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Manon Lescaut, roman libertin ou traité de moral

Publié le 04/06/2011

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lescaut

I.                  Obscurité et mystère de l’Homme 

 

1)      Déchéance de la société

Le Monde et la Société que peint l’Abbé Prévost dans Manon Lescaut est une société corrompue, une société décadente qui sombre dans la perversion et oublie les valeurs essentielles.

En effet, l’argent est le facteur structurant du roman. Il corrompt toutes les relations sociales et humaines. C’est par manque d’argent ou par crainte de venir à en manquer, que Manon trahit et quitte le Chevalier Des Grieux, lorsque peu de temps après leur fugue elle accepte les avances du fermier général M de B et livre Des Grieux à sa famille ou lorsque sur la proposition de son frère, elle s’en va quelques jours à la campagne avec le riche M. de GM. Et quand ce n’est pas Manon qui trahit son Chevalier, c’est lui-même qui se livre à des activités indignes et criminelles, comme la triche au jeu, ou qui prend part aux duperies contre les GM, tout ça dans le but de pourvoir aux besoins de sa tendre Manon et d’en prévenir la trahison et la fuite. La magie d’un amour sincère se voit alors réduite à de la prostitution, bien que Manon l’assure de son amour, il sait que s’il n’a pas les moyens de l’entretenir, il lui faudra se passer de ses charmes. Il entretient le même genre de relations avec  son ami Tiberge qu’il ne retrouve que pour lui demander de l’argent et avec sa famille avec laquelle il ne cherche à renouer que pour obtenir d’elle quelques secours financiers, que ce soit au tout début du roman, lorsque Manon et lui sont sans le sou ou bien à sa fin quand il rentre à Paris.

Mais le couple n’est pas le seul à sembler corrompu. Une grande partie des hommes et des puissants semblent n’être que des êtres abjects abusant de leur argent et de leur pouvoir. C’est grâce à l’argent que MM de B et de GM nuisent à Des Grieux, c’est en utilisant son pouvoir que GM fait enfermer Des Grieux et Manon. Ces riches aristocrates sont présentés comme de vieux hommes décadents cherchant à satisfaire leurs plus sombres et primaires plaisirs.

Paradoxalement face à cette déchéance et à cette immoralité, on continue à prêcher la morale et les vertus. Le vieux libertin qu’est M. de GM se permet de donner des leçons de morale à Des Grieux, en décrivant Paris, comme un lieu « où les jeunes gens se laissent aller facilement à la débauche « et en lui rappelant que « la friponnerie et les artifices honteux méritaient d’être punis «. D’ailleurs, c’est ce monde corrompu et profondément immoral qui s’oppose au bonheur de Des Grieux. Ce sont les usages et bonnes mœurs qui cachent pourtant un libertinage sous-jacent qui « empêchai[en]t [Des Grieux] de vivre tranquille et vertueux avec Manon «. En effet, un jeune et respectable aristocrate tel que Des Grieux ne saurait se marier avec Manon, qui est roturière et qui se comporte comme une fille de joie, sous peine d’être sévèrement puni, d’être exhérédé et de devenir « la fable de toutes les personnes de [s]a connaissance et la honte de [s]a famille «. Or, rappelle Des Grieux, « une maitresse ne passe pas pour une infamie dans le siècle où « il est. C’est là où réside le mystère de cette société obscure qui détruit les sentiments les plus purs au profit de ceux les plus vils, au nom d’une morale qu’elle ne respecte pas.

 

2)      Aveuglement des passions

Mais la société des Hommes n’est pas la seule qui soit mystérieuse, en effet le véritable mystère de l’Homme que met en valeur l’Abbé Prévost dans son roman est la Force de l’Amour, l’aveuglement et l’obscurité dans lesquels Des Grieux est plongé.

Des Grieux est un personnage plein de contradiction, ce sont ces contradictions que dénoncent Renoncour dans l’Avis au lecteur, il explique avoir « à peindre un jeune aveugle qui refuse d’être heureux, pour se précipiter volontairement dans les premières infortunes ; qui […] préfère une vie obscure et vagabonde, à tous les avantages de la fortune et de la nature ; qui prévoit ses malheurs, sans vouloir les éviter «. Des Grieux, alors qu’il est de haute naissance et dispose de tout ce qu’il peut désirer, promis à un avenir florissant, décide contre toute attente de se livrer entièrement à sa maîtresse, Manon. Etrangement, rien ne semble arrêter l’Amour de Des Grieux, pas même les trahisons, enfermements et malheurs à répétition semés sur son chemin, la douleur ne fait qu’exalter sa passion. Même lorsqu’il réalise « la honte et l’indignité de [s]es chaines «, la victoire de la lumière sur son aveuglement n’est qu’éphémère. En vérité la puissance de cet Amour réside en Manon elle-même, mais plus particulièrement dans sa vue. Des Grieux remarque que « la vue de Manon [l]’aurait fait précipité du Ciel « ou encore dit à Tiberge au sujet de sa maîtresse Manon : « Voyez, lui disais-je, en lui montrant les yeux de la mienne «. Manon parait être une sorte de magicienne, car Des Grieux est comme envouté. Dès la première rencontre, le Chevalier tombe sous son charme et parle à Renoncour de « la douceur de ses regards, [d’] un air charmant de tristesse «. Seuls ses effets sur les Hommes et sur Des Grieux sont importants ; en effet aucune description physique n’en est faite. Le mystère de Manon est à son apogée lorsque Des Grieux, durant leur trajet jusqu’au Hâvre, décrit dans son linge sale, « cette figure capable de ramener l’univers à l’idolâtrie «. Dans le cœur de Des Grieux, la mystérieuse Manon, pourtant cause de tant de maux n’est plus seulement une délicieuse amante, mais également une déesse. Enfin peut-on vraiment être sûr que la Mort de Manon, l’objet aimé mette vraiment fin à cette passion plus forte que tout ? La réponse est vraisemblablement non, il suffit au lecteur d’examiner l’exaltation du récit que Des Grieux fait à Renoncour. Quelle que soit la nature de cette passion hors du commun, elle aura marqué Des Grieux d’une trace indélébile qui survivra au temps, aux peines et même à Manon.

 

3)      Un lecteur charmé

Comme le remarquait Montesquieu, dans Manon Lescaut, « le héros est un fripon et l’héroïne est une catin « ; Manon se vend aux hommes et Des Grieux tue, vole, triche et trompe. Pourtant ces apparences évidentes et explicites n’empêchent pas le lecteur de trouver le jeune couple sympathique. La solution à ce mystère se trouve dans l’habileté qu’a l’Abbé Prévost à suggérer le caractère de ses héros. Des Grieux, par ses actes est à l’opposé de l’aristocratie cornélienne et de ses grandes valeurs (honneur et courage), pourtant on ne cesse de nous rappeler son illustre naissance et dès leur première rencontre, Renoncour lit  « dans ses yeux, dans sa figure et dans ses mouvements, un air si fin et si noble, [qu’il se sent] porté naturellement à lui vouloir du bien « et y distingue « au premier coup d’œil, un homme qui a de la naissance et de l’éducation «. De même dans l’avis au lecteur, il parle du lui comme « un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments et d’actions mauvaises «. Le même regard d’estime est porté sur Manon, elle, « dont l’air et la figure [sont] si peu conformes à sa condition «  Le lecteur est forcé de consentir à ces appréciations de cet « Homme de qualité « qui juge en tant qu’autorité morale. La seconde piste est la compassion. Tout au long du roman, le Chevalier essaie d’inspirer la pitié chez son interlocuteur ; à Tiberge, il souligne son triste sort et le fait « qu’il n’est pas besoin de [l]’aimer autant [qu’il le fait] pour en être attendri «, il introduit son récit comme suit : « Je suis sûr qu’en me condamnant, vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre «. Lors de l’arrivée de Renoncour au relais de poste de Paçy, une vieille femme s’exclame d’ailleurs de manière tragique que le spectacle du malheur de Manon (et donc des deux amants) fait « horreur et compassion «. Enfin, malgré les apparences qui sont accablantes pour le jeune couple, l’auteur découvre toujours un moyen de les débarrasser de la responsabilité de leurs actes. Le meurtre de Saint Lazare, qui est un crime, est traité de manière assez légère, soulignant que tout était arrivé par la faute du Père Supérieur qui avait appelé à l’aide et par la faute de Lescaut, qui lui avait fourni un pistolet chargé, alors qu’il ne souhaitait pas s’en servir pour tuer. Si Des Grieux est amené à « tromper «, c’est par « une cruelle nécessité « dit-il et quelle nécessité ! Celle de l’amour. Quand à Manon, elle semble pécher, sans avoir même conscience de faire le mal, comme elle l’affirme avec sincérité à son Chevalier : « IL faut bien que je sois coupable, me dit-elle tristement puisque j’ai pu vous causer tant de douleur et d’émotion ; mais que le Ciel me punisse, si j’ai cru l’être ou si j’ai eu la pensée de le devenir «. Manon Lescaut  est écrit de manière à ce que le lecteur ait un regard tout à fait partial sur les personnages, à ce qu’il les plaigne, les justifie et les apprécie, oubliant leurs fautes et les convenances.

 

II.               Les mots transparents de cette histoire limpide

 

1)      La limpidité d’une vérité morale

 L’aspiration première de l’Abbé Prévost, qu’il affirme dans son Avis au lecteur, est de réduire « cet exemple terrible des passions « à un « traité de morale «. Pour arriver à ses fins, pour rendre son roman efficace et instructif, il cherche à le rendre le plus clair et transparent possible, à obtenir « une narration déchargée des circonstances qui la rendraient pesante et embarrassée «, qui obscurciraient l’entendement et l’esprit du lecteur.  Il cherche donc à arriver à une vérité évidente, mais plus que cela, à une vérité et à une narration qui éclairent le lecteur sur la conduite à adopter, où « chaque fait qu’on y apporte est un degré de lumière «. Il semblerait que ce soit une réussite. En effet, à la fin du roman, l’ordre moral est rétabli, et la Vertu sort de son combat victorieuse ; Manon la tentatrice, Manon la prostituée, la dépravée est vaincue, c’est à la Mort que l’a entrainée « son penchant au plaisir « ; Des Grieux quant à lui, recouvre « la tranquillité [qui a] commencé à revenir dans [son] âme «, ce nouvel état fait écho aux propos de Tiberge, qui remarquait avec justesse qu’ « il faut un esprit tranquille pour goûter à la sagesse et à la vérité «. Des Grieux, avec la fin du roman, voit venir la fin de son aveuglement et retourne à la situation qui convient  à un jeune aristocrate tel que lui. Les convenances sont ainsi respectées et alors qu’on pensait que l’Amérique, ce lieu où ils n’avaient « plus à ménager les lois arbitraires du rang et de la bienséance «, procurerait à leur amour un asile éternel, les libertés qu’ils se sont permis d’y prendre et le bonheur qu’ils y avaient trouvé, sont punis par le Ciel d’une extrême sévérité. Tout y est pour en faire une œuvre morale : les fautes, la révolte, les malheurs, la douleur et la punition divine.

 

2)      Eloge d’une nouvelle foi : l’Amour

Tout semble en effet mettre en avant la vocation morale du roman, mais un élément manque à l’appel : le repentir. Au contraire, le Chevalier fait plus preuve de nostalgie envers Manon que de remords. « Les mots transparents « que décrit Raymond Picard ne seraient alors destinés qu’à tromper le lecteur, à concentrer son attention sur la morale pour mieux l’en détourner. La scène de rencontre au Châtelet entre Des Grieux et son père en est un bon exemple : Des Grieux, derrière un repentir trompeur, ne regrette pas une seule fois ses fautes et se contentent de les atténuer et de les faire pardonner. La passion qu’il met à raconter ses mésaventures et les charmes de Manon, cachée derrière la fatalité témoigne qu’elle est toujours en vie. Et si le caractère limpide de Manon Lescaut était dans cette interprétation cachée ! Car l’auteur n’arrive qu’à des vérités simples et, qui plus est, bien plus faciles à suivre que celles de la morale. C’est un éloge de l’Amour et de l’Epicurisme que présente Prévost. L’Amour, ce sentiment qui ne ressemble à aucun autre, est le sentiment Roi, on ne peut et ne doit pas lutter contre l’Amour, mais comment le pourrait-on, lui, « dont il est aussi impossible à la vertu de se défendre qu’il l’a été à la sagesse de [le] prévoir «. Il régit l’Homme et peut faire son bonheur comme son malheur. Mais c’est également un sentiment nécessaire, un sentiment inhérent à la condition humaine et « de la manière dont nous sommes fait, il est certain que notre félicité  consiste dans le plaisir « rappelle Des Grieux. Tout homme aspire à vivre heureux, or « de tous les plaisirs, ceux de l’Amour sont les plus doux «. En contrepied de la foi « triste et mortifiante « de la religion, Des Grieux propose une autre foi, celle de l’Amour, qui apporte à l’homme les « plus parfaites félicités «, une foi qui dispose également de ses martyrs, dont Des Grieux est un des meilleurs représentants, lui qui tend « à travers de mille douleurs à vivre heureux et tranquille auprès d’elle. Son parcours n’est pas si différent de celui de ses homologues religieux soumis « à la prison, aux croix, aux supplices et aux tortures des tyrans «, la ressemblance est même frappante. A l’instar de la foi chrétienne, l’Amour que peint Prévost est un sentiment pur, un sentiment innocent, pourquoi vouloir lui nuire ? Il faut l’embrasser. C’est le message que fait passer l’auteur, et qui est terriblement efficace parce qu’il s’adresse aux cœurs des lecteurs.

 

3)      Equilibre parfait :

Le dualisme entre Morale et Amour de Manon Lescaut donne à l’œuvre, comme à ses protagonistes, un caractère ambiguë. On ne sait pas véritablement quel message il faut croire, quel sens il faut comprendre et c’est là que réside le génie de l’Abbé Prévost, dans l’équilibre parfait qu’il atteint au travers de son œuvre.

lescaut

« 2) Aveuglement des passions Mais la société des Hommes n’est pas la seule qui soit mystérieuse, en effet le véritable mystère de l’Homme quemet en valeur l’Abbé Prévost dans son roman est la Force de l’Amour, l’aveuglement et l’obscurité dans lesquels DesGrieux est plongé. Des Grieux est un personnage plein de contradiction, ce sont ces contradictions que dénoncent Renoncour dansl’Avis au lecteur, il explique avoir « à peindre un jeune aveugle qui refuse d’être heureux, pour se précipitervolontairement dans les premières infortunes ; qui […] préfère une vie obscure et vagabonde, à tous les avantagesde la fortune et de la nature ; qui prévoit ses malheurs, sans vouloir les éviter ».

Des Grieux, alors qu’il est de hautenaissance et dispose de tout ce qu’il peut désirer, promis à un avenir florissant, décide contre toute attente de selivrer entièrement à sa maîtresse, Manon.

Etrangement, rien ne semble arrêter l’Amour de Des Grieux, pas même lestrahisons, enfermements et malheurs à répétition semés sur son chemin, la douleur ne fait qu’exalter sa passion.Même lorsqu’il réalise « la honte et l’indignité de [s]es chaines », la victoire de la lumière sur son aveuglement n’estqu’éphémère.

En vérité la puissance de cet Amour réside en Manon elle-même, mais plus particulièrement dans savue.

Des Grieux remarque que « la vue de Manon [l]’aurait fait précipité du Ciel » ou encore dit à Tiberge au sujetde sa maîtresse Manon : « Voyez, lui disais-je, en lui montrant les yeux de la mienne ».

Manon parait être une sortede magicienne, car Des Grieux est comme envouté.

Dès la première rencontre, le Chevalier tombe sous son charmeet parle à Renoncour de « la douceur de ses regards, [d’] un air charmant de tristesse ».

Seuls ses effets sur lesHommes et sur Des Grieux sont importants ; en effet aucune description physique n’en est faite.

Le mystère deManon est à son apogée lorsque Des Grieux, durant leur trajet jusqu’au Hâvre, décrit dans son linge sale, « cettefigure capable de ramener l’univers à l’idolâtrie ».

Dans le cœur de Des Grieux, la mystérieuse Manon, pourtant causede tant de maux n’est plus seulement une délicieuse amante, mais également une déesse.

Enfin peut-on vraimentêtre sûr que la Mort de Manon, l’objet aimé mette vraiment fin à cette passion plus forte que tout ? La réponse estvraisemblablement non, il suffit au lecteur d’examiner l’exaltation du récit que Des Grieux fait à Renoncour.

Quelleque soit la nature de cette passion hors du commun, elle aura marqué Des Grieux d’une trace indélébile qui survivraau temps, aux peines et même à Manon. 3) Un lecteur charmé Comme le remarquait Montesquieu, dans Manon Lescaut, « le héros est un fripon et l’héroïne est une catin » ;Manon se vend aux hommes et Des Grieux tue, vole, triche et trompe.

Pourtant ces apparences évidentes etexplicites n’empêchent pas le lecteur de trouver le jeune couple sympathique.

La solution à ce mystère se trouvedans l’habileté qu’a l’Abbé Prévost à suggérer le caractère de ses héros.

Des Grieux, par ses actes est à l’opposé del’aristocratie cornélienne et de ses grandes valeurs (honneur et courage), pourtant on ne cesse de nous rappelerson illustre naissance et dès leur première rencontre, Renoncour lit « dans ses yeux, dans sa figure et dans sesmouvements, un air si fin et si noble, [qu’il se sent] porté naturellement à lui vouloir du bien » et y distingue « aupremier coup d’œil, un homme qui a de la naissance et de l’éducation ».

De même dans l’avis au lecteur, il parle dului comme « un caractère ambigu, un mélange de vertus et de vices, un contraste perpétuel de bons sentiments etd’actions mauvaises ».

Le même regard d’estime est porté sur Manon, elle, « dont l’air et la figure [sont] si peuconformes à sa condition » Le lecteur est forcé de consentir à ces appréciations de cet « Homme de qualité » quijuge en tant qu’autorité morale.

La seconde piste est la compassion.

Tout au long du roman, le Chevalier essaied’inspirer la pitié chez son interlocuteur ; à Tiberge, il souligne son triste sort et le fait « qu’il n’est pas besoin de[l]’aimer autant [qu’il le fait] pour en être attendri », il introduit son récit comme suit : « Je suis sûr qu’en mecondamnant, vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre ».

Lors de l’arrivée de Renoncour au relais de postede Paçy, une vieille femme s’exclame d’ailleurs de manière tragique que le spectacle du malheur de Manon (et doncdes deux amants) fait « horreur et compassion ».

Enfin, malgré les apparences qui sont accablantes pour le jeunecouple, l’auteur découvre toujours un moyen de les débarrasser de la responsabilité de leurs actes.

Le meurtre deSaint Lazare, qui est un crime, est traité de manière assez légère, soulignant que tout était arrivé par la faute duPère Supérieur qui avait appelé à l’aide et par la faute de Lescaut, qui lui avait fourni un pistolet chargé, alors qu’ilne souhaitait pas s’en servir pour tuer.

Si Des Grieux est amené à « tromper », c’est par « une cruelle nécessité »dit-il et quelle nécessité ! Celle de l’amour.

Quand à Manon, elle semble pécher, sans avoir même conscience defaire le mal, comme elle l’affirme avec sincérité à son Chevalier : « IL faut bien que je sois coupable, me dit-elletristement puisque j’ai pu vous causer tant de douleur et d’émotion ; mais que le Ciel me punisse, si j’ai cru l’être ousi j’ai eu la pensée de le devenir ».

Manon Lescaut est écrit de manière à ce que le lecteur ait un regard tout à fait partial sur les personnages, à ce qu’il les plaigne, les justifie et les apprécie, oubliant leurs fautes et lesconvenances. II.

Les mots transparents de cette histoire limpide 1) La limpidité d’une vérité morale L’aspiration première de l’Abbé Prévost, qu’il affirme dans son Avis au lecteur, est de réduire « cet exemple terribledes passions » à un « traité de morale ».

Pour arriver à ses fins, pour rendre son roman efficace et instructif, ilcherche à le rendre le plus clair et transparent possible, à obtenir « une narration déchargée des circonstances qui. »

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