mosquée - architecture.

mosquée - architecture. 1 PRÉSENTATION mosquée (architecture), en arabe masjid (littéralement « lieu de prosternation «), principal lieu de culte chez les musulmans. Très diverses dans leur taille et leur style architectural, les mosquées peuvent être de simples masjid servant au culte quotidien ou des jami masjid, grandes mosquées où les fidèles se rassemblent pour le sermon du vendredi. L'âge d'or de l'architecture des grandes mosquées se situe entre le VIIe siècle -- date de fondation de l'islam -- et le XVIe siècle. 2 HISTORIQUE DE L'ÉDIFICE Les éléments caractéristiques de la mosquée sont apparus dès l'aube de l'islam. Des adeptes d'une nouvelle religion se réunissent en l'an 622 dans la ville de Yathrib (l'actuelle Médine, en Arabie saoudite) pour célébrer leur culte sous le toit de Mahomet. Les prières ont lieu dans la modeste demeure de ce dernier, qui comprend une cour intérieure de forme rectangulaire, un portique ombragé et un espace cultuel. Presque toutes les mosquées s'inspirent de l'architecture simple de la maison de Mahomet. Au fur et à mesure de l'expansion de l'islam, les mosquées intègrent de plus en plus d'éléments issus de l'architecture des territoires conquis. Ainsi, les mosquées de type basilical, comme la Grande Mosquée de Damas ( VIIIe siècle), suivent le plan des églises chrétiennes, elles-mêmes inspirées des basiliques païennes. Ce style impose une salle de prière agrandie pouvant loger une vaste nef au toit plat et deux allées latérales. Les colonnes encadrant la salle de prière soutiennent souvent plusieurs rangées d'arcs, outrepassés ou en plein cintre (voir arc et voûte). De même, les mosquées à dôme(s) et demi-dômes, érigées après la prise de Constantinople en 1453, s'inspirent de l'édifice byzantin de Sainte-Sophie à Istanbul. 3 EXTÉRIEUR D'UNE MOSQUÉE La mosquée primitive est une salle hypostyle très large et peu profonde, que borde une vaste cour. Progressivement, lui sont ajoutées une enceinte (ziyada) séparant le lieu saint du monde profane, une cour bordée de galeries couvertes, et deux annexes caractéristiques de la mosquée : un minaret, la tour du haut de laquelle le muezzin -- le crieur -- lance son appel cinq fois par jour ; la midha -- latrines et salle d'ablutions -- où les fidèles se purifient avant d'entrer dans la mosquée. 3.1 La cour et l'iwan L'édifice cultuel est souvent précédé d'une cour (sahn) fermée à arcades dans laquelle on accède par un (ou plusieurs) portail. Dans la cour, des fontaines à ablutions sont accolées à l'édifice. D'origine sassanide, l' iwan est une galerie ouverte voûtée, ajoutée à la cour de chaque côté des arcades. 3.2 Le minaret Dans les mosquées primitives telle celle de Médine, l'appel à la prière est lancé depuis le toit de la mosquée par le muezzin -- les premiers juifs utilisaient quant à eux le shofar (corne de bélier) et les premiers chrétiens une claquette de bois. L'adjonction à l'édifice cultuel d'une haute tour (le minaret) est tardive. Le minaret -- manara, étymologiquement lié au terme nur, « lumière « -- semble à l'origine avoir servi de balise pour guider les voyageurs. Il n'en demeure pas moins que le minaret devient par la suite la tour depuis laquelle le muezzin officie. D'un point de vue architectural, il semble que le minaret soit une adaptation des tours carrées des premières églises chrétiennes de la Syrie préislamique. Située à l'angle de la cour, ou isolée (comme à Samarra, en Irak), la tour sert invariablement à l'appel à la prière. Progressivement, le nombre de tours se multiplie et celles-ci deviennent plus décoratives que fonctionnelles. Qu'ils soient à fût cylindrique, carrés, en spirale ou octogonaux, petits et massifs ou bien hauts et élancés, les minarets sont une constante de presque toutes les mosquées. 3.3 Mosquée hypostyle et mosquée à coupole centrale Durant les premiers temps de l'islam, alors que les Omeyyades règnent sur l'Empire musulman, les mosquées sont de type basilical ; l'édifice hypostyle à toit plat est doté de nombreuses colonnes. Les Abbassides, qui conservent ce plan, apportent l'iwan (la galerie ouverte voûtée). À partir de la fin du XIe siècle, avec le règne des Seldjoukides, de petites coupoles apparaissent au-dessus du mihrab et de l'iwan. Les Timurides apportent pour leur part un portail monumental, flanqué de minarets jumeaux, comme à Samarkand (en Ouzbékistan). Enfin, dans l'Empire ottoman, après la conquête de Constantinople en 1453, l'espace de prière s'unifie sous une immense coupole. Caractéristique de l'architecture islamique, le dôme-coupole provient des traditions sassanides et chrétiennes. Les mosquées à coupole centrale, originaires de Turquie, trouvent leur modèle en la vaste basilique chrétienne de Sainte-Sophie (532-537) à Istanbul, dont l'invention structurelle arc-dôme permet de construire des dômes ajourés capables de couvrir de grands espaces. Les mosquées turques présentent généralement un hall de prière surmonté d'un grand dôme central lui-même surmonté de dômes et de demi-dômes plus petits. Le plus grand bâtisseur de mosquées turques est l'architecte Sinan, à qui on attribue plus de 300 édifices, dont la mosquée Süleymaniye à Istanbul (1550-1557). 3.4 Les bâtiments annexes Dans les sociétés musulmanes, les mosquées répondent à des besoins sociaux et politiques autant que religieux. Dans les premiers temps, la mosquée est une sorte d'agora grecque ou de forum romain aux usages publics multiples : école, assemblée, hammam, bibliothèque, hospice, marché couvert (bazar), etc. Progressivement, elle n'assume plus que la fonction cultuelle, tandis que des bâtiments annexes, dévolus aux autres fonctions, sont construits alentour : c'est le cas de la medersa (madrasa, école coranique) à la mosquée de l'Imam à Ispahan (en Iran, 1612-1629). 4 INTÉRIEUR D'UNE MOSQUÉE 4.1 Les éléments architecturaux 4.1.1 Le mihrab La qibla est la direction vers laquelle s'oriente la prière. Durant les deux premières années, le Prophète se tournait vers Jérusalem. Depuis, c'est vers la cité sainte de La Mecque que les musulmans prient. La qibla détermine l'organisation et l'orientation de l'espace de toutes les mosquées du monde. Elle y est indiquée par le mihrab (enfoncement ou niche qui apparaît au VIIIe siècle), situé sur le mur qibla. 4.1.2 Le minbar À l'époque de Mahomet, le minbar sert de trône au chef de la communauté. Il est depuis devenu une chaire à degrés monumentale d'où l'imam guide la grande prière et fait le sermon du vendredi (khutba). Il est situé à côté du mihrab. Installé sur une estrade (la dikka), un assistant de l'imam permet aux fidèles de suivre les prosternations rituelles de la prière. 4.1.3 La maqsura Dans certaines mosquées, une grille en bois signale l'emplacement de la loge du souverain et de son entourage (la maqsura). D'abord paravent placé autour du mihrab pour protéger les chefs d'attentats éventuels, la maqsura devient une enceinte composée d'un bâti, d'un couronnement et de moucharabiehs en bois sculpté et tourné ; elle est réservée à la prière du souverain pour le séparer des simples croyants. 4.2 La décoration intérieure L'intérieur d'une mosquée, vaste et dénué de tout aménagement, est conçu de manière à accueillir les fidèles pour la prière collective. Sur différents lutrins (kursi) sont disposés les livres du Coran, et de nombreux tapis jonchent le sol. Les tapis sont utilisés pour couvrir le pavé en signe de respect, indiquant par là-même que le sol est dédié à Allah. Les motifs dont ils se parent sont orientés en direction de La Mecque. La décoration intérieure consiste en sculptures, en incrustations, en mosaïques et en peintures. L'islam interdisant toute représentation des formes humaines ou animales, cette décoration consiste en une savante calligraphie des paroles de Mahomet et multiplie les motifs géométriques (symboles, feuillage, arabesques, entrelacs). 5 LES FLEURONS DE L'ART ISLAMIQUE 5.1 Les mosquées des villes saintes Les deux lieux les plus sacrés du monde musulman sont les villes de La Mecque, qui abrite la mosquée al-Haram où est conservée la Kaaba, et Médine, où se trouve la mosquée du Prophète. À Jérusalem, deux mosquées sont fortement renommées : la mosquée al-Aqsa et la mosquée d'Omar, plus connue sous le nom de dôme du Rocher. La seconde, empruntant son plan à l'architecture byzantine, a été bâtie vers 690 sur le mont Moriah, lieu supposé de l'ascension au ciel de Mahomet. 5.2 Les mosquées primitives Construite autour d'une ancienne basilique, la Grande Mosquée de Damas (en Syrie), ou mosquée des Omeyyades (achevée en 715), est l'exemple le mieux préservé d'une mosquée primitive et a exercé une grande influence sur l'architecture musulmane. Sa salle de prière est une basilique à 3 nefs, tandis que celle de la Grand Mosquée de Kairouan (en Tunisie, construite à partir de 688) est une salle hypostyle à 17 nefs, ce qui lui donne un aspect de forêt de colonnes de marbre blanc. Érigée vers 786, la Grande Mosquée de Cordoue (en Espagne), ou Mezquita, a pour originalité ses colonnes de marbre bichrome -- au nombre de 850 -- toutes surmontées de deux étages d'arcs de couleur rouge et blanche. Ces arcs s'entrecroisent et se superposent, jouant ainsi avec les perspectives et la lumière. Bien qu'elle ait été convertie en église chrétienne au XIIIe siècle, la Grande Mosquée de Cordoue a conservé son architecture originelle. Autre variante de l'édifice de Damas, la Grande Mosquée de Samarra (en Irak) est construite en brique cuite ; elle a la particularité d'être dotée d'un minaret hélicoïdal de 52 m de haut, appelé Malwiya, inspiré des ziggourats mésopotamiennes (848-852). 5.3 Panorama des mosquées du monde Exemple de l'architecture mauresque au Maghreb, la mosquée de la Koutoubia à Marrakech (au Maroc) est inaugurée en 1158 sous la civilisation des Almohades. Son minaret monumental en grès rose schisteux a servi de modèle à la Giralda de Séville (en Espagne, v. 1188-1198). En Afrique noire, les mosquées sont souvent construites en terre crue. Ainsi, oeuvres caractéristiques de l'architecture musulmane en Afrique, les grandes mosquées de Tombouctou et de Djenné (au Mali, respectivement XIVe et XVIe siècle) sont dotées de contreforts et de nombreux pinacles ; de même, la grande mosquée d'Agadès (au Niger), érigée au XVIe siècle, possède un minaret sahélien traditionnel construit avec de la terre et des étais de bois. En Turquie, l'un des plus beaux fleurons de l'architecture ottomane est l'oeuvre de l'architecte Sinan, la mosquée Süleymaniye à Istanbul. Bâti sur l'initiative du sultan Soliman le Magnifique entre 1550 et 1557, l'édifice est dominé par un dôme imposant et par quatre minarets élancés, tout comme la mosquée Selimiye d'Erdine (1569-1574). Construite également à Istanbul par un élève de Sinan, la Mosquée bleue (1609-1616) marque le parachèvement du modèle de mosquée à grande coupole. Au Proche-Orient, la mosquée de l'Imam ou Masjid-é Imam à Ispahan (en Iran, 1612-1629) est un chef-d'oeuvre de l'art safavide ; la majesté des portails de mosaïques bleutées qui parsèment l'édifice n'a d'égale que la coupole bulbeuse en céramique émaillée, richement ornementée d'arabesques. Au Pakistan, à Lahore, la mosquée de Badshahi peut recevoir environ 60 000 fidèles, ce qui en fait l'une des plus grandes du monde. Cette construction de grès rouge aux dômes de marbre blanc date de la fin de l'Empire moghol ( XVIIe siècle). Enfin, la plus grande mosquée de l'Inde est la Grande Mosquée de Delhi, ou Jama Masjid. Édifiée entre 1644 et 1658, elle privilégie, contrairement à la plupart des mosquées, l'architecture extérieure aux parois de marbre rose et blanc. Voir aussi art de l'islam. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.