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Pensez-Vous Comme Elle Que La Connaissance Du Passé Est Indispensable ?

Publié le 22/10/2010

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Avant 1881, année où Jules Ferry commença à poser les fondations de ses réformes qui instauraient une éducation gratuite, obligatoire, et laïque ; de nombreux débats portaient sur l’enseignement en général. Une fois ces valeurs ancrées profondément dans les mœurs, ces sempiternels débats ce sont portés sur le contenu de cette éducation. L’histoire fut au cœur de ces discussions, et c’est dans un des nombreux essais écrits sur ce thème que Régine Pernoud, illustre historienne, a dit « Il est dangereux de faire des amnésiques «. Il faut d’ors et déjà distinguer les deux sens que peut signifier le mot « Histoire « : il y a premièrement le passé vécu par tout le monde, la réalité historique objective ; et deuxièmement, l’analyse et la compréhension de l’histoire, ainsi qu’une réflexion critique, totalement subjective donc. Sous l’hyperbole de Régine Pernoud se cache donc une véritable question : la connaissance du passé est-elle vraiment indispensable ? ou au contraire cette connaissance doit-elle être enseignée avec parcimonie, et ne doit-elle pas être une matière prédominante. Nous aborderons ces deux points de vue dans un développement argumenté.

 

 Selon le dictionnaire de la langue française, le passé est relatif à une époque révolue, et au temps qui s’est écoulé. D’après cette définition, on remarque que le passé a été, mais n’est plus. 

 Au-delà de la réalité historique, l’interprétation. En effet, la narration de faits se fait de manière subjective. Comme l’objectivité absolue n’existe pas, les historiens induisent toujours certaines tendances dans leurs textes. Cette éternelle subjectivité ne serait pas sujet de discorde si les chercheurs ne se servaient pas de l’Histoire à leur gré. D’après Paul Valéry dans _Regards sur le monde _actuel, « L’histoire justifie ce que l’on veut, car elle contient des exemples de tout et donne des exemples de tout «. Non seulement les historiens peuvent inclure un jugement, mais l’Histoire ne ment-elle pas elle aussi ? Déjà, il y a-t-il une Histoire ou des histoires ? Non seulement l’histoire est celle des vainqueurs, mais certaines données peuvent être falsifiées, oubliées, erronées : les négationnistes sont les preuves que toute histoire peut-être remodelée à notre guise, et que même un fait aussi immuable que la Shoah peut-être démenti avec ferveur. Enfin, il est toujours question de l’histoire officielle, de l’histoire acceptée, ce qui peut-être un frein à d’autres découvertes. Celle-ci à donc plusieurs facettes dues à ses nombreuses manipulations. La littérature tient une place extrêmement importante dans cette intemporelle quête de vérité, de subjectivité. En effet, grâce aux livres écrits par l’Homme de l’époque, l’historien obtient un regard non-anachronique sur la vie à une époque donnée, et donc ce dernier peut faire part d’un témoignage autre que le sien. C’est en recoupant toutes les données utilisées dans les livres que le chercheur peut tendre vers la subjectivité, peut réellement mesurer la portée d’un acte sur les hommes et l’époque. Parmi les nombreux exemples possibles, le très touchant Si c’est un homme de Primo Lévi, qui narre avec émotion la Shoah, apporte un témoignage poignant et réaliste. Cependant, puisque la littérature induit forcément une trace écrite, les civilisations où l’histoire se transmet par voie orale doivent-elles être négligée par l’homme d’aujourd’hui ? Par exemple, nous n’avons aucune trace écrite de la civilisation Gauloise. La seule que nous possédons en rapport avec eux nous vient de César dans La Guerre des Gaules, il nous est donc difficile de se fier aveuglément à ces écrits, puisque qu’ils émanaient de l’ennemi. C’est pourtant une des grandes parties du programme enseigné à l’école. Le fait est que la rigueur de ces informations est soumise à controverse, et que les inexactitudes sont une des limites à l’enseignement de l’histoirelorsque les civilisations ne nous ont pas laissé de trace écrite. 

 Premièrement, l’Histoire permet à l’Homme de se souvenir. Ces souvenirs, ce travail de la mémoire est capital si nous voulons avancer. Grâce à l’histoire, nous pouvons tenter de comprendre les erreurs précédentes, et, si possible, les éviter. Les hommes doivent surtout comprendre leurs fautes, car sans cette compréhension fondamentale, l’enseignement de l’histoire est totalement inutile. On peut citer par exemple la réimplantation de camps de concentration en Yougoslavie en 1993, où la conservation, toujours d’actualité, des goulags, désormais appelés « Colonies pénitentiaires«, mais où le but est le même qu’en URSS au temps de Staline (les numéros d’identification de ces camps sont restés les mêmes que ceux des goulags). Cependant, si l’histoire est correctement enseignée, le bénéfice est conséquent : lors de la seconde guerre du Golf, les Américains invoquèrent le syndrome de Munich (en référence au recul des gouvernements français et britanniques en 1938) pour faire tomber Saddam Hussein. Même s’il est possible de contester cette guerre, personne ne pouvait se targuer de connaître les véritables desseins d’Hussein. Dans ce cas, le monde, a réfléchi, a tiré des conclusions de l’histoire : c’est ici le deuxième sens de l’histoire qui est mis en évidence : son analyse et sa compréhension. 

 Enfin, la littérature peut s’appuyer sur l’histoire, mais l’inverse est également possible : en effet, des livres comme La Bible ou Le Capital changèrent la face du monde à jamais. De plus, l’enseignement de cette littérature est très important pour notre réflexion critique. Lors de la prise de pouvoir d’un dictateur, l’histoire n’est-elle pas la première matière à être changée ? Les livres sont toujours les premières « victimes « des régimes totalitaires, à l’image des autodafés qui ont marqué l’Histoire de leur funeste empreinte. La littérature est donc tout aussi importante que l’histoire pour la connaissance et la compréhension du passé. 

 Nous venons de voir que l’enseignement de l’histoire dépendait intrinsèquement du progrès. Peut-on alors enseigner une chose aussi sibylline que l’art ou la poésie, où toutes notions de progrès est discutable ?

 

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