Marivaux, "Les Fausses confidences"
Publié le 11/05/2012
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Le commentaire
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Introduction :
Dans les FC, comédie en 3 actes, on assiste au jeu de l’amour et du calcul : il y est question bien souvent d’argent ! Dubois tire les fils des marionnettes que sont pour lui les autres personnages, sans aucun doute parce qu’il y trouvera son intérêt. Il doit donc rendre Araminte, qu’il sert comme valet, amoureuse de Dorante, tramer une machination pour que son ancien maître, Dorante, qui est devenu l’intendant de la riche et jeune bourgeoise, parvienne à l’épouser, en dépit de sa timidité presque maladive et des projets de la mère, Madame Argante, qui a en vue un comte, ce qui la ferait être mère d’une comtesse ! Une jeune et belle Marton , dame de compagnie, fera les frais de cette intrigue : elle croit avec assez de raison que c’est elle que Dorante aime… Passons sur les péripéties et sur les autres personnages. La scène que nous commentons est à l’acte II (extrait de la scène 13). Araminte, déjà charmée par Dorante, souhaiterait qu’il se déclare car ce n’est que par les dires de Dubois qu’elle sait qu’elle est aimée : elle tend un piège à son intendant, espérant résoudre la situation en le mettant à l’épreuve, ce qui ne réussit pas ! Quelle est la tonalité de cette scène ? Le caractère d’Araminte, l’évolution des sentiments de Dorante, le rôle de la lettre comme procédé dramatique pernettront de le déterminer.
NB : on pourrait aussi envisager un plan en deux grandes parties seulement, qui exposerait d’une part les éléments comiques, d’autres part les éléments de pathétique, dans cet ordre ou dans l’ordre inverse.
Développement
1° grande partie- La position sociale d’Araminte et ce qu’elle sait de Dorante lui permettent de donner libre cours à son fort caractère.
a- Autoritaire et cruelle (les verbes à l’impératif)
b- Metteur en scène et actrice sachant mentir (la première didascalie et les apartés révélateurs)
Transition : Le jeu d’Araminte peut plaire au lecteur ou au spectateur, qui apprécie sa façon de jouer la comédie et de se jouer du naîf Dorante mais celui-ci cependant peut émouvoir.
2° grande partie- L’amour muet de Dorante pour Araminte et son respect se marquent par une souffrance de plus en plus grande.
a- Etonnement (les exclamations, la rêverie et le comique de geste)
b- Révolte (ordre expressif des mots, les protestations, le vocabulaire précieux)
c- Souffrance (le vocabulaire de la souffrance, la litote pour l’évanouissement, les marques répétées de respect "madame").
Transition :La souffrance de Dorante, preuve de sa sincérité, le submerge un moment et donne une tonalité pathétique à la scène mais sa dernière réplique montre son peu d’audace et résout cette tension, qui croît au cours de l’écriture de la lettre.
3° grande partie- La lettre apparaît comme le procédé dramatique essentiel dans cette scène.
a- Toute une scénographie est déjà inscrite dans le texte (vocabulaire spécifique de la correspondance, qui amène l’organisation du décor et des accessoires).
b- Ce stratagème de la lettre mensongère destinée à rendre l’autre jaloux représente un enjeu important pour les deux personnages : leur bonheur ou leur malheur ("Le cœur me bat !", "Ciel je suis perdu !)
Conclusion :
Le stratagème échoue, Araminte n’a pas réussi à faire parler Dorante, la preuve qu’il est amoureux d’elle n’est donc pas établie ("Il n’y a pas encore là de quoi le convaincre".) La lettre, qui devait pouvoir amener un dénouement rapide, si Dorante avait "avoué" (sous la torture !), est ainsi pour le lecteur, une simple étape de l’action : désormais Araminte est sûre d’être aimée mais Dorante n’est pas prêt à se déclarer : il compte encore, comme un benêt, sur Dubois. La tonalité de cette scène au cours de laquelle le lecteur est sollicité constamment pas les apartés , s’intéresse aux personnages et voit mieux leurs caractères et leurs sentiments, cette tonalité n’est pas strictement comique, il y entre des éléments de pathétique. Dans la mise en scène de Jean-Louis Thamin (Théâtre Silvia Monfort, Paris, 2005), l’évanouissement surjoué de Dorante provoque cependant les rires du public : tout peut dépendre de l’interprétation !
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