montagne (géographie). 1 PRÉSENTATION montagne (géographie), relief de la surface terrestre plus élevé que les terres qui l'entourent. Une montagne se caractérise par une dénivellation importante entre le sommet, son point culminant, et le fond des vallées. Définie par son altitude par rapport au niveau de la mer, elle se caractérise surtout par la vigueur de sa pente. Une montagne fait partie, sauf rares exceptions, de systèmes montagneux. Les plus anciens, soumis à une longue érosion, constituent des massifs aux formes lourdes et confuses. Les « chaînes « désignent des systèmes plus récents qui se caractérisent par un relief élevé à fortes dénivellations et, souvent, par une position apparemment plus ordonnée de leurs éléments. 2 FORMATION L'orogenèse, ensemble des processus de formation des reliefs, est longtemps restée un phénomène mystérieux pour les géomorphologues. Ce n'est que dans les années soixante-dix que l'on a commencé à comprendre la formation des reliefs, et cela à la lumière des acquis de la tectonique des plaques. En effet, cette théorie permet de démontrer que les montagnes résultent d'un ensemble de mouvements de la croûte terrestre. Elle établit que la couche la plus externe du globe ou lithosphère est formée par une douzaine de grandes plaques hémisphériques, qui se déplacent les unes par rapport aux autres de quelques centimètres par an. Ces plaques sont séparées par des zones plus ou moins étroites où se concentrent les déformations occasionnées par leurs mouvements. Dans le cas de plaques qui se rapprochent et convergent, la zone de contact, en compression, rétrécit. Ses bords se déforment et sont soulevés : une chaîne de montagnes se forme. Ainsi, les chaînes correspondent à des portions de croûte comprimées et réduites dans les zones de convergence de plaques, alors que s'ouvrent simultanément de profondes fractures continentales (rifts) dans les zones d'étirement, susceptibles de s'épanouir en océans. Les marges continentales sont donc le siège des mécanismes responsables de la genèse d'une chaîne. 2.1 Géomorphologie des chaînes Toutes les chaînes correspondent à des affrontements tectoniques relativement récents, développés entre le secondaire et le début du quaternaire. En fonction de leur genèse, elles peuvent être rangées en trois grandes catégories géomorphologiques. Les « chaînes de subduction « correspondent à l'enfoncement d'une plaque sous une autre, jusqu'à son absorption éventuelle dans le manteau inférieur visqueux. Elles forment de grandes unités qui se caractérisent par une architecture en éventail et des plis amples, associés à des failles inverses, dues à des compressions modérées : ce sont soit des cordillères, comme celles de l'ouest des Amériques (Andes, sierra Madre occidentale au Mexique, montagnes Rocheuses) ; soit des arcs insulaires, c'est-à-dire des guirlandes d'îles, souvent élevées, volcaniques et longées par de profondes fosses océaniques, telles que les arcs des Caraïbes dans l'Atlantique, et les arcs indonésien ou japonais dans le Pacifique. Les « chaînes de collision « sont fréquentes, et comme leur nom l'indique, résultent de la collision des plaques, qu'il s'agisse de la collision de vastes continents ou qu'il s'agisse de la collision d'un continent avec un arc insulaire. L'une des plaques, la plus active, chevauche l'autre et de cette rencontre naît une chaîne de collision qui se caractérise par une architecture formée de grands cisaillements, accompagnés de chevauchements et de nappes de charriage de grande ampleur vers la plaque plongeante. L'une des plus spectaculaires, l'Himalaya, comporte le plus haut sommet de notre planète, l'Everest (8 850 m), et résulte du plongement rapide de la plaque continentale indienne sous la plaque continentale eurasiatique, à la suite de l'ouverture de l'océan Indien. La collision de la plaque africaine avec la plaque eurasiatique a, quant à elle, donné naissance aux Alpes. Contrairement à toutes les précédentes, les « chaînes intra-continentales « se développent hors des marges continentales actives, sièges des subductions. Elles résultent alors de la progression des contraintes à l'intérieur des continents. Des compressions modérées définissent une architecture en éventail (Atlas marocain). Des compressions plus intenses engendrent des plis plus complexes et des chevauchements importants (Pyrénées, les hautes chaînes de l'Asie centrale). 2.2 Érosion Les géologues ont déterminé que la durée de vie d'un système montagneux pouvait dépasser cent millions d'années. Celui-ci peut grandir, s'élargir et évoluer pendant plus de cinquante millions d'années, jusqu'à l'arrêt total de la convergence. Il subit alors progressivement un phénomène d'aplanissement sous l'effet de l'érosion. Le terme d'érosion groupe l'ensemble des processus qui conduisent à une usure de la surface terrestre et au façonnement des formes de relief. Tout comme les mouvements tectoniques, elle contribue pour une large part au modelé des montagnes. Le climat, l'abondance des précipitations et de l'enneigement, les vents violents favorisent l'altération et la dégradation des roches les moins résistantes. Le relief des montagnes est donc en perpétuelle évolution. À l'érosion linéaire, plus ou moins active selon l'agressivité des agents climatiques et l'efficacité des défenses qui leur sont opposées dans les différents milieux naturels du globe, s'ajoute une érosion liée aux grands cycles géologiques marquée par les effets de l'instabilité de la lithosphère, de l'atmosphère et des couvertures végétales. Elle agit sur les blocs soulevés ; des réseaux de vallées profondes s'y inscrivent, générateurs des grands versants et d'importantes dénivellations. Toutefois, selon leurs caractéristiques texturales et chimicominéralogiques, les roches se révèlent plus ou moins vulnérables à ces diverses manifestations. 2.3 Volcanisme De nombreuses montagnes sont d'origine volcanique. Certaines d'entre elles ne montrent plus aucun signe d'activité mais présentent cependant un caractère dangereux. Elles naissent, en principe, sur une fracture ouverte par une distension de la lithosphère à partir de laquelle s'opère la genèse des fonds océaniques : c'est essentiellement la très longue zone des rifts sub-océaniques et de leurs appendices intra-continentaux. La plupart des arcs insulaires sont également d'origine volcanique. Ces ensembles d'îles, répartis en un ou plusieurs alignements courbes dessinant des arcs à convexité tournée vers le large, appartiennent à la même famille que les cordillères américaines de l'est du Pacifique. Ces montagnes sont dotées d'un centre éruptif assez bien localisé comme les volcans boucliers à Hawaii ou en Islande, d'où irradient des coulées très fluides sur une pente extrêmement faible. Les grands cônes récents comme le Kilimandjaro, le Popocatépetl possèdent les plus hauts sommets. Mais, paradoxalement, le Mauna Loa, volcan bouclier hawaiien à pente très faible, culmine à environ 4 170 m tout en reposant sur des fonds atteignant moins de 5 000 m de profondeur, et constitue ainsi le relief le plus considérable de la planète. 3 RÔLE DES MONTAGNES En pays tempéré, l'altitude introduit incontestablement des conditions de vie beaucoup plus sévères que dans les plaines. Moins peuplées que les régions les plus basses, les montagnes sont souvent considérées comme des régions hostiles à l'homme. En revanche, dans les zones tropicales ou équatoriales, elles sont un milieu plus favorable que les basses terres environnantes. Elles sont même devenues parfois le siège des peuplements les plus denses (Rwanda-Burundi, Bolivie, etc.) et des civilisations les plus évoluées (Mayas, Incas, etc.). Obstacles naturels toutefois rarement infranchissables, les montagnes ont conditionné la vie et le développement de nombreux peuples. Elles jouent également un rôle de barrières climatiques lorsqu'elles s'opposent de front aux perturbations, en accusant les contrastes entre le versant au vent, humide et fertile et, le versant sous le vent, aride. La vigueur du relief modifie la répartition des températures et renforce les effets du vent et de la turbulence. De plus, riches en ressources naturelles telles que les minerais, le bois et l'eau, elles constituent les principaux réservoirs d'énergie hydraulique. Elles suscitent un attrait considérable depuis le début du XXe siècle dans certaines régions du globe, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Divers aménagements apportés à l'époque moderne ont contribué au développement économique des montagnes mais aussi des plaines (barrages hydroélectriques, etc.) et permis le développement du tourisme hivernal (ski, alpinisme) et estival (parcs naturels, randonnées).