, et qui peuvent être connues indépendamment l'une de l'autre. De l'une et de l'autre nous pouvons nous former des idées claires, car ce sont des natures simples.

La rupture ontologique

On voit ainsi que ce qui fait que l'homme est homme et non animal, c'est son esprit, doué de raison et de volonté, cette conscience qu'il a d'exister parce qu'il pense. L'animal parce qu'il ne possède pas cette faculté est totalement différent de l'homme. Et contrairement à ce que défend Montaigne par exemple, la différence ainsi introduite n'est pas de degré, mais de nature, car « les bêtes n'ont pas moins de raison que les hommes, elles n'en ont point du tout ».

ð  L’Homme se définit donc selon Descartes par un corps au même titre que tout le reste mais aussi et surtout par son esprit, son âme pensante.

 

 

 

 

 

 

D’autre part, nous pouvons opposer aux matérialistes la critique du philosophe Karl Popper, qui, avec John Eccles, explique dans son œuvre Le Soi et son cerveau que l’homme est inassimilable à une machine. En effet, pour suivre son idée, l’homme ne pressentirait plus rien du tout s’il ne possédait pas d’âme, il n’aurait pas conscience de ce qui est autour de lui.

« les êtres humains sont irremplaçables, et parce qu’ils sont irremplaçables ils sont clairement très différents des machines. Ils sont capables de jouir de la vie, capables de souffrir et de faire face à la mort avec conscience. Ce sont des « soi » ; ils sont fins en soi, comme le dit Kant.

Cette vue me semble incompatible avec la doctrine matérialiste qui soutient que les hommes sont des machines. »

 

1.4     Bergson

 

Pour Bergson, la vie ne peut être réduite à une mécanique physico-chimique et le cerveau n'est qu'un support, un instrument qui permet à l'esprit de s'insérer dans la réalité.

 

Bergson, L’Energie spirituelle : la conscience dépasse ce qui enferme le corps dans un « ici » et dans un « maintenant ». Elle ouvre l’homme sur l’extérieur, elle déborde les limites de l’instant présent et de l’espace, elle nous donne des buts, des fins. La conscience est par exemple capable de manipuler les souvenirs et de créer, d’imaginer un avenir qui n’est pas encore advenu, donc elle n’est pas matérielle.

 

1.5     Pascal

Pascal qui pour définir l'homme ne le compare pas aux animaux, mais cherche à imaginer de quoi on peut priver un homme sans le priver de son statut d'homme.

\" Je puis concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n'est que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée : ce serait une pierre ou une brute. (…).\" Pensées, 339. Un homme qui ne penserait pas ne serait pas un homme, un homme sans idée ne serait pas un homme, un homme qui ne parlerait pas ne serait pas un homme. Seulement, Pascal ajoute que dans une telle hypothèse, on pourrait tout de même avoir affaire à un homme, mais à un homme qui n'en est pas un vraiment : une brute. C'est un homme du point de vue de l'espèce et ce n'est pas un homme du point de vue de la définition de ce qu'est un homme. On retrouve ici la même ambiguïté qu'avec la définition d'Aristote.

 

  1. 2.       Le matérialisme n’est pas  contradictoire avec des préoccupations spirituelles

 

A priori, l’idée d’esprit ne semble pas remettre en cause l’idée d’une réalité matérielle de l’homme. De nombreux philosophes matérialistes ne nient pas que l’homme se distingue par son esprit : ils refusent simplement de voir dans l’esprit quelque chose d’immatériel et montrent, comme le fait  La Mettrie, dans l’Homme-machine, que ce n’est pas le caractère immatériel de l’esprit humain qui fait sa grandeur, puisque même s’il s’avérait n’être fait que de boue, il n’en serait pas moins admirable.

En outre, une philosophie matérialiste n’est pas forcément incompatible avec des préoccupations spirituelles, comme le montre la philosophie d’Epicure, laquelle accorde une bonne place à la connaissance et à la sagesse, et considère que le contentement de « l’âme », fait d’une matière subtile, est au moins aussi nécessaire que celui du corps pour mener une vie heureuse.

 

 

  1. 3.       La culture au-delà du biologique.

 

Distinction nature et culture :

 

Nature = le monde dans son ensemble, abstraction faite des transformations que l’homme y a produites : vents, marées, plantes, étoiles, êtres vivants, maladies, mort…

L’homme lui-même, en tant qu’organisme vivant, fait partie de la nature. Son organisme obéit à des lois physico-chimiques. La nature désigne l’ensemble des activités qui existent indépendamment de l’activité humaine.

 

La culture comprend tout ce qui n’existerait pas sans l’activité humaine : œuvre d’art, table, vêtement, habitation, pont …

si le bois d’une table est naturel, le travail effectué sur ce bois pour obtenir la table, fait de celle-ci un objet culturel. La culture désigne l’ensemble des réalités matérielles et spirituelles produites par l’homme. Or cette production suppose la transmission d’une mémoire, qui n’est plus celle des gènes, mais celle de la tradition.

 

Culture = héritage et nature = hérédité.

 

L’esprit, c’est donc  ce qui est à l’œuvre au-delà de l’individu dans une histoire des idées, des valeurs, des civilisations. Ce qu’on peut appeler la culture  l’ensemble des productions humaines constitutives de l’individu, au sein de la société dans laquelle il vit suppose des échanges qui passent par la langue, la mémoire, des règles, du commun toujours renouvelé et imprévisible qui dépasse les mécanismes individuels du fonctionnement du cerveau, et en cela l’apparition d’une forme de transcendance créatrice de valeurs ou habitudes toujours nouvelles.

 

Ne peut-on nommer cela l’esprit d’un peuple ou d’une civilisation ? [=(création de différences historiques et culturelles et, dans une même culture, à la fois conservation et évolution par rapport à la tradition)].

 

Penser semble l’affaire d’une conscience privée, qui réfléchit en son « for intérieur ». mais les mécanismes de la pensée sont-ils des jeux privés ? ces jeux existent-ils sans un langage, nécessairement collectif ? existent-ils sans une mémoire, nécessairement reliée à d’autres mémoires ? existent-ils sans règles du jeu : logiques, sociales, morales …, règles établies en dehors du cerveau, par la culture ?

L’esprit est à l’œuvre hors du cerveau, dans une histoire des idées, des valeurs, des civilisations.

C’est précisément le propre du cerveau humain d’accueillir l’acquis culturel, de s’adapter à des environnements et des milieux sociaux sans cesse changeants. Peut-on évacuer de l’esprit cette liberté créatrice qui, émergeant des déterminismes hormonaux ou neuronaux, ne peut s’y réduire ?

 

 

Si l’esprit est réductible au fonctionnement de l’ordinateur, ce qui ne peut toutefois être satisfaisant, on l’a dit : aussi puissant soit-il, l’ordinateur ne sait pas traduire parfaitement un texte en langue étrangère ; il ne sait pas choisir le sens à donner à une expression d’après le seul contexte ou l’implicite du propos.

 

 

 

 

 

  1. III.              Sur le plan moral, on ne peut pas non plus se passer de la notion d’esprit pour définir l’homme.

 

Le matérialisme pose des problèmes que l’on pourrait qualifier d’affectifs au sens où il peu être synonyme de désenchantement. Réduire le phénomène de la vie à de la matière, c’est en effet lui enlever une grande part de son mystère et de son côté sacré.

 

D’autre part, montrer que l’esprit pourrait se réduire à un organe, le cerveau, c’est aller contre l’idée d’une âme immortelle et d’une possible existence au-delà de celle de notre corps. En outre, l’idée d’un être transcendant, immatériel, autrement dit Dieu, n’aurait plus de sens. Ce débat n’engage donc pas que des spéculations théoriques, mais aussi des croyances existentielles.

 

Cela conduit par ailleurs à s’interroger sur la possibilité de manipulations sur le vivant, ce qui pose des problèmes éthiques. Si on oublie la dimension spirituelle de l’homme, si on le réduit à une machine sans conscience => risques de dérives.

 

L'enjeu bioéthique.

Cette question rejaillit aujourd'hui, de façon apparemment moins dramatique, à l'occasion de la question des manipulations génétiques. La congélation massive d'embryon à des fins de travail scientifique, comme l'est aussi celle de l'avortement, nous invitent à penser ce qui fait qu'un être est humain. Tout être conçu par des humains est-il humain ? Les clones, probables, sont-ils humains ? L'hypothèse de la fabrication d'êtres à mi chemin  entre l'humanité et l'animalité pour des taches dangereuses se fait parfois entendre.

 

Remettre en cause l’idée de libre arbitre. En effet, si nous sommes intégralement matière, cela implique que comme le reste de la réalité matérielle, nous sommes soumis au strict déterminisme des lois physiques. Nos décisions volontaires ne seraient donc qu’une illusion de notre conscience.

 

 

L’idée d’une réalité immatérielle, l’esprit, ne renvoie pas, on l’a vu, à une croyance illusoire. Il serait toutefois illégitime de prétendre en faire un objet de connaissance authentique, dans la mesure où une telle réalité ne peut pas être perçue par nous, puisque dans les conditions de notre expérience sensible, nous ne rencontrons que de la matière. La notion d’esprit ne peut faire l’objet que d’une croyance, mais d’une croyance légitime.

 

Elle est au cœur des trois grandes idées métaphysiques auxquelles l’homme a besoin de croire, comme le rappelle Kant :

-          l’idée d’une âme immortelle

-          libre arbitre

-          l’existence de Dieu. Ce besoin de croire trouve sa légitimité dans la présence en nous de la loi morale, donc dans la conscience que nous avons de notre devoir. En effet, cette conscience n’aurait aucun sens si nous n’étions pas libres de remplir le devoir auquel elle nous invite. C’est notamment ce qui rend légitime la croyance en l’idée d’une âme immatérielle en nous, comme racine de notre libre arbitre.

 

De même, à l’échelle individuelle, ne doit-on pas distinguer ce qu’il peut y avoir de mécanique de ce qu’il peut y avoir de novateur, d’imprévisible dans nos facultés mentales ?

 

// CF BERGSON, L’âme et le corps dans L’Energie Spirituelle : le spirituel est ce qui émane de cette réflexion ou de cette création qui transcende les simples fonctions utilitaires et pratiques de l’intelligence tournée vers les nécessités de la vie.

L’esprit (la conscience)n’est pas une chose, une substance, mais un vécu ; il est par définition parfaitement individuel.

Csq : ce que je pense est ainsi toujours nouveau et jamais prévisible, ce qu’il nomme liberté par opposition à la matière (et avec elle le cérébral) qui est inscrite entièrement dans la nécessité.

 

Liberté de créer, liberté de penser, de s’affirmer en tant qu’individu de façon autonome et libre.

Condition humaine

Que reste-il de notre liberté si tout est matériel ?

 

Si l’homme n’est qu’une machine déterminée par des lois, comment ses actes peuvent-ils avoir une valeur morale ?

 

Transition : A première vue, la conception dualiste de l’homme, c’est-à-dire le fait qu’il soit constitué d’un corps et d’un esprit, semble satisfaisante pour répondre à la question de la définition de l’homme. Cependant, le débat continue de faire rage, et soulève de nombreuses discussions.

Si la question est encore à ce point source de désaccord, c’est qu’elle semble ne pas satisfaire le esprits.

 

 

  1. IV.              Les limites d’une définition de l’homme fondée sur le corps et l’esprit.

 

  1. 1.       Les difficultés soulevées par la question du rapport entre l’âme et le corps.

Comment deux entités distinctes, que tout semble opposer peuvent-elles rendre dompte d’une seule réalité ?

 

Lien entre l’âme et le corps.

 

  • Descartes : glande pinéale, partie du cerveau qui réaliserait l’union de l’âme et du corps.

Hypothèse absurde.

 

  • Pour Spinoza : l’âme et corps ne sont pas deux parties de l’être humain mais deux dimensions strictement parallèles : la série des états de l’âme (événements psychiques) et celle des états du corps (événements physiques) coïncident au point que l’une des

deux peut être considérée comme la traduction, l’expression de l’autre. De même que l’on peu décrire une même cathédrale en termes matériels (pierres et forces) et en termes formels (lignes, style), on peut donner une traduction psychiques d’états physiologiques, comme on peu donner une traduction physiologique d’états psychiques.

L’âme et le corps ne sont que les deux faces d’une même réalité.

 

  • Leibniz : harmonie préétablie : esprit et corps = deux horloges réglées dès le départ avec la plus extrême minutie.

 

 

  • L’ « hylémorphisme » de Aristote, De l’âme (IV sicle avant JC).

Plutôt que de distinguer l’âme et le corps comme deux réalités, nous rendant par là même incapables d’en concevoir l’union, Aristote propose d’en faire deux éléments inséparables, tels que la matière et la forme.

Il le montre notamment, avec les « affections de l’âme » (colère, crainte, joie, tristesse,…), car en même temps que se produisent ces déterminations, le corps éprouve une modification.

La notion est la forme de la chose, mais elle se réalise dans la matière si l’on veut qu’elle soit. Une notion, une simple idée, n’a aucune existence si elle n’est pas la forme d’une matière.

 

  • Solution plus courante : identifier les faits mentaux aux processus neuronaux qui la

produisent. Présupposé central des neurosciences.

 

 

Face à ces difficultés, la tentation peut être grande de tout ramener à l’esprit ou à la matière : monisme.

-          On a déjà démontré la légitimité de croire en un esprit.

-          L’esprit pourrait-il être la seule réalité ? l’homme pourrait-il être défini essentiellement par son esprit ?

C’est la thèse des immatérialistes.

 

  • Immatérialisme.

Doctrine philosophique qui nie la réalité objective du monde extérieur.

Immatérialisme est

proprement la négation de la matière, et c'est souvent le nom que l'on donne au système de Berkeley. Berkeley (George), célèbre métaphysicien irlandais, né à Kilkrin en 1684, mort en 1753.

En effet, Berkeley prétend conserver au monde extérieur toute sa réalité : les objets que nous percevons par nos sens existent aussi réellement que nous-mêmes, et ils sont bien tels que nous les percevons, car ils ne font qu'un avec nos perceptions. Ce qu'il nie formellement, c'est l'existence d'une entité qui serait, pour ainsi dire, cachée derrière ces objets et que nos perceptions nous désigneraient sans la contenir, substance étendue, inerte et cependant active, puisqu'on suppose qu'elle agit sur notre esprit et détermine en nous des sensations.

Matière= représentation de l’esprit

Rien n'existe que ce qui perçoit ou ce qui est perçu, esse est percipi. Or, ce qui est perçu, ce n'est pas la prétendue matière, car personne n'a jamais vu ni touché les atomes de Démocrite et d'Epicure, non plus que l'étendue pleine et indivise de Descartes, ce sont les corps, les objets extérieurs, avec toutes leurs propriétés de couleur, d'odeur, de saveur, etc., lesquelles ne sont que nos propres idées ou sensations ; et ce qui perçoit, c'est l'esprit; de

Liens utiles