Penser, vouloir, juger, agir : pourquoi est-ce une certaine façon de s'oublier ?
Publié le 10/03/2004
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Les quatre verbes correspondent à des notions dont le sens est très large et variable. Penser : exercer sa faculté rationnelle, proprement humaine, sur certains objets, dans un but pratique ou spéculatif. Vouloir : exercer sa volonté, sa capacité à désirer, à souhaiter, à poursuivre certains buts. Juger : exercer une certaine faculté de discernement, manifester un recul qui permet de trancher entre plusieurs points de vue, plusieurs alternatives, grâce à sa raison. Agir : effectuer certaines actions, généralement d’une manière organisée et réfléchie. Il s’agit ici de relier ces quatre verbes à une idée beaucoup plus précise : celle de s’oublier. Est-ce s’oublier soi-même comme individu (oublier qui on est, notre identité), ou s’oublier comme espèce (oublier notre nature humaine, la fausser, se prendre pour ce que l’on n’est pas, se tromper sur notre essence). Ces deux points de vue (individu et espèce) peuvent être envisagés. Ces quatre verbes – penser, vouloir, juger, agir - correspondent à des notions d’activité et non de passivité, l’homme en est la source, et il est proprement caractérisé par eux (même si l’on peut penser que les animaux veulent et agissent). Or le sujet proposé part d’un présupposé très net : penser, vouloir, juger et agir, c’est « une certaine façon de s’oublier «. C’est cette « certaine façon « qu’il faudra d’abord essayer de définir : faut-il mettre de côté les facultés rationnelles de l’homme – auxquelles correspondent ces verbes – au profit de l’idée d’une conscience animale, instinctive ? Dans ce cas, serait en jeu une définition de la nature humaine, et cette définition considérerait l’homme comme un être de nature davantage que comme un être de raison. Ou alors, s’agit-il de dépasser le stade, imparfait, de la pensée, de la volonté, du jugement et de l’action pour trouver une sorte de conscience humaine supérieure, dans laquelle l’homme se trouverait pleinement homme et ne « s’oublierait pas « ? Il faudrait alors se tourner vers une conception de l’homme comme contemplatif et intuitif, tel que certaines mystiques ont pu le concevoir.
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