Pere Goriot

Le père Goriot Vautrin s'assit au bout de quelques minutes sur un fauteuil près du cheminée encore chauffant la chambre. Il avait un regard noir, impénétrable, en fixant le coin opposé du salon. Une jeune fille dans ses vingtaines qui était femme de ménage dans la même pension s'approcha doucement de lui et s'assit juste en face dans le canapé rouge. "Bonsoir monsieur!" lui dit-elle en ouvrant son livre. Vautrin leva ses yeux et la regarda pendant quelques secondes. Elle lui ressemblait beaucoup trop : ses yeux bleu d'océan, son sourire innocent, ses cheveux lisses et bruns foncés. Il savait que ce n'était pas elle, pourtant il ne cessait pas d'y croire. "Bonsoir." lui dit-il sans aucune expression sur son visage pétrifié. "Vous venez d'où?" demanda-t-elle avec un large sourire. "Marseille." répondit-il en l'examinant un peu plus. "Qu'est-ce qui vous amène ici, à Paris?" Vautrin la regarda pour un instant et répondit: "Des affaires." dit-il fermement en coupant le contact visuel. "Vous êtes marié? Vous avez des enfants?" "Non et non." Elle se leva et apporta la carafe d'eau. "Vous en voulez?" "Non." "ça me parait plutôt étrange que vous ne soyez pas marié, vous semblez un homme bien et intelligent." déclara-t-elle. "Vous savez, la vie est plaine des pièges et surprises négatives. Vous êtes encore jeune, vous avez toute votre vie devant vous et vous croyez que tout c'est fait avec du lait et du miel." il toussa et puis continua "Mais cette vie ce n'est qu'un petit test avant le grand examen : La Mort. Et quand tu as déjà vu la mort, tu as déjà une autre vision de la vie, la vie te prépare pour cet eternel destin qui t'attends patiemment mais constamment." Le sourire avait disparu et la fille le regardait maintenant effrayée et sans clignement. Elle avait peur, mais elle restait là en essayant de comprendre ce qu'il venait de dire. Il lui faisait peur maintenant. Elle ne l'avait pas vu avant, mais maintenant elle le voyait, elle voyait ce regard noir comme le charbon avant d'être brulé. Elle voyait la terreur et l'envie de tuer, mais, au fond de ce regard, elle aperçu aussi la tristesse. Alors, elle lui demanda: "Monsieur, pourquoi vous êtes si triste?" Ému, Vautrin se leva du son fauteuil et se tourna vers le feu rouge et brulant. "Quand j'étais jeune, vers dix-huit ans, j'ai rencontre cette fille, et pendant cinq ans je n'ai pu voir plus personne autour de moi. Je savais que quelque chose du mal allait se passer, parce que tout allait parfaitement entre nous deux. J'avais raison. Un jour, en allant chez elle, je l'ai trouvée à cote de son lit, par terre. Mon monde était en train de s'écrouler si vite et si soudain. Je ne voulais pas le croire un seul instant. Pendant des mois et des mois j'ai essaye à trouver celui qui a pu commettre cette horrible crime et après un an je l'ai trouvé. J'ai commence par lui voler tout et par tuer chaque membre de sa famille et à la fin c'était à son tour." La jeune le regarda horrifiée sans mouvement, sans respirer et envahie de peur. Il continua: "J'ai commencé alors à aller partout où je pouvais trouver une hôte à m'accueillir. J'ai connu des personnes qui auraient bien fait de ne pas me connaitre. J'étais cherche par la police pendant des années et j'ai vécu dix ou quinze ans dans des prisons de partout. Maintenant j'essaye passer mon temps plus tranquille en faisant ce que je fait le mieux. Je répare des serrures de partout et je gagne plutôt bien." Il s'arrêta et se tourna vers la fille qui était maintenant dans un coin du canapé, toute petite sans rien dire. Elle pouvait rien dire de toute façon, elle n'avait jamais entendu ou vecu une chose pareille. Elle n'avait jamais vu la mort. Vautrin s'approcha d'elle avec un sourire et lui dit: "Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire du mal. Tout ce que je t'ai dis c'est la preuve que cette vie est une bataille continue et impossible à gagner contre la mort. Maintenant tu ne peux pas comprendre, mais tu va comprendre un jour et te souvenir de cette histoire que je t'ai racontée." Il l'aida à se lever et lui dit: "Aller va te coucher, ça a était une longue nuit." La jeune le regarda pendant quelques secondes et commença a monter vers sa chambre.