Maxime CHASTAING (né en 1913) Le dogme du réalisme subjectif
Publié le 15/01/2018
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Maxime CHASTAING (né en 1913)
Le dogme du réalisme subjectif
Maxime Chastaing expose là les difficultés qu'il y a à raconter la moindre aventure sans trahir la vérité. Il faut que le romancier reste fidèle au point de vue à partir duquel il présente la réalité fictive.
Un soir du temps de guerre, dans une maison abandonnée que la neige attaque, je travaille à traduire mes impressions du jour. J'écris : Je marche sur un bras gelé du vieux Rhin, semblable à un morceau blanc de plaine hollandaise. Je corrige : Je marche sur un vieux bras du Rhin gelé. Je corrige encore : Je marche sur un morceau blanc de plaine hollandaise. Pourquoi ces corrections ? Parce qu'au moment où je me meux dans la neige, j'ignore que je traverse une étendue d'eau ( . . . ). En fait, je ne le saurai que plusieurs heures plus tard lorsque, à l'abri d'une maison et assis, j'examinerai une carte géographique. Je me refuse donc d'écrire de telle façon que je paraisse confondre deux instants distincts et, par suite, ma perception réelle avec une conception possible. Je refuse un style où j' altèrerais mon expérience : par une autre expérience à un autre moment, par l'expérience d'un autre au même moment.
«
l'un àe l'autre .
Ils ne devaient jamais se revoir, dit le narrateur.
Mais peut-il
le dire ? Oui, si les héros sont morts et s 'il rappor te leur vie passée.
Si donc
il écrit un conte.
Or, il ne veut rien raconter, il ne veut conjuguer ni le passé
simple ni le passé composé : il emploie le présent de l'indicatif et parfois cet
autre présent -«le présent du passé », note Brunot -qu'on appelle imparfait.
Il pa raît donc prédire l'avenir.
En feignant le don de divinati on, il invente la
fatalité ; en mêlant conte et roman, il créé l'illusion d'une tragédie .
Ce destin
artificiel se man ifeste de façon spécialement claire quand un personnage
jo ue le rôle du narrateur.
Le personnage alors n'apprend pas.
»
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