Max Weber est-il ou n'est-il pas?
Publié le 26/03/2015
Extrait du document
«
régénération et de foi authentique, a pu constituer le plus puissant levier qui se puisse imaginer de l'expansion
de cette conception de la vie que nous avons appelée, ici, l'esprit du capitalisme."
"Ce que les personnes rencontrées paraissent le plus déplorer, c'est le sentiment de mal faire leur travail et
d'être mises dans des situations où elles n'ont pas les moyens de faire correctement ce qui leur est demandé,
doublé de la conviction que ce travail n'a plus aucun sens.
On déplore aussi le fait de n'avoir plus
aucune visibilité sur le résultat du travail, un travail qu'on ne mène plus à son terme dans la mesure où de
nouveaux objectifs, de nouvelles directives viennent sans cesse annuler les précédentes et vider le travail
accompli de toute signification.
Ainsi, dans une entreprise du secteur sidérurgique, on déplore le fait de n'avoir
plus la satisfaction de voir la fin des actions que l'on vient de mener avant de devoir entreprendre autre chose:
« Ici, disent-ils, on n'a plus que le travail et on n'a jamais l'oeuvre.
Or, ce qui constitue le plaisir au travail, c'est
quand même le plaisir de l'oeuvre accomplie.
Mais l'oeuvre est escamotée au bénéfice d'un mouvement
perpétuel et on est frustré de l'accomplissement final.
»
L'oeuvre, c'est le produit du travail accompli, celui dont on peut être fier et qui conforte l'identité
professionnelle de celui qui l'a fait.
La comparaison est faite, dans diverses entreprises, avec l'image du pain
que l'on pétrirait, mais qu'on ne verrait jamais sortir du four, fini et bien doré, ou avec celle d'un luthier qui
passerait son temps à travailler le bois pour fabriquer un violon, sans que jamais le violon ne parvienne à
prendre forme.
« En plus, ajoutent certains, le violon, on nous dit de le faire, puis on nous le piétine et en même
temps on nous dit qu'il faut en refaire un, et il n'y a plus aucun sens à le faire parce qu'il va être détruit encore
une fois et qu'on va nous dire "il y en a des moins chers là-bas !''.»
[...]
Dépossession du sens de son action, travail de plus en plus virtuel et dématérialisé, qui s'évapore aussitôt
accompli sans que l'on sache au nom de quoi et pour qui il l'a été, rupture entre la logique financière qui régit la
stratégie de l'entreprise et la logique productive qui structure le travail au quotidien, c'est une problématique
qui va bien au-delà de celle de l'urgence et touche à la transformation même de l'économie, de plus en plus
immatérielle, et aux reconversions industrielles, restructurations, fusions-acquisitions et autres.
»
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