mariage ecume des jours
Publié le 20/04/2014
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Introduction : Boris Vian, 1920-1959, écrivain français (romancier, parolier, chanteur, critique, musicien jazzman et ingénieur diplômé à Central (Paris), il a écrit L'herbe rouge (1950), L'Arrache-Coeur (1953) et, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, J'Irai cracher sur vos Tombes (1947), une chanson antimilitariste interdite par la censure, Le Déserteur (1954) L'Ecume des Jours, 1947, roman en 68 chapitres écrit au dos de formulaires de l'AFNOR où Vian travaillait à l'époque. Les personnages évoluent dans un univers poétique et déroutant avec pour thème l'amour, la maladie et la mort, le tout dans une atmosphère de jazz. Récemment adapté sur les écrans par Michel Gondry (avril 2013) Extrait du chapitre XXI, mariage religieux de Colin et Chloé à travers lequel l'auteur critique l'Eglise Lecture Comment Vian fait-il une satire de la religion ? Comment la narration de cet évènement heureux se confond avec une parodie du sacrement du mariage et de la religion en général ? I) ; II) I) Un évènement heureux entre tradition et fantaisie A) Une ambiance festive * musique, danse : grande impression de vie, moment convivial. Le terme « cabriolant », ainsi que la parade évoquent le mouvement. A cela s'ajoutent les verbes signifiant des émissions de sons ainsi que le champ lexical de la musique: « écoutant la musique », « le bruit des chaises sur les dalles était très harmonieux », « les Musiciens commencèrent un choeur vague », « onze trompettes bouchées jouant à l'unisson », « thèmes classiques du blues ». * moment agréable : « tous les gens qui les connaissait étaient là, écoutant la musique et se réjouissant d'une si belle cérémonie », « il faisait chaud », « atmosphère bégnine et ouatée », « velours » ==>moment agréable et paisible dans une atmosphère chaleureuse et festive * il n'y a quasiment aucun mot de liaison et tout aussi peu de conjonctions de coordinations : il y a donc une ponctuation importante et des phrases plus ou moins courtes qui rythment le texte, mais elles sont peu expressives (aucune interjections, ni points d'exclamation ou d'interrogation) ==> cette asyndète et le rythme lent révèlent l'atmosphère calme et le moment placide que partagent les personnages B) Des mariés heureux pour un mariage dans les normes * Colin et Chloé sont amoureux et sont pleinement concentrés sur l'idée de leur union ainsi qu'en témoignent les expressions : « agenouillés devant l'autel [...] Colin et Chloé, main dans la main, attendaient », « Colin tenait la main de Chloé », « il aimait la musique que l'on jouait en ce moment » ==> il se dégage l'impression d'un moment sublimé * il s'agit bien d'un mariage d'amour ainsi que l'exhibe la répétition de l'adverbe oui : « il dit « oui ». Chloé dit « oui » aussi ». On retrouve d'autres symboles du mariage comme les enfants de la haie d'honneur qui consacrent leur amour et leur bonheur : « les Enfants de Foi des deux côtés de l'autel ». Il y a également « des fleurs tout autour de l'autel » * cérémonie : Ouverture (« les musiciens commencent »), Cérémonial (« fond de onze trompettes »), Engagement (« arrangement de D. Ellington ») ==> cérémonie longue et solennel sur le thème de la musique C) Un environnement fantaisiste Les évènements traditionnels du mariage sont repris mais entremêlés à des éléments fantaisistes * « Partout, de grandes lumières envoyaient des faisceaux de rayons sur des choses dorées qui les faisaient éclater dans tous les sens et les larges raies jaunes et violettes de l'église donnaient à la nef l'aspect de l'abdomen d'une grosse guêpe couchée, vue de l'intérieur » : comparaison décalée propre au roman qui donne un étrange relief au lieu de l'action et qui forme, rappelant l'écriture automatique et les associations d'idées incohérentes des surréalistes. * association d'idées concrètes et abstraites qui paraissent étranges : « Très haut, les Musiciens commencèrent un choeur vague ; les nuages entraient ; ils avaient une odeur de coriandre et d'herbe des montagnes » * la présence déroutante de wagonnets dans l'église fait référence à l'attraction du train-fantôme : « bruit de tonnerre », « fracas assourdissant », « toiles d'araignées », « lumière verte ». Allitération en R qui renforce le caractère lugubre. La narration évoque longuement une contamination de l'Eglise sacrée par le profane. Cette fantaisie participe à la satire religieuse signée ici par Boris Vian : les exemples sont nombreux et nous allons les étudier dans une deuxième partie.
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