Pauline, Alexandre Dumas
Publié le 01/02/2011
Extrait du document
En effet, le récit de Pauline entretient l’ambivalence d’Horace en particulier cet extrait qui nous montre clairement deux faces contradictoires, par son comportement vis-à-vis de la tigresse mais aussi de ses cousins (ceux-ci ayant déclenché chez Horace le désir du combat).Le lecteur peut ainsi parfaire le portrait d’Horace qui pourra permettre une meilleure analyse et compréhension de la suite du texte. L’intervention de Pauline (« ce qui se passa dans son âme, lui seul peut le dire »l.21-22, « son âme est un abîme » l.22) valorise l’aspect ambigu du comte. La métaphore adoptée de « l’abîme » compare l’intérieur d’Horace à un gigantesque trou noir inconnu de quiconque. Seule la focalisation interne d’Horace lors de sa progression vers le but final nous permet de nous identifier à lui.
Le courage d’Horace nous est transmis par le choix du point de vue, celui-ci avance « lentement » (l.1), « avec précaution » (l.1-2) (« il ne s’arrêta qu’une seule seconde » (l. 7-8)...). Il ne baisse pas les bras malgré la dangerosité du combat. Blessé par les moqueries concernant son physique efféminé, il souhaite absolument parvenir à ses fins en tuant la tigresse qui elle-même représente une force ultime qu’un être humain ne peux normalement pas égaler. Il nous apparait donc comme un personnage doté d’une force herculéenne mais capable de raisonner et d’évaluer une situation donnée à laquelle il est exposé. Les « dix-sept coups de poignard » que la tigresse reçoit illustre la puissance du jeune homme et l’acharnement du duel. Cette idée est renforcée par la gravité de ses blessures, la bête lui a « déchiré la poitrine » (l. 48-49), ainsi que le temps de son rétablissement (« lorsqu’au bout de quinze jours »-l.57) souligné par une ellipse ; celle-ci étant destinée à ne pas ennuyer le lecteur.
Hormis l’héroïsme dont fait preuve le Comte, Dumas souhaite entretenir le suspense sur son personnage en suscitant l’attention du lecteur sur sa cruauté ; pour cela il fait appel à sa pitié. Dumas se sert de l’innocence et de la faiblesse des petits pour révolter son lecteur et accentuer la férocité d’Horace qui reste sans pitié. Il voit que « ses petits jouaient sous son ventre » (l. 19-20) et que sa proie semblait refuser le combat « de peur de quitter ses petits sans doute » (l. 24-25). Lors de ce face à face, la tigresse n’est pas décrite comme une machine à tuer, son instinct maternel est mis en valeur ; elle ne souhaite que protéger sa progéniture. Horace, lui, se rue sur elle afin de l’abattre sans aucune commisération. Horace est décrit ici comme une bête sauvage affamée.
On remarque que Dumas utilise un parallélisme reposant sur la structure des phrases afin de réduire les deux adversaires au même point : « un rugissement et un cri » (l.30-31), « la tigresse avait reçu dix-sept coups de poignard, le comte un coup de dent… » (l.46-47), « la tigresse était morte, et le comte évanoui » (l.46). De plus la posture du Comte et de l’animal peut renvoyer au caractère symbolique de deux amants (« les deux adversaires couchés l’un sur l’autre » (l.42-43), « l’homme et l’animal rentrèrent à Bombay couchés à côté l’un de l’autre et portés sur le même brancard » (l.51-53). Sa guérison terminée, il est récompensés par des officiers du régiment qui lui offrent des trophées ,à la hauteur de son exploit, provenant de la tigresse : «la peau de la tigresse avec des dents en perles, des yeux en rubis et des ongles d’or » (l. 58-59). Ces dons provoquent au lecteur un mélange d’attirance et de répulsion, en effet on ne peut y rester indifférent mais l’objet en soi peut aussi inciter au dégoût.
Cet extrait contient donc des informations sur Horace pouvant expliquer la raison de la mise à mort de Pauline, Dumas peut aussi grâce à la finesse de son écriture induire le lecteur en erreur.
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