Méthodologie du commentaire

LE COMMENTAIRE LITTERAIRE

1. UN PROJET DE LECTURE

Le commentaire littéraire vise à rendre compte, au correcteur, de votre compréhension, de votre lecture du texte proposé grâce à une démonstration :

« nous* voulons montrer que ce texte est … »,    * :  l’emploi du « je » est interdit dans un commentaire !

c’est votre projet de lecture, ce qui constitue l’intérêt, la valeur du texte que vous venez de lire et d’étudier.

Tout le devoir cherchera donc à démontrer le bien-fondé de votre lecture, il n’est qu’une argumentation qui vise à étayer votre thèse, ici le projet de lecture.

Prenons l’exemple du Sonnet d’Arvers ; après lecture de ce poème, vous pouvez présenter différents projets de lecture selon l’intérêt dominant que vous souhaitez démontrer, mettre en évidence :

                        nous voulons montrer que ce poème est l’évocation sensible d’un amour

impossible,                                                                                           (exemple 1)

OU

nous voulons montrer que ce poème est l’archétype (ou le stéréotype) de la poésie

romantique,                                                                                         (exemple 2)

Il va de soi que le projet de lecture doit s’appuyer sur une lecture pertinente et cohérente du texte, on ne peut pas vouloir démontrer ce que le texte ne dit pas ou contredit.

2. UN TRAVAIL ARGUMENTATIF

Pour démontrer la pertinence de votre lecture du texte, vous allez procéder à une argumentation rigoureuse :

                          Ce texte est l’évocation sensible d’un amour impossible  (projet de lecture 1)

parce que (axe 1)                                             parce que (axe 2)                    

le poète est un être désespéré                     cet amour est univoque

car sa timidité est extrême (§.1)                      car la séparation est effective (§.1)

car son destin est tragique (§.2)                      car cette femme est inaccessible (§.2)

car il est en souffrance (§.3)                            car l’incommunicabilité est totale (§.3)

Chacun des paragraphes développés expose un argument qui permet d’étayer l’axe choisi et doit donc être expliqué puis illustré dans ce but.

3. UNE STRUCTURE CLAIRE

Les copies distribuées au baccalauréat ne disposant pas de lignes verticales, votre présentation doit être d’une clarté totale pour le correcteur :

En 1 § avec alinéa de 3 carreaux

Sauter 1 ligne

Le 1er § avec alinéa de 3  carreaux

Les § 2 et 3, simple retour à la ligne, alinéa d’1 carreau

Sauter 1 ligne

En 1 § avec alinéa de 3 carreaux

Sauter 1 ligne

Le 1er § avec alinéa de 3 carreaux

Les § 2 et 3, simple retour à la ligne, alinéa d’1 carreau

Sauter 1 ligne

En 1 § avec alinéa de 3 carreaux

      INTRODUCTION

hfjhqhqgvjqhsgqsdjhqsjhgv

          CONCLUSION

             §. 3

                  §. 2

                  §. 1

            TRANSITION

                   §. 3

                   §. 2

               §. 1

4. L’INTRODUCTION

C’est un élément déterminant de votre devoir, celui qui conditionne la bonne lecture du correcteur ; elle constitue un paragraphe composé de 4 étapes :

CONTEXTUALISATION

                                           Affirmation initiale (incontestable) / 1 contexte ou +

                    Contextes : littéraire / historique/ biographique / genre-forme-registre / thème

Lien logique                                                              TEXTE

 (ainsi, … notamment)   Présentation du texte : titres – auteur – date publication – contenu

              PROJET DE LECTURE

             Intérêt, valeur du texte

            PLAN

           Annonce

           Titres des axes

Pour le sonnet d’Arvers :       

La poésie lyrique a célébré avec une variété inépuisable les affres du

sentiment amoureux véritable cliché qui règne sans partage au sein des anthologies poétiques./ Ainsi,

dans ce « Sonnet » publié en 1833 dans le recueil Mes heures perdues , Félix Arvers esquisse les

douleurs d’un chagrin d’amour./ De fait, l’intérêt de ce poème réside en son évocation émouvante et

singulièrement sensible d’un amour impossible./ Pour tenter de le démontrer, il conviendra tout

d’abord de cerner la personnalité désespérée du poète offerte au lecteur puis d’étudier le

caractère univoque de cette passion sans lendemain.

NB : l’annonce de plan peut être articulée clairement :

        (dans un premier temps, tout d’abord, en premier lieu .. ;

         puis, par la suite, en un second temps… ;

         enfin, en dernier lieu, dans un ultime volet… ;)  

NB : mais on peut aussi la formuler en une phrase affirmative qui reprenne les titres des axes en les

         reliant logiquement afin de révéler la progression réflexive du développement :

Le mouvement romantique qui domine la première moitié du XIXème

siècle offre, avec constance, dans son écriture poétique, les épanchements sentimentaux d’amants affligés./ De fait, dans ce « Sonnet » publié en 1833 dans le recueil Mes heures perdues , Félix Arvers esquisse les sourdes douleurs d’un chagrin amoureux./ La valeur de ce poème nous semble résider en son évocation émouvante et singulièrement sensible d’un amour impossible./ En effet, la personnalité singulièrement désespérée du poète se heurte à sa passion univoque sans lendemain.

5. LA CONCLUSION

En un paragraphe et en 3 étapes :

PLAN

(reprise)

Reformulation

JUGEMENT PERSONNEL

et critique sur le texte

(appréciatif-dépréciatif-nuancé)

LIER LE TEXTE A UNE NOUVELLE PROBLEMATIQUE LITTERAIRE

(autre intérêt, autre enjeu du texte)

Lier à autre texte, autre auteur, autre mouvement, autre activité artistique,…

(Pensez à un autre corpus dans lequel on pourrait l’insérer)

6. LA TRANSITION

Elle est indispensable pour assurer le passage entre 2 parties (axes) du développement :

-          soit comme paragraphe isolé

-          soit placée à la fin du dernier paragraphe de l’axe précédent

Elle répète le titre de l’axe achevé et annonce celui de l’axe suivant.

Formules : Après avoir évoqué/étudié/analysé ..., il s’agit maintenant d’aborder/de cerner …

                   ou

une phrase qui relie les 2 titres des axes en mettant en évidence la logique qui les  enchaîne

ex : Ce désespoir profond affiché par le poète n’est que la conséquence d’une faillite totale, celle d’un amour définitivement univoque.  

7. LE PARAGRAPHE

Le paragraphe de commentaire se compose des éléments suivants :

            Lien logique                     ∙ Formulation de l’argument choisi (qui étaye l’axe)

             (si nécessaire)

                                                            ∙ Explication et développement de cet argument par :

                                                                        - interprétation et analyse

                                                                        - citation / procédé d’écriture

                                                ∙ Annonce de l’argument suivant (du § suivant)    facultatif

            Ainsi, le poète s’inscrit-il dans ce sonnet comme une figure désespérée en raison notamment d’une conduite empreinte d’une timidité quasi-maladive. Cette réserve, cette incapacité à dire, à communiquer entraîne nécessairement un échec amoureux. Le recours à une antithèse « murmure d’amour /élevé » au vers 11 signifie clairement combien l’intensité de la passion ne peut s’investir dans la parole, reste muette et donc insoupçonnée par l’être aimé ; d’autant plus qu’il n’y a pas d’échange réel puisque l’expression « sur ses pas » signifie clairement que le poète ne se manifeste qu’après le passage de la jeune femme, dans son dos en quelque sorte. Enfin, le poète « n’osant rien demander » restera « inaperçu » ; ces termes négatifs révèlent son incapacité à agir, à prendre des initiatives donc à séduire la jeune femme : il n’en est que plus logique que l’indifférence soit la seule réponse qu’il puisse recevoir de celle devant laquelle il s’efface, déprimé et esseulé.   Annonce argument §.2 (solitude)

Titre de l’axe

Argument §.1

une antithèse : procédé, choix d’écriture                                                                         

« inaperçu »    : citation

le recours …    : explication, interprétation

8. L’INSERTION DES CITATIONS

 Les citations doivent être intégrées au reste du paragraphe en variant les tours et en respectant le code d’écriture :

entre guillemets

avec points de suspension au milieu en conservant le sens si la citation est longue

o   ex : « Et j’aurai passé … inaperçu … n’ayant rien reçu. »

en revenant à la ligne pour citer un (des) vers entier(s) ou en plaçant un oblique suivi d’une majuscule au début de chaque vers s’ils sont courts      

o   ex : « Les sanglots longs / Des violons »

en soulignant ou en mettant en majuscule le son (allitérations, assonances) étudié

o   ex : « Ma vie a son secret, Mon âMe a son Mystère »

La place de la citation :

La citation peut précéder l’identification du procédé et son interprétation :

« A l’austère devoir » (v.12), cette périphrase évoque les liens du mariage avec tout l’ennui et la monotonie qu’une union officielle peut connaître et souligne combien cette femme est fidèle et dévouée, donc totalement étrangère à toute aventure amoureuse adultère.

La citation peut suivre l’interprétation et le procédé repéré :

Le poète met en évidence le caractère moral, intègre et fidèle de cette femme indifférente à toute sollicitation adultère  soulignant à dessein le caractère quasi-religieux de son union maritale, il utilise pour ce faire une diérèse « pi-eusement » au vers 12.

La citation peut s’insérer entre les 2 autres éléments :

L’absence de réciprocité dans la relation amoureuse témoigne d’une négation complète du Moi, de fait, le vers 6

« Toujours à ses côtés et pourtant solitaire »

concourt à souligner  cet effondrement du sujet lyrique, ce poète-absent grâce à la présence frappante de son antithèse qualificative.

9. DIVERS

N’oubliez pas :            - de souligner les titres des ouvrages (roman, recueil, etc.)

                                    - de mettre entre guillemets les titres de poèmes, de chapitre

Ex. : « Des Cannibales » extrait des Essais de Montaigne.