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Organisation de la narration dans l'Odyssée

Publié le 22/10/2010

Extrait du document

 

1- Narrateur et point de vue

 

Discours direct

 

On note une importance du discours direct dans l’Odyssée, proche du théâtre ==) caractère plus vivant ; caractère de véracité conféré à ce récit notamment le long récit d’Ulysse qui pourrait paraître invraisemblable s’il ne le racontait pas à la première personne.

 

Plusieurs niveaux de narration

 

Le narrateur anonyme (narrateur principal) qui est lui-même inspiré par la muse cède parfois la parole à des narrateurs seconds (le narrateur 2nd, le plus important c’est Ulysse) ; c’est le narrateur anonyme qui laisse parler un narrateur second (l’aède Démodocos, chant 8). Ces narrateurs seconds cèdent eux-mêmes la parole à d’autres personnages (c’est le cas dans le chant 11 lorsque Ulysse cède la parole à Agamemnon) ==) récits emboités.

 

Les narrateurs seconds

 

Ce sont des narrateurs, la plupart du temps intérieurs à l’histoire qu’ils racontent (c’est le cas de l’aède lorsqu’il raconte l’histoire du cheval de Troie : chant8  et il est en fait un double de l’auteur ; en s’en rend surtout par la référence à la cécité.)

 

Le récit second

 

Les récits seconds sont le plus souvent provoqués par une demande d’information ; dans ces récits secondaires, il est toujours mis l’accent sur les plaisirs qu’on a à les entendre (c’est le cas au chant 11 « à ces mots tous restèrent.. «, vers 333-334). Ensuite, il faut faire attention car il ya des relations complexes entre les récits premiers (narrateur anonyme) et les récits seconds (Ulysse) ; cette complexité réside notamment dans les mises en abîme parce que Ulysse se transforme en aède racontant ses exploits à l’intérieur d’un récit dans lequel l’aède Homère raconte les histoires d’Ulysse. On note aussi qu’il ya parfois certains écarts entre les récits (c’est le cas de la rencontre d’Ulysse rencontre Nausicaa, chant 7 « 303-307 «).

 

Le narrateur premier est omniscient

 

Il a donc un point  de vue interne ; par contre, dans le narrateur second, le point de vue est interne ==) caractère limité parce que on peut avoir une fiabilité douteuse de ce narrateur second d’autant plus que l’Odyssée met en scène Ulysse qui construit de faux récits notamment pour Athéna et Eumée, (dans la dernière partie) ; il donne nécessité d’avoir une narration manipulatrice ; dans l’épisode des Phéaciens, Ulysse met en scène des exemples de mauvaise hospitalité pour éviter que les Phéaciens ne le retiennent chez eux et envisagent un mariage à Nausicaa ; deuxièmement les Phéaciens sont proches de la mer or Poséidon est en colère contre Ulysse et celui-ci doit se mettre à son avantage pour ne pas s’attirer les foudres de son avantage.

 

   2- Organisation temporelle

 

L’action qui nous est rapportée est centrée sur 40 jours environ ==) concentration remarquable de l’action. Le rythme de la narration est très variable (on a des sommaires, des pauses, des ellipses).

 

Rythmes très rapides : la tempête qui a lieu en 17 jours de navigation est résumée en 2 vers (270-278) et on a des ralentissement très marqués par exemple le massacre des prétendants est raconté en 3 chants.

 

Ensuite on a une dilation de la durée grâce aux analepses et prolepses (Chant 6 V162-167) : On a une allusion au passé d’Ulysse avant son départ pour Troie, épisode du Cheval de Troie (raconté par Démodocos) et enfin on a le récit rétrospectif d’Ulysse lui-même. On a des prolepses suffisamment importantes : la 1ère est externe, elle sort du cadre temporelle de l’œuvre (prédiction de Tirésias = Explique à Ulysse ce qu’il doit faire pour que la malédiction de Poséidon cesse) car elle s’arrête quand Ulysse a finit le massacre des prétendants quand la cité est revenue en paix.  On a tout un tas de prolepses internes, elles sont souvent le fait de déesses. On a d’autres prolepses qui sont le fait d’Ulysse lui-même, elle se trouvent dans la 3ème (retour à Ithaque).

 

Il y a constamment une mise en valeur du destin des personnages. L’Odyssée est une œuvre très complexe du point de vu temporelle.

 

Organisation de l’espace

 

Parfois les voyages d’Ulysse son vus comme rapportés à une géographie réelle (théorie de Bérard). Il pense que l’Odyssée trouve sa source dans les manuels d’instruction nautique des Phéaciens.

 

En réalité il vaut mieux faire une lecture interne, plus symbolique. On divise plusieurs espaces :

 

 - Espace humain : Hommes mangeurs de pain. Ce sont toujours des espaces cultivés, des espaces socialisés et des espaces délimités.

 

 - Espace non humain : Miroir inversé du premier espace. Espace non socialisé et cultive mais c’est surtout un espace de solitude et d’isolement : les cyclopes vivent chacun dans leurs antres, Circée s’ennuie dans son palais, Eole n’a aucun contact avec le monde extérieur. Ce sont donc des espaces sans passé, sans mémoire, des espaces de l’oubli. Absence du respect de la règle d’hospitalité (sauf pour Eole) et absence de sacrifices faits aux Dieux.

 

 - Espace de transition : Les Phéaciens sont un espace de transition. Ils sont mortels, ils cultivent mais ils sont isolés du monde extérieur, ils ont des navires magiques et ils pratiquent des mariages incestueux (Alpinos et Arearédé) autrement dit la Phéacie est une terre de contrastes qui juxtapose la sauvagerie et la civilisation. Ce sont des gens violents qui ont du mal à supporter les étrangers (Chant 7 V32)

 

 - Le monde des Dieux : Ils font ce qu’ils veulent et les hommes n’y ont absolument pas accès.

 

Importance de l’espace Maritime

 

En grec plusieurs termes qui désignent la mer :

 

Pontos : Le grand large// Pélagos: La haute-mer perçue dans son immensité inquiétante// Laitma : Abysse de la mer// Halos : L’eau  salée et on voit qu’Ulysse navigue dans ces différentes zones.

 

Robert Grave propose une interprétation intéressante, pour lui L’Odyssée mêle deux légendes : le retour semi-historique d’Ulysse à Ithaque et la deuxième serait les aventures allégoriques d’un homme qui ne veut pas mourir ou perdre sa souveraineté car la plupart des lieux parcourus par Ulysse sont des lieux de mort (Caverne du Cyclope, l’île de Circée). De plus le porc, est en général consacré à la déesse de la mort. En plus la caverne de Calypso est entouré de plantes qui symbolisent la mort (aulnes et le persil).

 

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