Montaigne Essais: III - 3 chapitre 13
Publié le 15/02/2011
Extrait du document
« Nature est un doux guide… »,
Essais, 1588, Montaigne (1533, 1592)
* Biographie :
-Montaigne est un moraliste, inquiéteur, et grand intellectuel du XVI. Cependant il n’est pas un donneur de leçon : il sensibilise les lecteurs à la vie concrète.
- il fait notamment réfléchir ses lecteurs sur les grandes questions qui l’obsèdent (altruisme, éducation, voyage…)
-C’est également l’une des plus grande figure de l’humanisme de la 2ème parti : il remet tout en cause, dans une période de grands voyages ; il fait donc partie d’une génération plus lucide en observant l’homme et ses limites.
-il met 20 ans pour écrire son livre qu’il modifie tout le tps au fil, des jours.
*Contexte :
-Remise en cause de l’autorité de Rome, lecture plus orthodoxe.
-le Massacre de St Barthélémy, les 11 guerres de religions : montrent le rôle de médiateur de Montaigne puisqu’il va y participer
*Essais
- 1580 à1ères éditions. 1588 à2èmes éditions. 1595 à3èmes éditions (posthumes) par sa fille adoptive.
- les essais sont Rattachés à différents courants philosophiques : stoïcisme, scepticisme, épicurisme.
-ce sont des Œuvre de louanges à La Boétie.
-il les écrit avec liberté, rêverie. Il s’agit d’une forme indéterminée, il y note son vécu, des commentaires, des préjugés…
-forme d’écriture d’exorcisme de ses souffrances : la mort de son père a une grande importance sur leurs éditions
-il dépeint les hommes, la société.
*Titre :
Auteur tente d’émettre une opinion, cela renvoie à la prose non romanesque.
*Extrait :
« De l’expérience », dernier chapitre des essais, propose un idéal de vie en faisant des essais sur la Nature ;
* Introduction :
- Définit son art de vivre passant par la méthode et le travail et aussi par l’Amour de la Vie (ce qui correspond à l’épicurisme : recherche du plaisir dans l’écoute de la Nature). Pour lui la Nature se confond avec Dieu ;
- 1§à comparaison : propose recette du bonheur sur le temps qui passe ;
- 2§àhommage à la nature ;
I) Une recette du bonheur
1) le dictionnaire de Montaigne
-Il commence le texte par une métaphore originale pour la recette du bonheur : « dictionnaire »àcette image pique la curiosité de lecteur. Pourquoi son dictionnaire est à part ?
-les « : » qui suivent donnent une explication. Il Renouvèle l’expression« passer le tps »
-il use un vocabulaire concret pour expliquer sa façon de penser ; dans son dictionnaire les mots prennent leur sens les uns avec les autres ; il savoure tps qui passe comme le montrent les verbes tenir, retâter
-l’allitération en [t] montre la vigueur de la démarcheàdans sn dico, les mots prennent leur sens les uns avec les autres.
-les verbes : «courir », « rasseoir » marquent l’opposition et sont la métaphore de la vie concrète
2) l’erreur des hommes (l 3 à 7)
-il oppose sa sagesse aux hommes qu’il appelle »prudentes gens » expression ironique, le démonstratif « ces » marque la distance du »je »
-les verbes métaphoriques : « couler, échapper, gauchir », ont une connotation négative, ils discréditent l’attitude des Hommes par l’accumulation de ces verbes. Pour lui les hommes s’obstinent dans l’erreur
-l’expression « passe-temps » montre que les hommes ne savent pas le retenir donc ils ont des distractions. La conséquence est directe : la vie est « dédaignable, ennuyeuse », termes redondants, quasiment synonymes
-« et » marque la récurrence dans un rythme binaire donnant un effet de renforcement, de balancement, et d’insistance ;
3) l’art de vivre de Montaigne (l 8à16)
-« mais » marque le ton indigné de Montaigne, le rythme est haché dans la phrase la .Façon de vivre des hommes est 1 injure à la Vie.
Il oppose son attitude a celle du vulgaire par différents verbes : « connait trouve tient ».
-termes antithétiques : « prisable & commode »…, soulignent agréments de Nature ;
- Bonheur Homme résulte de ce qu’il a de ce que la Nature offre.
-il expose sont art de vivre : « je veux », l’art de vivre demande de l’attention
-« tps » opposé à « poids » et donc la rapidité est opposé à là densité.
- Oppose « fuite&saisie », « vigueur et hativeté ». De même cela est une forme de récurrence pour marquer la fuite du temps, pour amplifier son art de vivre et montrer sa différence par rapport à l’art de vivre des « prudentes gens »
-« profond, pleine » sont opposés à « courte » avec une allitération en[p], il reprend en fait le « carpe diem »
- Pour être heureux il faut avoir une attitude active or le vulgaire a une attitude passiveà ainsi la vie est sans saveur.
II) Hymne à la Nature
1le goût de la Vie (l 17à18)
-la 1ère phraseàconclue recette de bonheur « donc » : c’est une louange de la Vie et de Dieu, qui est confondu avec la Nature, dans un accent lyrique
-il fait l’éloge de la vie telle qu’elle est, qu’il savoure, car il est malade. Pour cela il mène une vie active il la « cultive »àson attitude est différente de ces prudentes gens qui ne savant pas l’apprécier : c’est une ingratitude vis-à-vis de Dieu et de la Vie
2) les doléances ridicules (l 18à26)
-elles ne sont pas les siennes : « je ne vais pas », comme en témoigne la récurrence des négations « non, ni, moins » (7X)
-dans la même phrase il pose des doléances incongrues
-la nature nous a donné une double nécessité : »boire et manger »àEpiménide : a refusé, dans la culture antique la gastronomieàrefus sacrilège ; Vie nous accorde allier plaisir et nécessite, il faut l’accepter. Pourquoi s’en priver ?
-« plaisirs du corps, chatouillements »àbête de s’en priver. Plaisir sexuelàidem
-il convint et persuade par la fantaisie
- Dernière phrase « plaintes ingrates&iniques »àc’est une phrase sèche, sur un ton catégorique, qui condamne ces plaintes ; les adjectifs sont quasiment synonymes, ils renforcent ce reproche
3) L’hommage à Dieu
-il oppose à ces plaintes des verbes qui donnent un effet de gradation, ils sont soulignés par « et », donnant un rythme ternaire particularité du lyrisme. Les plaintes du vulgaire sont donc des injures à Dieu
« On » désigne les impies que Montaigne condamne par des verbes : »refuser, annuler, défigurer », rythme ternaire donnant encore une fois un caractère lyrique à ce dernier paragraphe.
-Dieu est qualifié par la périphrase : « gd et tt puissant donneur », cette désignation est vague, et donc Dieu peut être apparenté à la nature. Dieu = Nature chez Montaigne.
- tout bon, il a fait tout bon » : prière, action de grâce, la symétrie adjectif ou adverbes montre l’équivalence que cette qualité est indistinctement celle du donneur et de son don.
*Conclusion :
-ce passage optimiste des essais propose une recette du bonheur, un mode d’emploi de la Vie, qui s’achève par un hymne.
La Nature est présentée comme une force de Vie et de plaisir qui permet à l’homme d’assurer son bonheur, s’il accepte sa condition humaine, en ne faisant pas la séparation corps/esprit.
-cet essai a une valeur de testament, car il est placé à la fin du dernier livre.
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