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Petite Épître Au Roi , Clément Marot

Publié le 22/10/2010

Extrait du document

marot

 

1– Présentation  du texte

 

      1-1) La tradition de l’épître

 

   Marot reprend ici la tradition latine de l’épître, à laquelle il donne vigueur et humour. Elle devient une forme populaire au début du XVI siècle et connaît un vif succès car elle reproduit une conversation familière. On voit ici qu’il n’y a qu’une incise du vers 10 au 20 puis du vers 24 au 26.

 

1-2) Structure du texte

 

   Supplique en trois parties de trois situations d’énonciation différentes qui donnent son efficacité à la demande :

    - vers 1 à 8 : la poète expose au Roi la difficulté d’être poète. Présence nombreuses de la première personne du singulier..

    - vers 9 à 20 : seconde partie composée au discours direct (présence de ponctuation et de verbes de communication).

L’oralité est reproduite par la familiarité (cf. rimes) suffixées de façon péjorative : le tutoiement au vers 13, la conversation avec « Henri Macé « sur la nécessité de faire des vers. On trouve un certains nombres de rimes équivoquées (ou équivoques). Ex : v 13-14 : ce sont des rimes de prononciations identiques mais dont le sens n’apparaît qu’à la lecture.

    - vers 21 à 26 : le « vous « ramène au Roi. L’épître devient supplique. Les trois derniers vers se présentent sous la forme d’un discours indirect et ont valeur d’épitaphe. Et représente un remerciement anticipé au Roi pour sa générosité.

 

2- Un texte entre la brillante fantaisie verbale et la narration comique.

 

2-1) La virtuosité

 

   Les vers impairs sont réservés au mot rime et ses dérivées et les rimes des vers impairs sont obtenus en faisant suivre le mot rime par un autre son surprenant (ex : v 13-14) . Il obtient le même son en faisant suivre le mot « rime « par d’autres mots inattendus. Il joue sur la coupe qui apporte de l’ambiguïté provoquant le rire et le plaisir.

 

2-2) Inventiter et trouvailles

 

   Marot créait des néologismes, preuves de l’inventivité et du dynamisme de sa langue. (Ex : « rime assez « v 5, 11 et 25 « rimoyer « v15). Ou se sert de synonymes ou de mots de la même famille ou de synonymes de rimer. Le jeu se termine en apothéose lorsqu’il juxtapose synonyme et néologisme au vers 25 « rimassa, rima et rimonna «. Les mots « rimailleurs « et « rimant « par leur sufffixe diminutif donne à l’activité poétique un aspect artisanal. Afin de respecter la rime Marot forge des néologismes (ex : v2 « m’enrime «) qui vient de la contraction « en rimant «, même chose au vers 24 où la contraction de « en « et de « aller « donne « s’allait en rimant «. Il utilise ce même procédé pour le nom propre « Henri Macé « (v 12) qu’il invente pour la rime et le jeu de mots.

 

2-3) L’aspect comique

 

   Le comique apparaît dans l’exercice des rimes équivoquées où Clément Marot joue sur les effets de paronomase : c’est une figure de style qui consiste à rapprocher des mots de sonorité voisine mais de sens différent. Le jeu verbal ne concerne pas seulement la rime mais peut concerner d’autres parties comme au vers 7 où l’on entend 2 fois ce groupe « ma rime «.

 

2-4) Le jeu sur les sonorités

 

   Le groupe sonore [rim] est utilisée 31 fois en 26 vers. A cela, il faut ajouter les sons [r]-[i]-[m] répartis dans tout le poème qui crée allitérations et assonances (répétition de la même consonne dans un même groupe – répétition de la même voyelle dans un même groupe). Ces efforts de sons et de rimes se distinguent par :

    - leur transformation phonétique : au vers 25 « rimailleurs « devient « rimassez «

    - la connotation péjorative ou comique : ex au vers 24 « rimailleur «

    - les rimes inattendues : vers 3 et 4 : « rimailleurs « devient « rimes ailleurs «.

 

   2-5) Conclusion

 

   Dans ce poème, le jeu sur les mots ne se limite pas  une virtuosité technique. Il révèle aussi l’amour du poète pour les mots et donc de la vie. En procédant ainsi, Marot perpétue une tradition qui mêle la virtuosité  la contrainte et qui va dees grands rhétoriqueurs jusqu’au moderne OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle) = groupe de recherches qui a vu le jour  Lyon en 1960 qui explore des nouvelles contraintes d’exploration littéraire.

 

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