mise en scene de Marcymota rhinoceros
Publié le 28/06/2013
Extrait du document
«
referme sur ses occupants comme une mâchoire avide.
Ici plus que jamais, la machinerie se mue en un
monstre castrateur de liberté, recruteur de consciences, forçant les employés à rejoindre l'espace plan du
milieu, le sillon d'une pensée similaire, le flux des rhinocéros qui grandit dans la rue.
Avec succès.
Ceux-là
cèdent les uns après les autres.
Seul Béranger résiste.
Et du même coup s'isole, retranché entre ses murs.
Au-delà, le troupeau de rhinocéros se rapproche, l'enferme dans sa conscience rebelle.
Tant qu'il regrette, rêve
de céder à son tour, de devenir rhino.
Jusqu'à ce sursaut de conscience qui le hisse hors de sa retraite, le tire
au sommet de sa tour d'ivoire.
Là, il jure de ne jamais céder, s'époumone.
"Je ne capitule pas", lance-t-il,
véritable défi lancé au décor qui l'entoure.
Mais à peine a-t-il lancé les hostilités, qu'il reçoit sa réponse en un
écho belliqueux.
Alors qu'il allonge le pas, cherchant du pied une marche pour redescendre, un claquement
sonore retentit.
La marche s'est dérobée, l'isolant à jamais au bord suicidaire de son piédestal.
Fin de la pièce.
Mauvaise note
Ainsi, la mise en scène de Demarcy-Mota se révèle comme l'affirmation d'un règne, celui d'un dieu espace
tout-puissant.
Il en est de même du son, décisif lui aussi.
A l'instar du décor, l'ambiance sonore édifie la peur,
fait vrombir le sol au passage des troupeaux, figure les métamorphoses.
L'architecture sonore comme visuelle
se teinte d'une précision sensuelle étonnante.
Comme le bruit du couteau de boucher battant la mesure d'une
angoisse palpable aux préludes de la pièce.
Dommage qu'il n'en soit pas de même du reste.
Car, à trop vouloir
régler l'environnement de Rhinocéros, Demarcy-Mota en a oublié l'essentiel, s'est affranchi de son essence
même : le jeu.
Ainsi, ce Rhinocéros-là nourrit-il l'impression d'acteurs engoncés dans un ballet trop réglé...
dont
ils ne savent comment se dépêtrer pour laisser filtrer le sens, l'émotion.
Ainsi la scène de la métamorphose de
Jean tourne-t-elle au plus grotesque.
L'acteur s'y roule par terre, s'y tortille comme un ver de terre et sombre au
coeur du pathétique.
Seul Serge Maggiani, incarnation fantaisiste de Béranger se joue assez bien de la
mécanique, s'en inspire pour ouvrir son petit bal personnel, loin des autres.
Personnage fidèle à son auteur
rebelle, figure parachevée d'un Ionesco auréolé de contrastes, comme il se doit de l'être.
Maud Téolle.
»
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