Personnages et vision du monde
Publié le 23/02/2014
Extrait du document
«
Intertextualité : un personnage de la littérature italienne :
Corpus :
Extrait 1 :
Le roman de Balzac s'ouvre sur la description de la pension Vauquer, dans laquelle logent une bonne partie des
personnages du livre, et dont voici la propriétaire...
« Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer
précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes
d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal.
Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous
lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées.
Sa face
vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa
personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle
où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide
sans être écoeurée.
Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression
passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne
explique la pension, comme la pension explique sa personne.
Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous
n'imagineriez pas l'un sans l'autre.
L'embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie,
comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital.
Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa
première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le
salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires.
Quand elle est là, ce
spectacle est complet.
Agée d'environ cinquante ans, madame Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont
eu des malheurs.
Elle a l'oeil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer
plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou
Pichegru étaient encore à livrer.
Néanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la
croient sans fortune en l'entendant geindre et tousser comme eux.
Qu'avait été monsieur Vauquer ? Elle ne
s'expliquait jamais sur le défunt.
Comment avait-il perdu sa fortune ? Dans les malheurs, répondait-elle.
Il s'était.
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