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« On appelle comédie, la tragédie envisagée d'un point de vue humoristique. » Commentez cette affirmation de Robert Sabatier en vous appuyant sur des oeuvres théâtrales que vous avez étudiées ou avez vues représentées.

Publié le 23/09/2010

Extrait du document

 

Problématique :

La comédie est-elle une adaptation de la tragédie ?

 

Plan :

I / Comédie et tragédie sont tous deux opposés

1. Des différences de formes : les règles d’unités, de bienséance, vraisemblance, écriture

2. Des différences de fond : les caractère, aventure, époque, dénouement et les thèmes

- Comparaison personnages d’ « Andromaque «, de Racine, et de « Les fourberies de Scapin «, de Molière.

- La séduction dans « Don Juan « de Molière en opposition avec l’amour dans « Horace « de Corneille.

3. Une visée opposée : Entre le rire et les pleurs (farces, vaudeville, commedia dell’arte…)

 

II / De la tragédie à la comédie, il n’y a qu’un changement de registre 

1. La tragédie et la comédie répondent tous deux de la catharsis, « castigat ridendo mores « :

 - Le personnage hypocrite de Tartuffe, dans la pièce éponyme de Molière, et sa préface.

2. La comédie reprend des thèmes de la tragédie :

 - Lutte contre une force supérieure avec « Le mariage de Figaro «, de Beaumarchais.

 - Recherche de l’esthétisme des personnages chez « L’Ecole des femmes «, de Molière.

 - Le thème général de l’amour contrarié.

3. La comédie utilise des procédés comiques afin de traiter de « hauts « sujets, attribués aux tragédies avec un ton léger :

 - Expression de la folie avec Harpagon de « L’Avare « de Molière.

 - Evocation de la mort dans « Don Juan « de Molière.

 

III / Comédie et tragédie sont indissociables

1. Le mélange des genres permet plus de réalisme :

- « L’illusion comique « de Corneille et sa préface.

2. Remise en cause des cadres trop rigides, les genres sont amenés à se mêler :

- « Le roi se meurt « de Ionesco.

3. Le théâtre de l’absurde qui utilise le comique le plus dérisoire, de façon à atteindre le tragique le plus sombre :

- « En attendant Godot « de Samuel Beckett.

 

Introduction :

Depuis l’Antiquité grecque, la comédie et la tragédie ont évoluées bien distinctement, en parallèle jusqu’au XVIIème siècle, où les deux genres commencent à se mêler. Ainsi, Robert Sabatier, écrivain et poète français du XXème siècle déclare que l’ « on appelle comédie, la tragédie envisagée d’un point de vue humoristique. « La comédie est-elle réellement une adaptation de la tragédie ? Il existe un gouffre profond entre ces deux genres, pourtant, certaines pièces comiques abordent plusieurs similitudes avec les tragédies classiques, enfin,  la tragédie et la comédie sont devenues indissociables au cours des siècles.

 

Partie rédigée : 

Les caractéristiques de la tragédie classique et de la comédie sont opposées. En effet, si la comédie peut obéir à la règle des trois unités, unité de temps, de lieu et d’action, son respect n’est pas obligatoire. Il en est de même pour les règles de vraisemblance et de bienséance, la pièce peut alors faire appelle à des procédés tels que les coups de bâton ou les situations absurdes. L’écriture en langue soutenue en alexandrins est également remplacée par une langue commune ou familière, facilitant l’emploie du comique de mot, tel que les déformation de la langues et les insultes. 

En plus de ces différences de formes, l’action varie selon le genre théâtral. Par suite, la tragédie représente sur scène une aventure extraordinaire reprenant une légende, un mythe ou une période de histoire, principalement au temps de l’antiquité ou de l’époque biblique, tandis que la tragédie représentera une aventure ordinaire et contemporaine  dont les thèmes principaux seront : l’argent, l’ambition sociale, le mariage, et la tromperie conjugale…. Ainsi, la tragédie met en scène des personnages exceptionnels de rang social élevé, des rois, des guerriers, des nobles, contrairement à la comédie dont les personnages appartiennent aux catégories moyennes de la société, soit valets, commerçants et bourgeois. Le premier genre présente donc ses personnages comme des héros tragique, mettant en avance leurs qualités, par leur grandeur d’âme, leur lucidité et leur courage. Comme le personnage d’Andromaque, dans la pièce éponyme de Racine, prisonnière du roi d’Épire depuis la chute de Troie, Andromaque est une mère angoissée, une veuve fidèle au souvenir de son époux mais également une princesse consciente de ses devoirs. Tandis que le second genre dénonce, les nombreux vices humains, en représentant des caractères caricaturaux. Ainsi, dans les Fourberies de Scapin, de Molière, nous retrouvons Scapin, dans le rôle du valet rusé, qui assiste son jeune maître Léandre, cherchant l’argent nécessaire pour s’acquitter de la rançon de sa bien-aimée, une esclave égyptienne.

De plus, les thèmes dont traites ces deux genres théâtraux  sont divers.  La tragédie traitera de conflits, de la fatalité et de la mort, dans un contexte historique et politique, avec un dénouement par conséquent malheureux. L’auteur recherchera également une certaine noblesse et un esthétisme. Tandis, que la comédie fondée sur une satire sociale, exploite des faiblesses, les contradictions et les ridicules de l’être humain, avec un réalisme relatif. Par exemple dans Horace de Corneille, les principaux thèmes seront l’amour et l’honneur, en opposition avec le jeu de séduction et à l’égoïsme de Don Juan, opposé au respect de l’autre, chez Molière. 

Enfin, la visée de la tragédie et de la comédie se contredit. En effet, une pièce tragique aura pour but de plaire au spectateur, en le séduisant par la beauté du texte, et de l’émouvoir, par une grande intensité et une tension émotionnelle. Seulement les pleurs, causés par une situation extrêmement tragique, ne sont pas favorables au rire spontanée du spectateur, recherché dans les comédies qui, bien qu’elles exploitent un défaut, n’entraîne aucune douleur. Elle fonctionne principalement sur le rire et l’humour, ce qui en fait un divertissement contrairement à la tragédie, qui amplifie les situations tristes. Ainsi, des genres de comédies légères tels que la farce, dont le thème principal est le mari trompée ou l’arroseur arrosé, ou bien le vaudeville, qui met en scène des situations confuses, avec un rythme effréné, ne s’inspirent nullement de la tragédie classique.

 

Transition :

Par les nombreuses différences qui opposent donc la tragédie à la comédie, qu’elles soient de formes, de fonds, de thèmes et de but. Nous retrouvons plusieurs caractéristiques de la tragédie dans des pièces définies comme comique. 

 

Conclusion :

La comédie et la tragédie sont donc deux genres extrêmement différents, des personnages à l’opposés les uns des autres, la comédie peut se permettre de traiter de sujet plus léger. Pourtant, dans certaines œuvres, la distinction entre les deux s’atténue : des pièces initialement destinées à faire rire peuvent traduire une certaine gravité. Ainsi, depuis le XXème siècle, les écrivains modernes ne différents plus tragédie et comédie mais les associent, la destinée humaine étant une farce tragique. Un autre genre théâtral, le drame, a abandonner les règles classiques et favorisé le mélange des genres. Est-t-il réellement parvenu à faire cœxister comique et pathétique, comme l’absurde à réussis à la faire avec la comédie et la tragédie ?

 

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