Minuit, Éditions de.
Publié le 08/05/2013
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Minuit, Éditions de. 1 PRÉSENTATION Minuit, Éditions de, maison d'édition française, fondée en 1941 à Paris, dans la clandestinité. 2 DE LA RÉSISTANCE À LA DÉCOUVERTE DE BECKETT En réaction contre la censure allemande et indépendamment des différentes mouvances de la Résistance, les Éditions de Minuit naissent dans la clandestinité en 1941, sur l'initiative commune de Pierre de Lescure et de Jean Bruller, plus connu sous le pseudonyme de Vercors. Celui-ci fait paraître clandestinement en 1942 le Silence de la mer, dont l'écho retentissant donnera à la maison, à la Libération, une aura d'indépendance politique. L'activité légale des Éditions de Minuit date de 1944. En 1948, Jérôme Lindon, âgé alors de vingt-trois ans, prend la direction de la maison ; il la libère de la mainmise des membres fondateurs et met fin aux luttes politiques intestines qui l'agitent. Assisté de Georges Lambrichs et bénéficiant du soutien de Jean Paulhan, alors à la tête de la N.R.F., il renouvelle complètement l'approche éditoriale : c'est ainsi qu'il publie Maurice Blanchot (Lautréamont et Sade, 1949) et Georges Bataille (la Part maudite, 1949), reprend la revue Critique (dirigée par Bataille) et surtout édite Samuel Beckett (Molloy, 1951 ; En attendant Godot, 1952). 3 LE LANCEMENT DU NOUVEAU ROMAN Dès le milieu des années 1950, dans un monde éditorial enfin dégagé de la guerre, les Éditions de Minuit prennent du recul par rapport à leur image d'éditeur de la Résistance, pour s'attacher à livrer de nouveaux combats. Sur le plan littéraire, tout d'abord, Alain Robbe-Grillet -- avec les Gommes (1953) et la Jalousie (1957) -- s'érige en théoricien d'une rupture esthétique et en contempteur de l'écriture romanesque traditionnelle. De plus, l'arrivée concomitante de Roland Barthes et de Michel Butor (l'Emploi du temps, 1956 ; la Modification, prix Renaudot, 1957) va donner naissance, a posteriori, au Nouveau Roman. À vrai dire, ce dernier n'est pas seulement un mouvement littéraire, il est aussi une nouvelle façon pour ces écrivains de se situer à rebours des positions de Jean-Paul Sartre et de sa théorie sur l'engagement de l'écrivain dans son oeuvre. 4 L'ENGAGEMENT CONTRE LA GUERRE D'ALGÉRIE Parallèlement, sur le plan politique, les Éditions de Minuit militent contre la guerre d'Algérie, avec la publication, dans la collection « Documents « -- discrètement dirigée par Pierre Vidal-Naquet -- de Pour Djamila Bouhired (octobre 1957) de Georges Arnaud et Jacques Vergès, et de la Question (février 1958) de Henri Alleg. En 1960, Jérôme Lindon imprime, en recueil, le Manifeste des 121 pour le droit à l'insoumission des appelés français en Algérie ; on y trouve les signatures de plusieurs auteurs de la maison, étiquetés « Nouveau Roman « : Marguerite Duras (Moderato cantabile, 1958), Alain Robbe-Grillet (l'Année dernière à Marienbad, 1961), Nathalie Sarraute (Tropismes, réédité en 1957) et Claude Simon (l'Herbe, 1958 ; la Route des Flandres, 1960). L'engagement politique et la modernité littéraire des Éditions de Minuit ancrent leur renommée en leur donnant, et ce pour longtemps, le monopole de l'avant-garde éditoriale. 5 L'ESSOR DES SCIENCES HUMAINES Au cours des années 1960 -- où émergent de nouveaux types de questionnements axés prioritairement autour des problèmes de société --, les sciences humaines prennent le relais de la nouveauté et deviennent le fer de lance de la production éditoriale : c'est à cette époque que sont créées les collections « le Sens commun « (1965) par Pierre Bourdieu, et « Critique « (1967), où sont publiés Gilles Deleuze et Félix Guattari ( l'Anti-OEdipe, 1972 ; Mille Plateaux, 1980), ainsi que Jacques Derrida (Marges de la philosophie, 1972). Alors qu'elles connaissent la consécration littéraire avec le prix Nobel attribué à Samuel Beckett en 1969, les Éditions de Minuit multiplient leurs engagements dans la société civile : engagement propalestinien (Pour les Fidayine, 1969, de Jacques Vergès) ; livres sur le féminisme (Ce sexe qui n'en est pas un, 1977, de Luce Irigaray) ; lutte pour l'instauration du prix unique du livre dès 1974 (adopté en août 1981). 6 LE SUCCÈS PUBLIC À partir des années 1980, les Éditions de Minuit connaissent d'importants succès commerciaux, qu'inaugure l'attribution du prix Goncourt à l'Amant (1984) de Marguerite Duras -- auquel succèdent les Champs d'honneur (1990) de Jean Rouaud, puis Je m'en vais (1999) de Jean Echenoz. En 1985, elles ont aussi pu ajouter à leur palmarès un second prix Nobel de littérature (récompensant l'oeuvre de Claude Simon). Ces succès ne les empêchent pas d'être toujours à l'avant-garde, grâce au rassemblement de courants d'écriture comme « l'École de Minuit «, à laquelle participent Jean Echenoz et Jean-Philippe Toussaint (la Salle de bain, 1985), et, dans le même temps, grâce à la découverte de nouvelles plumes comme Hervé Guibert (l'Image fantôme, 1981), François Bon (Sortie d'usine, 1982), Marie NDiaye (Quant au riche avenir, 1985), Éric Chevillard (Mourir m'enrhume, 1987) Antoine Volodine (le Port intérieur, 1996), Éric Laurrent (Coup de foudre, 1995), Hélène Lenoir (Elle va partir, 1996), Jacques Serenna (Rimmel, 1998), Laurent Mauvignier (Loin d'eux, 1999). Leur catalogue, qui compte environ 750 titres en 2005, demeure exclusivement tourné vers la littérature, l'essai et la philosophie. Et, même si certaines collections consacrées aux sciences humaines sont arrêtées (« le Sens commun « notamment) ou mises au second plan, d'autres voient le jour, telles que la Revue des études palestiniennes et les collections « Philosophie « et « Paradoxe «. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
Liens utiles
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- En attendant Godot de Samuel Beckett. Acte deuxième : p. 100 à 105, éditions de Minuit
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