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Peut-on parler de nature humaine ?

Publié le 27/02/2008

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Parler de nature humaine, c'est parler d'une essence de l'homme, c'est à dire qu'il existe un certain nombre de caractéristiques qui lui sont propres, qui lui sont communes et qui s’appliquerait à chacun d’eux.

Or, lorsque nous l’observons attentivement, nous remarquons de suite leurs différences (qui peuvent être la couleur des cheveux, la taille, la carrure, etc.) et non ce qu’ils ont en commun (comme 2 mains, 2 jambes, etc.). Cette différence nous interpelle plus que leurs points communs.

En effet, d’un côté, nous parlons de nature de l’homme qui semble légitime puisque rien ne semble pourvoir être dépourvu de nature tandis que de l’autre, il semble que cette idée soit vaine parce que les différences entre les individus sont telles qu'ils semblent n'avoir rien en commun. Toute ces observations nous amènent à la réflexion suivante : Pouvons-nous parler de nature de l’homme ? Nous étudierons en premier lieu comment pourrait-on reconnaître cette nature ? Pouvons-nous parler de « sélection » afin de dégager une définition de l’homme ? Par quels moyens ?

 

Par définition, la nature humaine est l’ensemble des caractéristiques commun à tous les hommes. En effet, si nous supposons que cette nature humaine existe, il n'est possible de la trouver que si on recherche les points communs à tous les hommes, donc en éliminant tout ce qui les différencie les uns des autres, qui sont liées soit à la nature, l'appartenance à une culture, la nature de leurs actes.

Il n'est pas plus nécessaire à un homme pour être un homme d'être une femme ou un homme, jeune ou âgé, malade ou en bonne santé, riche ou pauvre, blanc ou noir, saint ou criminel, musulman ou hindou ou athée, intelligent ou stupide. La question est alors de savoir ce qui reste une fois qu'on a éliminé tout ce qui diffère d'un homme à un autre. Nous pouvons alors être tentés de dire que ce qui est commun, ce qui reste, c'est une commune appartenance à la même espèce animale, l'espèce humaine.

Seulement, cette définition de l'homme n'est qu'une définition apparente.

En effet, lorsque nous réduisons l'homme à ses propriétés biologiques, nous n'éliminons pas toutes les différences entre les individus car justement il existe plusieurs différences qui sont biologiques comme l'âge, le sexe, l'état de santé .

Dire que les hommes sont les membres de l'espèce humaine, c'est ne rien dire du tout, c'est dire que l'homme est comme  tous les hommes. C'est confondre une définition avec les êtres à définir, en omettant ce qui leur est essentiel, propre.

Cependant, nous ne pouvons nous contenter d'une pareille définition de l'homme car il n'est pas sûr que ce qui fait le propre de l'homme puisse être saisi en terme biologique : on ne se voit soi-même seulement comme un être biologique, de plus, nous voyons encore moins  les autres seulement dans corps ou faisant partie d'une espèce.

Donc, réduire l'homme à ses propriétés biologiques, revient au fond à définir l'homme comme on définit les animaux, à savoir à partir de données biologiques. Or, si c'est un lieu commun de dire que l'homme est un animal en tant qu'il est un être biologique, il n'en reste pas moins commun de dire qu'il se distingue d'eux. Mais justement, en quoi se distingue-t-il d'eux ? Si on parvient à différencier l'homme des animaux, il sera peut-être alors possible de dire quelle est son essence.

Qu'est-ce qui distingue donc un homme d'un animal ? Qu'est-ce que cela signifie que dire qu'on ne naît pas homme, mais qu'on le devient par la vie sociale qui rend possible l'apprentissage d'une langue et l'expression d'idées ?

 

Dire que l'on ne devient un homme qu'au sein de la vie sociale, c'est dire que l'on ne devient un homme qu'au sein d'une culture déterminée et puisque toutes les sociétés dans lesquelles on devient homme, ont une culture propre. Voilà une des causes majeures qui explique pourquoi les hommes sont si différents les uns des autres : ils ne deviennent hommes qu'au sein d'une société, donc d'une culture, or les cultures sont différentes les unes des autres et elles déterminent les individus dans leur langue, leur manières d'être, de se comporter, de penser, de sentir, de telle sorte qu'ils finissent pas tous se distinguer les uns des autres. L'homme ne devient ce qu’il est qu'au sein de la culture, or la culture est dénaturante, aliénante en cela qu'elle transforme très fortement les individus qui sont en son sein de telle sorte qu'elle les distingue à la fois de ceux qui appartiennent à d'autres cultures et entre eux au sein d'une même culture.

Ce qui fait l'homme est donc en dehors de lui, objectif et ne le fait homme que par assimilation. La nature de l'homme n'est pas dans sa nature biologique, elle est dans l'assimilation de ce qui fait la culture.

Cette définition de l'homme est par ailleurs confirmée en quelque sorte par les enfants sauvages, notamment Victor de L'Aveyron. Certes, c'est bien malgré lui qu'il était sauvage, c'est-à-dire en forêt, mais à un âge où de toute façon il n'aurait pas pu choisir quoi que ce soit. Il n'est pas devenu un homme accompli, par exemple n'a jamais vraiment appris à parler, ni à lire ou écrire faute d'avoir passé son enfance en compagnie des hommes, en cité. Il est un homme par son appartenance à l'espèce humaine, mais n'est pas un homme accompli parce qu'il ne présente pas les traits que l'on retrouve ordinairement chez les hommes, du moins ceux de son époque, sans que ce manque puisse être mis sur le compte d'une arriération mentale, comme d'abord on l'avait pensé. Il n'est pas un homme idiot, il n'est pas devenu un homme.

Cependant, cette définition ne doit pas cacher son ambiguïté : si elle définit l'homme en son essence, elle n'en exclut pas moins tous les membres de l'espèce humaine qui ne sont pas devenus humains parce qu'ils ne vivent pas en société politique, celle précisément où l'on s'exprime au sujet du juste et de l'injuste parce qu'on y vit selon le juste et l'injuste. On n'est pas un homme, on le devient par la vie sociale et politique.

 

 

A l’évidence, l’homme est un être qui n’a pas d’essence, de nature, que la nature humaine n’existe pas. C’est ce que soutient Sartre dans L’existentialisme est un humanisme. L’homme n’a pas de nature, il a une condition et une histoire, une histoire individuelle qui prend place dans une histoire collective. Or, tout ce qui a une histoire n’a pas de définition parce que tout ce qui a une histoire est en devenir et on ne peut définir que ce qui ne devient pas, ce qui est déterminé de telle sorte que quoi qu’il arrive, ce qui est ne devient pas.

 

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