parler et vous dire ce qui lui plaira ; il ne faut, dans aucun des deux cas, prendre soi-même tout d'abord la parole, car on risquerait alors de n'entendre que sa propre voix.
Publié le 23/10/2012
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parler et vous dire ce qui lui plaira ; il ne faut, dans aucun des deux cas, prendre soi-même tout d'abord la parole, car on risquerait alors de n'entendre que sa propre voix. — Il résulte de tout ce qui précède que les oeuvres des arts plastiques contiennent à la vérité toute sagesse, mais seulement à l'état virtuel ou implicite ; la philosophie a pour tâche de nous en donner la forme actuelle et explicite, et en ce sens elle est aux arts ce que le vin est à la vigne. Ce qu'elle s'engage à fournir est en quelque sorte un gain déjà réalisé et net, un bien ferme et durable ; le profit qui résulte des créations et des travaux de l'art est au contraire une acquisition qu'il faut chaque fois renouveler. (Monde, III, 216-17.) 2. L'IDÉE ET LE CONCEPT. LE CRÉATEUR ET LES IMITATEURS L'Idée, c'est l'unité qui se transforme en pluralité par le moyen de l'espace et du temps, formes de notre aperception intuitive ; le concept au contraire, c'est l'unité extraite de la pluralité, au moyen de l'abstraction qui est un procédé de notre entendement ; le concept peut être appelé unitas post rem, l'Idée unitas ante rem. Indiquons enfin une comparaison qui exprime bien la différence entre concept et Idée : le concept ressemble à un récipient inanimé ; ce qu'on y dépose reste bien placé dans le même ordre ; mais on n'en peut tirer (par les jugements analytiques) rien de plus que ce que l'on y a mis (par la réflexion synthétique) ; l'Idée, au contraire, révèle à celui qui l'a conçue des représentations toutes nouvelles au point de vue du concept de même nom, elle est comme un organisme vivant, croissant et prolifique, capable en un mot de produire ce que l'on n'y a pas introduit. En conséquence, quelle que soit dans la pratique l'utilité du concept, quelles que soient ses applications, sa nécessité, sa fécondité dans les sciences, il n'en reste pas moins éternellement stérile au point de vue artistique. Au contraire, une fois conçue, l'Idée devient la source véritable et unique de toute oeuvre d'art digne de ce nom. Toute pleine d'une vigoureuse originalité, résidant au sein de la vie et de la nature, elle n'est accessible qu'au génie ou à l'homme dont les facultés s'élèvent pour un instant jusqu'au génie. C'est seulement d'une vision aussi directe que peuvent naître les oeuvres véritables, celles qui portent en elles l'immortalité. Comme l'Idée est et demeure intuitive, l'artiste n'a aucune conscience in abstracto de l'intention, ni du but de son oeuvre ; ce n'est point un concept, c'est une Idée qui plane devant lui : aussi ne peut-il rendre aucun compte de ce qu'il fait ; il travaille, comme on dit vulgairement, à vue de nez, inconsciemment, instinctivement. Tout au rebours, les imitateurs, les maniéristes, « imitatores, servum pecus «, passent du concept à l'art : ils notent ce qui plaît et ce qui fait de l'effet dans les vrais chefs-d'oeuvre ; ils l'analysent, ils le conçoivent sous forme de concept, c'est-à-dire abstraitement ; ils en font enfin, à force de prudence et d'application, un pastiche avoué ou inavoué. Semblables aux plantes parasites, ils sucent leur nourriture, ils la tirent des oeuvres des autres et ils prennent la couleur de leurs aliments comme les polypes. Poussant plus loin la comparaison, on pourrait encore dire qu'ils ressemblent à des machines qui broient très menu et qui mélangent tout ce que l'on y jette, mais qui n'ont jamais pu le digérer ; de cette façon les éléments étrangers peuvent toujours être reconnus, isolés, distingués. Seul le génie peut être comparé à un corps organisé qui digère, élabore et produit. Sans doute il se forme à l'école de ses prédécesseurs et à l'exemple de leurs oeuvres, mais il ne devient fécond qu'au contact immédiat de la vie et du monde, sous l'influence de l'intuition ; voilà pourquoi l'éducation, si parfaite qu'elle soit, n'éclipse jamais son originalité. Tous les imitateurs, tous les maniéristes conçoivent sous forme de concept les oeuvres étrangères qui leur servent de modèles ; or jamais un concept ne pourra donner à une oeuvre la vie intime. Les contemporains, c'est-à-dire tout ce que l'époque produit de gens médiocres, ne connaissent que les concepts et sont incapables de s'en détacher ; voilà pourquoi ils accueillent avec empressement et enthousiasme les oeuvres pastichées : mais peu d'années suffiront pour rendre ces mêmes oeuvres ennuyeuses ; car le fondement unique sur lequel repose leur charme, c'est-à-dire l'esprit du temps, et l'ensemble des concepts familiers à l'époque, seront bien vite transformés. Il n'y a que les oeuvres véritables, puisées directement au sein de la nature et de la vie, qui restent éternellement jeunes et toujours originales, comme la nature et comme la vie elles-mêmes ; car elles n'appartiennent à aucune époque, elles sont à l'humanité ; les contemporains, auxquels elles dédaignent de complaire, les accueillent avec froideur on ne peut leur pardonner d'avoir implicitement et indirectement dévoilé les égarements de l'époque ; aussi ne leur rend-on justice que sur le tard et d'assez mauvais gré ; mais en revanche elles ne peuvent vieillir ; jusque dans les temps les plus reculés, elles conservent leur expression, leur fraîcheur, leur jeunesse toujours renaissante ; d'ailleurs elles n'ont rien à craindre ni du mépris, ni de l'oubli, du moment qu'elles ont été couronnées par l'approbation et par les applaudissements de ce petit nombre d'hommes éclairés qui apparaissent à de rares intervalles dans les siècles et qui rendent leurs arrêts ; ce sont leurs suffrages, en s'accumulant, qui constituent à eux seuls l'autorité et l'arbitre auxquels on entend faire appel, quand on invoque le jugement de la postérité. Je renvoie le lecteur aux plaintes que les grands génies de chaque siècle élèvent contre leurs contemporains : elles ont l'air d'être d'aujourd'hui ; c'est que la race humaine est toujours la même. En tout temps et dans tous les arts la manière se substitue à l'inspiration, laquelle est la propriété exclusive d'un petit nombre : or la manière, c'est un habit sous lequel le génie a brillé un instant ; une fois usé, il le rejette et on le ramasse. Il ressort de tout cela qu'en général, pour avoir l'approbation de la postérité, il faut renoncer à celle des contemporains, et réciproquement. (Monde, I, 245-7.) C) L'HOMME EST CAPABLE DE S'ÉLEVER A LA CONTEMPLATION, MÊME SANS GÉNIE L'homme de génie néglige la connaissance des relations qui repose sur le principe de raison ; il ne voit et il ne cherche dans les choses que leurs Idées ; il saisit leur essence propre, cette essence qui se manifeste au contemplatif... S'il existe dans les réalités particulières qui nous entourent quelque chose d'imparfait ou d'altéré, le génie n'a qu'à y toucher pour l'élever jusqu'à l'Idée, jusqu'à la perfection ; il ne voit partout que les extrêmes ; il ne sait point garder la juste mesure, il manque de modération ; et il en résulte
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- En face d'une oeuvre d'art, il importe de se taire comme en présence d'un prince: attendre de savoir s'il faut parler et ce qu'il faut dire, et ne jamais prendre la parole le premier. Faute de quoi, on risquerait fort de n'entendre que sa propre voix. Le Monde comme volonté et représentation (1819) Schopenhauer, Arthur. Commentez cette citation.
- En face d'une oeuvre d'art, il importe de se taire comme en présence d'un prince: attendre de savoir s'il faut parler et ce qu'il faut dire, et ne jamais prendre la parole le premier. Faute de quoi, on risquerait fort de n'entendre que sa propre voix. Le Monde comme volonté et représentation (1819) Schopenhauer, Arthur. Commentez cette citation.
- « En face d'une oeuvre d'art, il importe de se placer comme en présence d'un prince et de ne jamais prendre la parole le premier. Faute de quoi, l'on risquerait fort de n'entendre que sa propre voix. » Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818. Commentez cette citation.
- Que faut-il entendre par l'expression prendre conscience ?
- Que faut-il entendre par le mot de « solidarité » ? Vous montrerez comment le fait de la solidarité nous invite, ne fût-ce que dans notre propre intérêt, à nous occuper des autres autant que de nous-mêmes. Il faut évidemment commencer par définir le mot de solidarité. Le texte du sujet vous y invite. Mais même s'il ne commençait pas par cette question il faudrait partir, dans votre discussion, d'une définition précise.