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même temps que l'homme est libre.

Publié le 22/10/2012

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même temps que l'homme est libre. Si nous étions encore capables d'un autre coup d'oeil (qui sans doute ne nous est pas du tout accordé, mais à la place duquel nous n'avons que le concept rationnel), c'est-à-dire d'une intuition intellectuelle du même sujet, nous nous apercevrions cependant que toute cette chaîne de phénomènes, par rapport à tout ce qui ne concerne toujours que la loi morale, dépend de la spontanéité du sujet comme chose en soi, spontanéité dont la détermination ne peut être en aucune façon expliquée physiquement. A défaut de cette intuition, la loi morale nous affirme cette distinction de la relation de nos actions comme phénomènes à l'être sensible de notre sujet et de la relation par laquelle cet être sensible est lui-même rapporté au substratum intelligible qui est en nous. Par cette considération, naturelle à notre raison, quoique inexplicable, on peut justifier aussi des jugements qui, portés en toute conscience, paraissent cependant, à première vue, être tout à fait contraires à toute équité. Il y a des cas où des hommes, même avec une éducation qui a été profitable à d'autres, montrent cependant dès l'enfance une méchanceté si précoce, et y font des progrès si continus dans leur âge mûr qu'on les prend pour des scélérats de naissance et qu'on les tient, en ce qui concerne leur façon de penser, pour tout à fait incorrigibles; et toutefois on les juge pour ce qu'ils font et ce qu'ils ne font pas, on leur reproche leurs crimes comme des fautes; bien plus, eux-mêmes (les enfants) trouvent ces reproches tout à fait fondés, exactement comme si, en dépit de la nature désespérée du caractère qu'on leur attribue, ils demeuraient aussi responsables que tout autre homme. Cela ne pourrait arriver si nous ne supposions pas que tout ce qui sort du libre choix d'un homme (comme sans doute toute action faite à dessein) a pour fondement une causalité libre, qui, dès la plus tendre jeunesse, exprime son caractère dans ses phénomènes (les actions). Ces phénomènes, à cause de l'uniformité de la conduite, font connaître un enchaînement naturel, qui cependant ne rend pas nécessaire la mauvaise nature de la volonté, mais qui est plutôt la conséquence de principes mauvais acceptés librement et immuables, principes qui ne le rendent que plus mauvais et plus digne de châtiment 1. (Critique de la raison pure, II, p. 105-106.) 1. Voir aussi, dans le texte 29, l'exemple du mensonge. Si le devoir est une exigence de notre raison, le bonheur est une exigence de notre nature sensible et on peut appeler souverain bien l'accord de la vertu et du bonheur. Mais la maxime de la vertu ne peut pas plus être la cause efficiente du bonheur que le désir du bonheur ne peut être le mobile des maximes de la vertu. L'antinomie soulevée par le problème du souverain bien ne peut être résolue que par la supposition de l'immortalité de l'âme et de l'existence de Dieu, qui apparaissent donc, avec la liberté, comme des postulats de la raison pratique. 44. L'immortalité de l'âme. La réalisation du souverain bien dans le monde est l'objet nécessaire d'une volonté qui peut être déterminée par la loi morale. Mais dans cette volonté, la conformité complète des intentions à la loi morale est la condition suprême du souverain bien. Elle doit donc être possible aussi bien que son objet, puisqu'elle est contenue dans l'ordre même de réaliser ce dernier. Or, la conformité parfaite de la volonté à la loi morale est la sainteté, une perfection dont n'est capable, à aucun moment de son existence, aucun être raisonnable du monde sensible. Comme cependant elle n'en est pas moins exigée comme pratiquement nécessaire, elle peut seulement être rencontrée dans un progrès allant à l'infini vers cette conformité parfaite, et suivant les principes de la raison pure pratique, il est nécessaire d'admettre un progrès pratique tel comme l'objet réel de notre volonté. Or, ce progrès indéfini n'est possible que dans la supposition d'une existence et d'une personnalité de l'être raisonnable persistant indéfiniment (ce que l'on nomme l'immortalité de l'âme). Donc, le souverain bien n'est pratiquement possible que dans la supposition de l'immortalité de l'âme ; par conséquent celle-ci, comme inséparablement liée à la loi morale, est un postulat de la raison pure pratique (par où j'entends une proposition théorique, mais qui comme telle ne peut être prouvée, en tant que cette proposition est nécessairement dépendante d'une loi pratique ayant a priori une valeur inconditionnée). (Critique de la raison pratique, p. 131-132). 45. L'existence de Dieu. Dans la loi morale, il n'y a pas le moindre principe pour une connexion nécessaire entre la moralité et le bonheur qui lui est proportionné, chez un être appartenant comme partie au monde et par conséquent en dépendant, qui justement pour cela, ne peut, par sa volonté, être cause de cette nature et ne peut, quant à son bonheur, la mettre par ses propres forces complètement d'accord avec ses principes pratiques Cependant dans le problème pratique de la raison pure, c'est-à-dire dans la poursuite nécessaire du souverain bien, on postule une telle connexion comme nécessaire : nous devons chercher à réaliser le souverain bien (qui doit donc être possible); ainsi on postule aussi l'existence d'une cause de toute la nature, distincte de la nature et contenant le principe de cette connexion, c'est-à-dire de l'harmonie exacte du bonheur et de la moralité. Mais cette cause suprême doit renfermer le principe de l'accord de la nature, non seulement avec une loi de la volonté des êtres raisonnables, mais aussi avec la représentation de cette loi en tant que ceux-ci en font le principe suprême de détermination de leur volonté; partant non seulement avec les moeurs d'après la forme, mais aussi avec leur moralité comme principe déterminant, c'est-à-dire avec leur intention morale. Le souverain bien n'est donc possible dans le monde qu'en tant qu'on admet une cause suprême de la nature qui a une causalité conforme à l'intention morale. Or, un être qui est capable d'agir d'après la représentation des lois est une intelligence (un être raisonnable) et la causalité d'un tel être, d'après cette représentation des lois, est sa volonté. Donc la cause suprême de la nature, en tant qu'elle doit être supposée pour le souverain bien, est un être qui, par l'entendement et la volonté, est la cause, partant l'auteur de la nature, c'est-à-dire Dieu. Par conséquent, le postulat de la possibilité du souverain bien dérivé (du meilleur monde) est en même temps le postulat de la réalité d'un souverain bien primitif, à savoir de l'existence de Dieu. Or, c'était un devoir pour nous de réaliser le souverain bien, partant non seulement un droit, 1. Cf. Raison pratique, p. 139 : « La morale n'est pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur. C'est seulement lorsque la religion s'y ajoute qu'entre en nous l'espérance de participer un jour du bonheur dans la mesure où nous avons essayé de n'en être pas indignes. «
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« La loi morale Si le devoir est une exigence de notre raison, le bonheur est une exigence de notre nature sensible et on peut appeler souverain bien l'accord de la vertu et du bonheur.

Mais la maxime de la vertu ne peut pas plus être la cause efficiente du bonheur que le désir du bonheur ne peut être le mobile des maximes de la vertu.

L'anti­ nomie soulevée par le problème du souverain bien ne peut être résolue que par la supposition de l'immortalité de l'âme et de l'exis­ tence de Dieu, qui apparaissent donc, avec la liberté, comme des postulats de la raison pratique.

44.

L'immortalité de l'âme.

La réalisation du souverain bien dans le monde est l'objet nécessaire d'une volonté qui peut être déterminée par la loi morale.

Mais dans cette volonté, la conformité complète des intentions à la loi morale est la condition suprême du souverain bien.

Elle doit donc être possible aussi bien que son objet, puis­ qu'elle est contenue dans l'ordre même de réaliser ce dernier.

Or, la conformité parfaite de la volonté à la loi morale est la sainteté, une perfection dont n'est capable, à aucun moment de son existence, aucun être raisonnable du monde sensible.

Comme cependant elle n'en est pas moins exigée comme pra­ tiquement nécessaire, elle peut seulement être rencontrée dans un progrès allant à l'infini vers cette conformité parfaite, et suivant les principes de la raison pure pratique, il est nécessaire d'admettre un progrès pratique tel comme l'objet réel de notre volonté.

Or, ce progrès indéfini n'est possible que dans la supposition d'une existence et d'une personnalitê de l'être raisonnable per­ sistant indéfiniment (ce que l'on nomme l'immortalité de l'âme).

Donc, le souverain bien n'est pratiquement possible que dans la supposition de l'immortalité de 1 'âme; par conséquent celle-ci, comme inséparablement liée à la loi morale, est un postulat de la raison pure pratique (par où j'entends une proposition théorique, mais qui comme teile ne peut être prouvée, en tant que cette pro­ position est nécessairement dépendante d'une loi pratique ayant a priori une valeur inconditionnée).

(Critique de la raison pratique, p.

131-132).

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