On Ne Badine Pas Avec L'Amour - Scene D'Exposition
Publié le 23/11/2010
Extrait du document

On ne badine pas avec l’amour
Scène d’exposition
I- Une scène d’exposition dynamique
a. Une scène d’exposition
- Présentation du cadre spatio-temporel
o « une place devant le château « (l.1): conventionnel pour la tragédie
o « Bluets fleuris « (l.1) ; « colline « (l.27) : cadre champêtre
o « Au temps de la vendange « (l.4) : temporalité charnière ( Passage de l’insouciance de l’été à des jours moins heureux (Annonce du tragique)
- Personnages
o Maître Blazius présente son protégé, Perdican: « Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à Paris. « (l.12)
o Dame Pluche, gouvernante, présente sa protégée, Camille: « Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd’hui au château. «(l.42)
o Le chœur : tout en restant fidèle à ses attributs antiques, il devient un personnage à part entière.
▪ Tradition antique : « un verre de vin « (l.9) ; « amphore antique) (l.7)
=> Rattachement de la scène aux Dionysies (Célébrations liturgiques dédiées à Dionysos, Dieu du vin)
▪ Triple statut :
• Il présente l’action et donne la réplique aux personnages: « Maître Blazius s’avance dans les bluets fleuris «(l.3) ; « D’où venez-vous, Pluche, ma mie ? « (l.39)
• Il est subjectif, il ridiculise les personnages : « nos blés secs comme vos tibias « (l.51)
• Il transcende le temps : « nous avons vu naître le petit Perdican « (l.26) (Mémoire du passé) ; « Dame Pluche gravit la colline « (l.32) (témoin du présent) ; « quelque joyeuse bombance est dans l’air d’aujourd’hui« (l.55) (Annonciateur du future).
( Le Chœur est représentant symbolique du dramaturge.
b. Mise en abyme et symétrie des présentations
- Le Chœur annonce le gouverneur et la gouvernante (« Doucement bercé sur sa mule fringante, maître Blazius s’avance dans les bluets fleuris « (l.3)) qui, par la suite, annonce leur protégé («Il revient aujourd’hui même au château « (l.13).
( Cette mise en abyme des présentations dynamise la scène d’exposition.
- Deux tableaux d’égale longueur (28 et 24 lignes)
o Arrivée des deux fantoches sur leur monture
▪ « Doucement bercé sur sa mule fringante « (l.3)
▪ « Durement cahotée sur son âne essoufflé « (l.52)
o Ils réclament tous deux à boire :
▪ « m’apportent ici premièrement un verre de vin frais « (l.9)
▪ « un verre d’eau et un peu de vinaigre « (l.37)
o Tous deux présentent leur protégé :
▪ « Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à Paris. « (l.12)
▪ « Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd’hui au château. «(l.42)
c. Le jeu d’opposition
Maître Blazius Dame Pluche
Monture « mule fringante « (l.3) « âne essoufflé « (l.32)
Physique « ventre rebondi « (l.5) ; « triple menton « (l.6) « jambes maigres « (l.34) ; « mains
osseuses « (l.35)
Boisson « un verre de vin frais « (l.9) « un verre d’eau et un peu de vinaigre «
(l.33°
Façon de parler « mes enfants « (l.12) « canaille « (l.37) ;
« manants « (l.42)
II- Une scène d’exposition romantique
a. Des personnages grotesques
- Maître Blazius
o « un verre de vin frais « (l.9) : Buveur
o « Comme un poupon « (l.4) : Euphorique dû à la boisson
o « l’écritoire au côté « (l.4) : Candeur, infantilisation
( Embonpoint marquant son côté ballot: assimilation à Dionysos, dieu du vin.
- Dame Pluche
o Physique squelettique, sec
o « Canaille « ; « donnez-moi « (l.53) : Discours aggressif
o « Vos faux cheveux sont couverts de poussière « (l.39) ; « Votre chaste robe « (l.40) : Dépourvue de sensualité
( Froide, sèche, aigrie.
b. Des personnages sublimes
- Perdican
o « Docteur à Paris « (l.13) : Savant
o « la bouche toute pleine de façon de parler si belles et si fleuries « (l.14) : Poli, ayant de bonne manière
o « C’est un diamant fin des pieds à la tête « (l.21) ; « Toutes sa gracieuse personne « (l.16) : pureté, préciosité.
- Camille
o « La Belle Camille « (l.42) : Référence à l’Antiquité avec l’épithète homérique « Nausicaa la Belle « (Rappel du classicisme)
o « le couvent « (l.42) ; « Fleur de sagesse et de dévotion « (l.46) : Image pieuse, religieuse.
o « il n’y a rien de si pur, si ange, si agneau « : pureté, innocence, obéissance.
( Cohabitation du grotesque et du sublime : pas d’unité de ton. ROMANTISME.
c. Un mélange des genres
- Comique à travers les personnages grotesques
- Tragique à travers les personnages sublimes
- Héroï-comique : le chœur annonce l’arrivée des personnages grotesque avec un langage châtié
o « Doucement bercé sur sa mule fringante « (l.3) ; « elle égratigne son chapelet « (l.35)
- Précurseur de l’absurde :
o Bien qu’ils soient très différents, les personnages procèdent à la même action : ils arrivent, parlent puis s’en vont.
o Paroles inutiles : « il n’était pas besoin, du moment qu’il arrive de nous en dire si long « (l.27) ; « J’ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur « (l.30)
( Tout se passe comme si la parole palliait à l’inanité d’un monde mécanisé : les personnages font les mêmes choses, comme s’ils étaient programmés.
Liens utiles
- Lecture analytique de la scène d'exposition d'On ne badine pas avec l'amour, de MUSSET
- Acte II Scene 5 On ne badine pas avec l'amour commentaire
- On Ne Badine Pas Avec L'Amour, Scène D'Exposition
- Alfred Musset On ne badine pas avec l'amour
- fiche de lecture on ne badine pas avec l'amour