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Peut-on comprendre le présent si l'on ignore le passé ?

Publié le 09/03/2011

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Nous avons tous déjà pensé ou dis « j'efface le passé et je recommence. « Mais qu'est-ce que le passé si ça n'est une dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité et le présent si ce n'est l'instant qui nous sépare du passé qui n'est plus et du futur qui n'est pas encore. Comprendre le présent présente deux sens, celui du passé qui renvoi d'abord à la réalité actuelle envisagé de notre point de vue ou la dimension temporelle du présent envisagé indépendamment de tout contenu. Ignorer le passé signifie donc de ne pas vouloir le connaitre, refuser de lui faire face, ne serait-ce parce qu'il n'est plus. L'ignorance du passé se présente comme un obstacle à la compréhension du présent, la personne qui ignore son passé, l'amnésique, le peuple ou le professeur de philosophie peuvent-ils comprendre leur présent ? Cette question renvoie au problème de l'importance de la connaissance du passé, pour penser le présent. Comprendre le présent n'est-ce pas l'articuler au passé dont il est issu ? N'est-ce pas s'efforcer de monter la connexion rationnelle qui unit l'événement présent à la situation antérieure qui l'a rendue possible ? Au fond, la dimension temporelle du présent a-t-elle un sens indépendant de son articulation au passé ? Pour tenter de répondre à ses questionnements, nous verrons dans un premier temps en quoi la connaissance du passé est la condition irréfutable de la compréhension du présent, nous montrerons que le présent n'a de sens que par rapport au passé dont il résulte. Enfin, nous examinerons en quoi à l'inverse, une connaissance trop nourrie du passé peut nuire à la connaissance du présent. 
Connaitre le passé est une condition à la compréhension du présent. En effet, le présent est souvent bien incompréhensible. Nous pourrions nous demander pourquoi une telle explosion de violence existe dans le conflit israélo-palestinien alors que ce sont deux peuples frères ? Pourquoi voit-on l'actualité comme une suite d'évènements accidentels voire fortuits ? Simplement, l'ignorance de la situation passée interdit de comprendre ce présent que nous vivons mais dont le sens nous échappe. A un niveau individuel, la connaissance et la recherche au travers d'une psychanalyse des traumatismes qui ont structuré notre personnalité psychique sont autant de moyens pour mieux comprendre ce que l'on est au présent et ce que l'on doit au passé, considéré comme élément de structuration de sa propre histoire. Il semble donc aller de soi que l'on est dépendant du passé pour comprendre le présent.
Au fond, comprendre c'est relier le présent au passé. Mais le passé n'est jamais que du présent qui n'est plus que de « l'avoir été «. En outre, il y a un présent de ce passé. Comprendre le présent, c'est l'articuler au passé qui est encore en quelque manière présent. On voit donc que la compréhension du passé et la compréhension du présent vont de pair. Il n'est guère possible de dissocier ces deux différentes dimensions du temps. De plus, l'expérience que l'on acquiert nous permet d'affronter le présent et le futur avec une corde supplémentaire à son arc. Pour en venir à des besoins purement matériels, sans le passé nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd'hui puisque ça n'est pas nos contemporains mais nos ancêtres qui ont tout découverts , du feu jusqu'à l'électricité en passant par les chiffres arabes. 
Mais tout n'est pas si simple, Frederich Nietzsche a bien souligné dans les secondes considérations inactuelles, à quel point la connaissance du passé pouvait aveugler celui qui veut comprendre le présent. Il y a une vertu de l'oubli, le regard est libéré des anciennes habitudes et considère le présent d'un ½il plus libre et plus vivant. Si l'animal jouit d'un bonheur dont l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas de mémoire supérieure. Seul l'homme dit « je me souviens « et pour cela il lui est impossible de vivre heureux et pleinement épanoui. En effet, c'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert la conscience du temps et donc celle de la fugitivité de toutes choses, y compris de son être propre. Il sait que ce qui à été n'est plus et, ne sera plus. Cette présence du passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vrai bonheur. De plus, le passé parait à l'homme comme l'irréversible, et l'irrémédiable. Il marque la limite de sa volonté de puissance. L'instant présent ouvert sur l'avenir, est le lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance. Le passé au contraire change et fige la contingence en la nécessité du « cela a été «. Dès lors, la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification du passé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté. C'est pourquoi l'homme s'appuie contre le poids de plus en plus lourd du passé qui l'écrase ou le délivre, qui alourdie sa démarche tel un invisible fardeau de ténèbres. Sans l'oublie l'homme ne peut vouloir agir, il est un être malade, il est l'homme du ressentiment. Notre santé mentale, dépend de la faculté de l'oubli, faculté positive dont le rôle est d'empêcher l'envahissement de la conscience par les souvenirs. Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action. Par elle l'homme se re-sent, et tant qu'elles sont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien «. Englué dans sa mémoire, l'homme s'en prend à l'objet de ces traces dont il subit l'effet avec un retard infini et veut en tirer vengeance : « nous n'arrivons à se débarrasser de rien, à rien rejeter. Tout blesse. Les hommes et les choses s'approchent indiscrètement de trop près, tous les événements laissent des traces ; le souvenir est une plaie purulente. « 
Enfin, nous pouvons dire que d'une part, que le passé nous offre quelques clefs pour interpréter l'actuel, mais, de l'autre ce dernier n'est pas entièrement réductible à ce qui fut il peut aussi être responsable de toute rancunes existantes. En conclusion, c'est parce que l'homme sait qu'il a un passé qu'il peut prendre du recul para port au présent et tenter d'agir sur l'avenir

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