« Marcher d'un grave pas », Joachim du Bellay Les Regrets
Publié le 18/10/2010
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Introduction
« Marcher d’un grave pas «, extrait de Les Regrets de Joachim Du Bellay. Ce recueil fut publié en 1558. Une première partie est consacrée à l’élégie, la plainte et le regret, et une seconde est écrite sur un ton ironique et satirique. Du Bellay écrit ces poèmes durant son séjour en Italie où il se fait observateur de la cour pontificale.
« Marcher d’un grave pas « dépeint le portrait du courtisan romain qui repose une satire, une caricature. Ce sont des êtres axés sur l’apparence.
Clés de lecture
I. Portrait du courtisan
La répétition de « grave « souligne une obsession dérisoire, à la limite du comique. Le mode impersonnel des verbes en début de vers donne une valeur injonctive à portée universelle au récit, comme s’il y existait un protocole. La mention d’expressions italienne « Messer Non «, « Messer Si « marque le manque de spontanéité, et le rythme binaire donne une impression d’automatisme. Les comportements sont conditionnés et stéréotypés « Ces vieux singes de cour « ; « ils feront le pareil comme eux «.
La répétition de « grave « souligne une obsession dérisoire, à la limite du comique. L’univers du faux-semblant est explicitement dénoncé : les termes qui renvoient à l’hypocrisie sont nombreux « comme si «, « contrefaire «, « cacher sa pauvreté d’une brave apparence «.
On se met en scène pour les autres par l’intermédiaire de flatteries « Seigneuriser chacun d’un baisement de main «. Le caractère général de cette attitude qui s’appuie sur le paraître contribue à la désindividualisation.
II. La réalité du dernier tercet
Le dernier tercet marque un retour à la réalité. La comédie est finie. La triple répétition du terme « mal « donne un rythme ternaire, qui, ajouté à la répétition du privatif « sans « accentue le dénuement, qui a ainsi une valeur péjorative, valeur qui ne ressortait pas dans les autres strophes. Ce n’est plus du conformisme, mais bien un mode personnel qui apparaît ici : le seul verbe « se retourne «, n’est pas à l’infinitif et démarque ainsi le 3e tercet des autres.
Par cette chute, Du Bellay fait voir sa déception de la cour pontificale, et la réalité de l’état de dépouillement et de dénuement dans lequel on la quitte, après avoir dépeint ironiquement sous forme de caricature les protocoles et autres manières de se hisser sur les échelons de la société.
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