mort (philosophie) - philosophie.
Publié le 08/05/2013
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«
la plupart des religions qu’une séparation salutaire de l’âme et du corps.
Le corps meurt, mais l’âme est immortelle en vertu du postulat de la réminiscence.
Le philosophe dédaigne le corps, car il est la source de désirs bas, futiles et aliénants et
l’obstacle à la connaissance de la vérité.
Cette prison de chairs dans laquelle l’âme est enfermée la fait adhérer à ce que le corps désire, la contraint à considérer les réalités au travers des « barreaux » constitués par les sens et enfin la détourne de sa
finalité.
Or, l’exercice de la philosophie, comme la mort, aboutissent à délivrer l’âme de son « cachot ».
Selon Platon, « […] il serait ridicule qu’un homme qui, de son vivant, s’entraîne à vivre dans un état aussi voisin que possible de la mort, se révolte
lorsque la mort se présente à lui.
» ( Phédon, XII).
Dans cette interprétation, qu’elle soit celle de Platon, du dualisme de René Descartes ou de Nicolas Malebranche, la mort n’est pas la fin de la vie, mais la fin de l’épreuve terrestre.
Arthur
Schopenhauer, dans le Monde comme volonté et représentation (1819), envisage même la mort comme un « affranchissement » de l’individu.
Dans un débat plus contemporain, le philosophe spiritualiste Louis Lavelle explique que le fait de concevoir une limite, comme la mort, induit le dépassement intellectuel de cette limite : « La méditation de la mort, en nous obligeant à percevoir nos
limites, nous oblige à les dépasser.
Elle nous ouvre l’accès non pas d’une vie future qui garderait un caractère toujours provisoire mais d’une vie sur-naturelle (…) il ne s’agit pour nous ni de l’ajourner, ni même de la préparer, mais dès aujourd’hui d’y
entrer » ( la Conscience de soi, 1933).
D’une certaine manière, l’homme a la possibilité de redéfinir le temps à la mesure de l’intensité des événements que la mort lui confère.
C’est dans cette perspective que Vladimir Jankélévitch déclare : « Le fait d’avoir vécu un instant éphémère peut
être éternel.
» ( la Mort, 1966) ; pour sa part, Jacques Prévert écrit dans un poème intitulé le Jardin : « Des milliers et des milliers d’années / Ne sauraient suffire / Pour dire / La petite seconde d’éternité / Où tu m’as embrassé / Où je t’ai embrassé /
Un matin dans la lumière de l’hiver […].
»
3. 2 La mort, sens de l’existence ?
La mort n’acquiert de signification positive qu’en fonction d’une théorie de l’être.
Tout homme a conscience que son existence est limitée.
Cette conscience suscite des questionnements, relayés ou non par la religion, sur le sens de la condition d’être
mortel et entraîne différentes attitudes.
Selon Søren Kierkegaard, la mort peut être un stimulant pour l’existence, mais cette représentation n’est pas à la portée de n’importe quel homme.
Il oppose « l’homme charnel », qui préfère satisfaire lâchement des désirs immédiats, à « l’homme
sérieux », à qui la pensée de la mort « […] donne l’exacte vitesse à observer dans la vie, et […] lui indique le but où diriger sa course » ( Postscriptum aux miettes philosophiques, 1846).
L’homme charnel ne considère pas sa vie à l’aune de la mort,
c’est-à-dire finalement comme une perspective, puisqu’il se détourne de la course du temps.
La vie n’a pas de sens en elle-même, seule compte la jouissance qu’elle procure dans l’immédiateté.
De même, l’homme pessimiste ne voit la mort qu’au
détriment de la vie : paralysé par l’angoisse, il oublie de vivre.
Pour Kierkegaard, ces deux types d’hommes ont en commun un sentiment d’impuissance face à la mort et à la fuite du temps.
Dans le cas de l’homme sérieux, la vie est valorisée par la
mort.
Celle-ci force la prise de conscience existentielle en donnant à chaque moment qui passe une valeur unique et sans retour.
L’homme profite de la vie en faisant de chaque instant pleinement vécu une victoire gagnée sur la mort.
Kierkegaard rejoint sur ce point la pensée de Friedrich Nietzsche formulée dans Ainsi parlait Zarathoustra (1883) : le sur-homme est celui qui vit sa vie comme s’il s’agissait d’un éternel retour du même, sans remords ni regrets, prêt à revivre à l’infini
chaque événement de son existence.
Par opposition, le faible, sans cesse penché entre nostalgie et ressentiment, ne manifeste aucune volonté ni aucune moralité.
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