Nono, Luigi - compositeur de musique. 1 PRÉSENTATION Nono, Luigi (1924-1990), compositeur italien. 2 PREMIÈRES ÉTUDES Luigi Nono L'oeuvre du compositeur italien Luigi Nono s'inscrit dans le cadre d'une recherche permanente sur les différents moyens de créer et de structurer les sons. Influencées dans un premier temps par le sérialisme, ses compositions s'orientent ensuite vers la musique électronique ; elles témoignent en outre souvent de son engagement politique auprès de la classe ouvrière.Luigi Nono est ici photographié en 1963 tandis qu'il dirige un orchestre. Erich Auerbach/Getty Images Né à Venise, Luigi Nono mène des études de droit à l'Université de Padoue tout en suivant les cours -- comme auditeur libre -- du conservatoire Benedetto-Marcello de Venise (1941-1946). Ces premières études musicales le conduisent à faire connaissance de Gian Francesco Malipiero, compositeur aux goûts très éclectiques et spécialiste de la musique de la Renaissance. Grâce à ce bagage, il peut s'initier aux techniques du post-webernisme aux côtés de Bruno Maderna (avec lequel il fondera en 1954 le Studio di Fonologia musicale de la RAI à Milan, organisme qui deviendra le fief de la musique électronique en Italie), puis de Hermann Scherchen à Zurich. Il suit également les Ferienkurse für Neue Musik à Darmstadt à partir de 1950. Sa première oeuvre (créée par Scherchen à Darmstadt en 1950), les Variazioni canoniche (Variations canoniques), d'après l'Ode à Napoléon Bonaparte de Schoenberg, témoigne de l'influence du sérialisme. Elle assure à Nono un succès durable en Allemagne, bien avant qu'il ne soit reconnu dans son propre pays. Le style de cette oeuvre, qualifié par la critique de « pointilliste post-dodécaphonique «, se retrouve dans les compositions suivantes, Polifonica, Monodia, Ritmica (1951), Composizione per orchestra 1 (1951) et España en el corazon (1952). Ces oeuvres, qui utilisent la technique sérielle sans pour autant renoncer à l'expressivité, se caractérisent par la recherche d'un équilibre entre abstraction et humanisme. 3 IL CANTO SOSPESO Ce syncrétisme est particulièrement sensible dans la cantate dodécaphonique en forme d'oratorio il Canto sospeso, cantate incluse dans une « grande trilogie chorale « (dont font partie les Choeurs de Didon -- i Cori di Didone -- et la Terre et la Compagne -- la Terra e la Compagna). Créée le 24 octobre 1956 à Cologne, l'oeuvre, pour soprano, alto et ténor solo, choeur mixte et orchestre, met en musique des lettres de membres de la Résistance européenne condamnés à mort. Les parties des solistes sont tout particulièrement lyriques et mélodiques, tandis que la partie de choeur contribue à donner à l'ensemble de l'oeuvre son homogénéité. La technique sérielle n'y est pas appliquée de façon séquentielle, mais est éclatée entre les différentes parties vocales et instrumentales. Cette composition est frappante par le soin particulier porté au texte, dont les syllabes voire les phonèmes sont répartis entre les différentes voix. Peu avant la création d'il Canto sospeso, Luigi Nono a épousé (en 1955) Nuria, la fille d'Arnold Schoenberg. En 1958 et 1959, il donne des cours à Darmstadt, puis à Dartington en Angleterre. 4 LES OEUVRES ÉLECTRONIQUES ET L'ENGAGEMENT POLITIQUE DU COMPOSITEUR L'Omaggio a Emilio Vedova (1960), première oeuvre électronique de Nono, constitue à ce titre un moment charnière dans le parcours musical du compositeur. L'année 1960 voit également la création d' Intolleranza 1960, opéra en deux actes et onze tableaux (révisé en 1970), sur des textes de Brecht, Éluard, Sartre et Maïakovski, ayant pour sujet l'histoire d'un émigrant aux prises avec l'oppression fasciste, découvrant à la fois l'horreur et l'amour dans les camps de concentration. Comme dans il Canto sospeso, c'est l'engagement politique de Nono qui se manifeste ici, engagement que l'on retrouve dans la Fabbrica illuminata (l'Usine illuminée, 1964), pour voix et bande magnétique, où, pour dénoncer l'exploitation capitaliste de la classe ouvrière, il utilise (en les intégrant à son oeuvre) des enregistrements réalisés dans des fonderies. Le militantisme marxiste de Nono (ancien membre de la Résistance italienne de 1943 à 1945, le compositeur a fait partie en 1975 du Comité central du Parti communiste italien dont il est resté membre jusqu'à sa mort) se manifeste pareillement dans Song for Vietnam (1973) et dans Al gran sole carico d'amore (1972-1975, révisé en 1978), d'après un poème de Rimbaud. Dans les compositions de sa dernière période, on dénote (sans que Nono revienne pour autant sur ses choix politiques) une ouverture à une esthétique et à une problématique plus personnelles et plus existentielles, en particulier dans son Prométhée (Prometeo, tragedia dell'ascolto, 1987, sur des textes de Massimo Cacciari). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.