PAVLOV (Ivan Petrovitch)
Publié le 17/06/2012
Extrait du document
Psychophysiologiste russe, né à Riazan le 27 septembre 1849, mort le 27 février 1936. Fils d'un prêtre orthodoxe, il fait ses premières études au séminaire. En 1870, il entre à l'université de Pétersbourg. En 1879, il prend la direction du laboratoire expérimental de Botkine, élève de Claude Bernard. Il obtint, en 1904, le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur la circulation sanguine et la digestion. C'est en étudiant les sécré¬tions gastriques qu'il découvrit les mécanismes du réflexe condi¬tionnel. Il s'aperçut en effet qu'un chien salivait non seulement
à la vue des aliments, mais aussi aux indices annonciateurs du repas (par exemple, le son d'une cloche). à condition que ceux-ci aient déjà été associés fréquemment à la perception de la nourriture. A partir de cette observation, il bâtit une théorie d'après laquelle les acquisitions du psychisme se font en super¬posant à un stimulus naturel, vital, un autre stimulus qui n'a. au début, aucun rapport avec le premier, mais qui peut se substituer à lui par l'apprentissage et entraîner la même réponse. Ce qui pose bien entendu un problème de significa¬tion : que vaut le son d'une cloche pour un animal qui a faim ? Pavlov répond en affirmant que les significations elles-mêmes sont fondées sur le mécanisme du réflexe conditionné : le son d'une cloche signifie le repas comme le mot signifie la chose. Toute l'éducation vise précisément à substituer aux conduites primitives des conduites plus élaborées répondant mieux aux conditions de la vie sociale : les satisfactions instinctives sont obtenues par une voie détournée ou même remplacées par des satisfactions symboliques. La psychanalyse a repris à son compte une partie de la théorie de Pavlov, mais sous un angle purement psychologique et non plus physiologique. La réflexo¬logie pavlovienne a permis de comprendre comment on pouvait faire et défaire toute une éducation, la démonter pièce par pièce. La pédagogie. la publicité, la propagande utilisent ce mécanisme : en associant fréquemment une image à une idée qu'on veut imposer, il est possible de remodeler l'infrastructure du psychisme, de donner une assise nouvelle aux réactions. Les techniques de relaxation qui permettent, entre autres, l'accou¬chement sans douleur sont inspirées de la réflexologie pavlo¬vienne.
Ouvrages essentiels : Pavlov a écrit surtout des articles qui ont été réunis dans ses OEuvres complètes en plusieurs tomes.
Son ouvrage principal, dont la première version remonte à 1923, est Vingt ans d'expériences sur l'étude objective de l'activité nerveuse supérieure. La seconde partie de la 6e édition de cet ouvrage a été traduite en français sous le titre de Typologie et pathologie de l'activité nerveuse supérieure, parue en 1955 aux Presses universitaires de France.
LES NÉVROSES
Typologie et pathologie
de l'activité nerveuse supérieure (extrait) :
Nous voyons d'abord ce qu'on peut obtenir des névroses... sur un animal auquel fait normalement défaut l'équilibre
nécessaire entre les manifestations élémentaires de l'activité nerveuse, les processus d'excitation et d'inhibition jusqu'ici physiologiquement indécomposables. Chez un tel animal, ou bien le processus d'excitation dépasse de beaucoup le processus d'inhibition et il ne peut entièrement freiner son activité quand les conditions de la vie l'exigent (type excitable), ou bien, au contraire, le processus d'excitation est si faible qu'il est souvent démesurément freiné à l'encontre des exigences de la vie (type inhibé).
Ensuite, nous savons avec précision que cet équilibre, normalement insuffisant chez notre sujet, se rompt défini-tivement sous certaines conditions élémentaires bien déter-minées. Principalement sous trois conditions, dans trois cas. Ou nous employons comme excitants conditionnés des excitants de force excessive, au lieu des excitants faibles et moyens qui déterminent l'activité ordinaire de l'animal : autrement dit, nous surchargeons son processus d'excita¬tion. Ou nous exigeons de lui une inhibition trop forte ou trop prolongée : nous surchargeons son processus d'inhibi¬tion. Ou encore, nous faisons se heurter ces deux proces¬sus : nous appliquons nos excitants conditionnés positifs et négatifs. l'un immédiatement à la suite de l'autre. Dans tous ces cas, il se produit chez les animaux considérés une altération chronique de l'activité nerveuse supérieure, une névrose. Le type excitable perd presque entièrement sa capacité de freinage, devient extraordinairement excité. L'inhibé se refuse même à manger, lors des excitants conditionnés, tout en ayant faim. Il devient excessivement agité, en même temps que passif au moindre changement du milieu ambiant.
Imaginons que des chiens malades puissent s'observer et nous dire ce qu'ils ressentent. Ils n'ajouteraient sans doute rien à ce que nous aurions supposé pour eux dans leur position. Ils déclareraient tous avoir éprouvé un état péni¬ble, difficile. Puis les uns diraient qu'ensuite ils ne pouvaient s'empêcher de faire ce qui leur était défendu, et qu'ils en étaient punis d'une façon ou d'une autre ; les autres, qu'ils ne pouvaient plus du tout ou ne pouvaient faire tranquillement ce qu'ils avaient en général besoin de faire.
Ainsi, ce que nous avons obtenu sur nos animaux, ce sont des phénomènes physiologiques élémentaires, c'est la limite (dans l'état actuel de nos connaissances) de l'analyse physiologique. Et ce serait le tout dernier fondement, le
plus profond. de la névrose humaine : il servirait pour l'interpréter, la comprendre de la façon la plus juste.
Extrait de : Typologie et pathologie de l'activité nerveuse supérieure.
LE RÉFLEXE CONDITIONNÉ
Prenons deux expériences simples que chacun peut réussir : introduisons dans la gueule d'un chien une solution acide quelconque. Elle provoque la réaction de défense habituelle de l'animal : mouvements violents de la gueule et expulsion de la solution. sécrétion abondante de salive pour laver la muqueuse, salive qui est ensuite expulsée. Prenons mainte¬nant l'autre expérience. Un agent extérieur, par exemple un son, est mis en oeuvre avant l'introduction de la solution dans la gueule, et cela à plusieurs reprises. Qu'observe-t-on ? Il suffit de mettre en oeuvre cet agent seul pour que le chien présente la même réaction : mêmes mouvements de la gueule et même salivation.
Ces deux phénomènes sont précis et constants et doivent être définis par le même terme physiologique de « ré¬flexe «. Tous deux disparaissent si on coupe les nerfs moteurs des muscles de la gueule et les nerfs sécrétoires des glandes salivaires, c'est-à-dire les voies efférentes, ou les voies afférentes de la muqueuse buccale ou de l'oreille, ou enfin si l'on détruit le centre de coordination entre les voies afférentes et efférentes ; pour le premier réflexe, ce sera le bulbe rachidien, pour le deuxième, les hémisphères cérébraux.
Aucun jugement critique ne pourra infirmer cette cons-tatation physiologique, mais, en même temps, on voit la différence entre ces deux réflexes : 1° Leurs centres sont différents, ainsi que nous l'avons déjà dit ; 2° Comme cela ressort clairement de notre expérience, le premier réflexe est obtenu sans préparation, sans aucun conditionnement : le. deuxième, après une préparation spéciale.
Que signifie cela ? Dans le premier cas, le passage de l'influx nerveux d'une voie à l'autre se fait naturellement, sans procédé spécial. Dans le deuxième cas, ce passage n'est obtenu qu'après préparation. L'explication la plus logique est la suivante : dans le premier réflexe, il existait une voie établie par la circulation de l'influx nerveux ; dans le deuxième, il fallait établir cette voie. Cette notion est connue depuis longtemps en physiologie nerveuse et exprimée par le mot « frayage «. De cette manière, dans le système nerveux central se différencient deux dispositifs : la conduction directe de l'influx nerveux et le dispositif de fermeture et d'ouverture du circuit. Il est nécessaire de bien comprendre cette conclusion, parce que le système nerveux est un appareil d'une inexprimable complexité et d'une extraordinaire finesse, qui met en rapport les multi¬ples parties de l'organisme entre elles et l'organisme, en tant que système le plus complexe, avec le nombre infini des influences externes. Ouverture et fermeture d'un circuit électrique sont maintenant des procédés techniques cou¬rants. Que peut-on objecter à la réalisation du même principe dans ce merveilleux appareil ? La corrélation per¬manente entre un agent extérieur et la réponse de l'orga¬nisme s'appelle réflexe inconditionné, et la corrélation temporaire, réflexe conditionné (...)
Nos procédés pathogènes, qui altèrent tout le cortex*, peuvent également rendre malade une région corticale entièrement isolée ; c'est un fait très important ; il produit une forte impression. Vous avez chez un chien une série, mettons, de différents excitants conditionnés auditifs: bat¬tements de métronome, bruit, son, grincement, glou-glou, etc. Il n'est pas difficile de faire qu'un seul de ces excitants soit pathogène, provoque une vive déviation de la normale. Tant que vous employez les autres excitants auditifs, l'ani¬mal reste comme à l'ordinaire, effectue un travail régulier. Toucher au point d'application de l'excitant pathogène suffit non seulement à déformer sa propre réaction, mais aussi à perturber tout le système de réflexes conditionnés le mal causé sur un point s'étend sur tout le cortex.
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