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Paul Guimard, Les choses de la vie, Denoël, 1967, éditions Folio

Publié le 27/01/2011

Extrait du document

Pierre est en retard à un rendez-vous. En voiture, il roule trop vite, en réfléchissant à toutes ces petites choses qui traversent l'esprit quand on est sur la route, des choses futiles, d'autres plus graves. Puis, c'est l'accident, et Pierre comprend peu à peu l'importance réelle de ces choses de la vie. "Je voudrais avoir, comme les animaux, l'instinct de mes besoins, tout deviendrait évident et facile, au lieu de balancer entre l'impatience des désirs superficiels et la recherche confuses des besoins profonds." La première partie du livre est consacrée à l'accident. Par les pensées de Pierre, Paul Guimard nous montre l'absurdité de ces situations terribles où tout bascule en quelques secondes, par un concours de circonstances, parfaitement logique, mais qui place face à ce grand mystère du hasard. Pierre voit arriver l'accident, il sait qu'il ne pourra pas l'éviter; il le subit. Puis Paul Guimard laisse la première personne pour présenter les quelques minutes du drame, dans un très bel exercice de narration. L'auteur nous replonge ensuite dans l'inconscient de Pierre, qui revoit l'accident, le revit, cherche à en analyser tous les détails. "Je suis absolument dans mon droit mais je suis piégée. Je vais exactement un peu trop vite, la camionnette est exactement un peu trop de travers, le camion est exactement un peu trop prêt, la route est exactement un peu trop étroite. Et merde! Il n'y a pas une probabilité sur un million pour que tout tourne aussi mal, pas sur un milliard, et ça tombe toujours sur un type qui n'a rien à se reprocher, qui roule trop vite, d'accord, mais sans excès". Et une question le hante, une question troublante car elle l'oblige à cerner sa responsabilité, non seulement dans l'accident, mais dans tous ses faits et gestes de la journée. "Tout s'est joué en deux secondes, je voudrais savoir lesquelles" Dans une deuxième partie, Pierre réagit, comprend la gravité de l'accident, le handicap probable. Il pense à son fils et s'adresse directement à lui.  Il réfléchit à nouveau, notamment aux changements qu'il devra accepter, à ceux qu'il voudra imposer, car son regard sur le monde est bouleversé. Et là , se mêlent sa vie et son accident, les choix, les dénis, les illusions. "On ne fait que projeter autour de soi son petit cinéma intime". Enfin, Pierre accepte l'accident comme l'occasion d'une nouvelle chance : l'homme qui sortira de l'hôpital ne sera plus lui, mais son "jumeau à renaître" ; et celui-ci sera différent. "Il sait désormais que chaque seconde peut-être la dernière. Tout le monde le sait mais une fois pour toute. Lui, au contraire, ne cesse de le savoir et là réside la différence. Il tire de cette proposition une dynamique et une morale". Et pourtant, dans ce discours de prise de conscience, malgré le dégoût pour cet autre qu'il était, égoïste, insouciant, les questions sur le hasard le hantent encore.  Ce roman pourrait être une succession de clichés sur la vie, une morale "bien pensante", mais ce n'est absolument pas ainsi que je l'ai perçu. J'y ai vu  la douloureuse réflexion d'un homme qui comprend sa part de responsabilité dans son existence. Pourtant, ses pensées, parfois confuses, restent de vaines résolutions, et la fin du livre, l'histoire de la lettre à Hélène, clôt le roman sur une note moins optimiste que celle du film. Voilà un livre impossible à poser avant de l'avoir terminé, un livre qu'on referme en pensant aux "choses de la vie"... Je crois avoir lu que Paul Guimard avait écrit ce roman après avoir été victime d' un accident. J'ai voulu lire ce roman, adapté par Claude Sautet dans un film qui reste parmi mes préférés. Les personnes nées après la sortie du livre ont sans doute, comme moi, d'abord connu l'histoire grâce aux diffusions du film à la télévision. Claude Sautet adopte un point de vue plus large que celui du roman. En respectant le fil des pensées de Pierre, il enrichit son histoire de toute la partie qui concerne la relation avec Hélène. Je vous invite à aller voir "La chanson d'Hélène" que Florinette avait eu la bonne idée de mettre sur son blog. Après la lecture de ce livre, j'ai pensé à un petit défi de lecture.... je vous en reparlerai !

 

Résumé des Choses de la Vie :

 

Pierre Delhommeau est avocat. Il a 44 ans, et roule sur la N13 en direction de Rennes au volant de sa MG, pour rejoindre un confrère.

 

Dans sa poche, une lettre écrite il y a plusieurs mois dans un moment de colère, et adressée à sa femme Hélène. Dans cette missive au lyrisme égoïste, Pierre lui annonce qu'il la quitte. Il fuit son intransigeance, sa façon toute personnelle d'essayer de faire coller la réalité à son propre point de vue, ses colères, son intolérance. Cette lettre ressemble aux petits mots qu'écrivent les enfants dans leur journal intime : « Je hais mon père et ma mère «.

 

Et puis... la colère tombe. Il ne quitte pas Hélène, mais conserve la lettre, sans vraiment savoir pourquoi.

 

Les pensées s'enchainent dans l'esprit de Pierre Delhommeau alors qu'il roule vite, mais pas trop, sur la nationale. Quel diner va lui servir son confrère ce soir ? A quelle heure a lieu la plaidoirie demain ? Quels ont été les mots d'Hélène à travers la vitre juste avant son départ ?

 

Lorsqu'il aperçoit la bétaillère devant lui, sur la droite de la route, et son conducteur rougeaux qui tente de la faire redémarrer, Pierre examine la situation. Il a le temps de passer sur le coté. S'il ne freine pas.

 

C'est sans compter le poids lourd qui déboule en face. Deux secondes, deux toutes petits secondes perdues et l'accident n'aurait jamais eu lieu .

« Pierre Delhommeau est avocat.

Il a 44 ans, et roule sur la N13 en direction de Rennes auvolant de sa MG, pour rejoindre un confrère. Dans sa poche, une lettre écrite il y a plusieurs mois dans un moment de colère, et adresséeà sa femme Hélène.

Dans cette missive au lyrisme égoïste, Pierre lui annonce qu'il la quitte.Il fuit son intransigeance, sa façon toute personnelle d'essayer de faire coller la réalité à sonpropre point de vue, ses colères, son intolérance.

Cette lettre ressemble aux petits motsqu'écrivent les enfants dans leur journal intime : « Je hais mon père et ma mère ». Et puis...

la colère tombe.

Il ne quitte pas Hélène, mais conserve la lettre, sans vraimentsavoir pourquoi. Les pensées s'enchainent dans l'esprit de Pierre Delhommeau alors qu'il roule vite, mais pastrop, sur la nationale.

Quel diner va lui servir son confrère ce soir ? A quelle heure a lieu laplaidoirie demain ? Quels ont été les mots d'Hélène à travers la vitre juste avant son départ? Lorsqu'il aperçoit la bétaillère devant lui, sur la droite de la route, et son conducteurrougeaux qui tente de la faire redémarrer, Pierre examine la situation.

Il a le temps depasser sur le coté.

S'il ne freine pas. C'est sans compter le poids lourd qui déboule en face.

Deux secondes, deux toutes petitssecondes perdues et l'accident n'aurait jamais eu lieu .. »

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