Ovide, les Métamorphoses (extrait).
Publié le 07/05/2013
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Ovide, les Métamorphoses (extrait). Le livre III des Métamorphoses est consacré aux légendes thébaines et à la lignée de Cadmus, dont le petit-fils Penthée refuse le culte de Bacchus (Dionysos) qui se répand. Interrogeant Acetes, adorateur du nouveau dieu et pirate de son état, Penthée apprend comment un jeune enfant, Liber -- en réalité Bacchus --, fut enlevé par des pirates et comment, une fois en mer, le dieu se révéla et métamorphosa les marins qui ne voulaient pas le suivre. Les Métamorphoses d'Ovide [...] Enfin Bacchus (car c'était Bacchus), comme si les cris avaient dissipé sa torpeur et réveillé sa raison engourdie par le vin : « Que faites-vous ? quels sont ces cris ? dit-il. D'où vient, matelots, que je me trouve ici ? où voulez-vous m'emporter ? -- Cesse de craindre, répondit le pilote de proue ; nomme seulement le port où tu veux toucher : nous te mettrons à terre selon tes désirs. -- Dirigez votre course, dit Liber, vers Naxos : c'est ma demeure ; cette terre vous sera hospitalière. « Les perfides jurent par la mer et par tous les dieux qu'ils le feront ; et ils m'ordonnent de livrer aux vents les voiles de la nef peinte. Naxos était à droite : je tournais le navire à droite, lorsque : « Que fais-tu, insensé ? Eh ! Acétès -- chacun criait de son côté -- tu deviens fous ? tourne à gauche «. La plupart me font des signes ; d'autres me murmurent leur volonté à l'oreille. Immobile d'horreur : « Qu'un autre prenne la barre «, dis-je ; et je refusai service à ce crime perfide. On me couvre d'invectives et toute la bande gronde. « Tu te crois donc, dit Aethalion, seul maître de notre salut ? « Il vient prendre ma place et tourne le dos à Naxos. Alors le dieu, par jeu, comme s'il découvrait seulement l'artifice, du haut de la poupe recourbée, jette un long coup d'oeil sur la mer ; et, feignant de pleurer : « Ce ne sont pas là, matelots, les rivages que vous m'avez promis, dit-il ; ce n'est pas la terre que j'ai demandée. Ai-je mérité ce châtiment ? Quelle gloire trouvez-vous, forts et nombreux, à tromper un enfant ? « Cependant je pleurais ; mais la troupe impie se rit de nos larmes ; les rames, hâtées, chassent les ondes...-- Ah ! je te jure sur son nom (car il n'est pas de dieu plus puissant) que mon récit est aussi vrai qu'il est peu vraisemblable. -- Voilà le vaisseau qui s'arrête sur les flots, tout comme s'il eût été à sec dans sa cale. Eux, stupéfaits, continuent à battre la mer de leur rames et larguent toutes les voiles, espérant par ce double moyen faire filer le navire. Mais des lierres embarrassent les rames, serpentent en flexibles étreintes et suspendent leurs grappes aux voiles appesanties. Le dieu, couronné de raisins, brandit une lance voilée de pampres ; et, autour de lui s'allongent des tigres, des apparences de lynx, des formes cruelles de panthères tachetées. Les hommes, vertige ou terreur, sautent à la mer. Et Médon, le premier, noircit, s'amincit en nageoires, se courbe en arc. Et Lycabas : « Quel miracle, dit-il, quelle métamorphose ! « Mais, comme il parlait, sa bouche s'élargit, son nez s'allonge, sa peau durcie se couvre d'écailles. Libys, qui peinait à retourner les rames, voit ses mains se réduire et se contracter : non plus mains, mais nageoires. Un autre voulait tendre les bras pour débarrasser les cordages : il n'a plus de bras ; privé de membres, le dos voûté, il saute dans les ondes ; et sa queue ressemble à une faux ou à la courbe du croissant de lune. De toutes parts ils bondissent et font jaillir l'eau en rosées, émergent encore et rentrent sous le flot, et jouent comme un choeur dansant et lancent capricieusement leurs corps, aspirent la mer et la rejettent de leurs larges naseaux [...] Source : Bayet (Jean), Littérature latine, Paris, Armand Colin, coll. « U «, 1996. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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