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Parlant vers 1960 des dangers de la télévision, Louis-Ferdinand Céline exprime l'opinion suivante : «Personne ne pourra empêcher maintenant la marche en avant de cette infernale machine. Adieu travail! Demain, on pensera sans effort, puis on ne pensera plus et on crèvera enfin de la plus triste vie.» Au cours d'une réflexion organisée, vous vous demanderez si la télévision, parce qu'elle aide à penser «sans effort», est, comme le suggère Céline, une source d'abêtissement et d'ennui.

Publié le 22/02/2012

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travail
On s'accorde sur le fait que la bonne littérature puisse avoir une fonction d'éveil. Elle développe l'esprit critique, ouvre l'esprit, contribue à la vivacité de l'intelligence. Un discours convenu veut que la télévision ait sur les esprits une action tout à l'opposé. Elle anéantirait l'esprit critique, endormirait l'intelligence, supprimerait l'effort et donc abêtirait. Depuis un demi-siècle, les enseignants, s'appuyant sur des textes mille fois ressassés de Duhamel ou de Maurois, répètent à satiété ce discours éculé. Récemment, François Brune — Le Bonheur conforme (Gallimard), Les Médias pensent comme moi (L'Harmattan) — a repris ce flambeau fumeux. Il est possible que les enseignants défendent leur pré carré face à un média perçu comme une menace. Toujours est-il que ce sont eux qui vous corrigent. Avec un sujet de ce type, vous êtes donc tiraillés entre la prudence et la sincérité. La prudence voudrait qu'après quelques concessions aux médias, le développement soit tout à la gloire de la littérature (la grande bien sûr). La sincérité vous inclinerait peut-être à un autre discours. Les moeurs ont cependant un peu changé et on peut prendre aujourd'hui le risque de ne pas dire que du mal de la TV. Pourtant, il faudra bien distinguer ce qu'elle est souvent (effectivement une entreprise de décervelage), ce qu'elle est parfois (stimulante, source de beauté, ouverture sur le monde) et ce qu'elle pourrait être (un merveilleux outil de culture). Il faut donc éviter le catastrophisme et distinguer ce média en lui-même des structures qui s'en servent au lieu de le servir.

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