Mann, Thomas - littérature.
Publié le 30/04/2013
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Mann, Thomas - littérature. 1 PRÉSENTATION Mann, Thomas (1875-1955), romancier et critique allemand. Né à Lübeck, Thomas Mann, frère cadet du romancier Heinrich Mann, est issu d'une famille de la bourgeoisie patricienne. Après un séjour en Italie en compagnie de son frère (1896-1898), il commence par être publié dans la revue satirique munichoise Simplicissimus, débutant ainsi une brillante carrière littéraire : ses nouvelles (parmi lesquelles le Petit Monsieur Friedemann, 1898, et l'Armoire) le font connaître du milieu lettré. 2 L'ALLEMAGNE AU COEUR DE L'OEUVRE Contrairement à son frère, vigoureux partisan de la république, Thomas Mann affiche jusque dans les années vingt des convictions nationalistes et conservatrices ( Pensées sur la guerre, 1915, Considérations d'un apolitique, 1918), défendant l'idée romantique d'une Allemagne forte et conquérante. Toutefois, sous l'influence de son frère, il adopte peu à peu des opinions plus nuancées et, en 1922, se prononce publiquement en faveur de la démocratie, installée depuis novembre 1918, avec De la République allemande. Il dénonce dès lors le nazisme. Après la prise du pouvoir par Hitler en 1933, il décide de ne pas rentrer d'une tournée de conférences à l'étranger, s'installe en Suisse, puis part aux États-Unis (1938), pays dont il devient citoyen en 1944. En 1952, désireux de rentrer en Europe, il refuse d'opter pour l'un ou l'autre des deux nouveaux États allemands et vit en Suisse, où il résidera jusqu'à sa mort. Il est le père de l'écrivain Klaus Mann. 3 LES GRANDES INFLUENCES À ses débuts, Thomas Mann est influencé par les philosophes Arthur Schopenhauer et Friedrich Nietzsche ; il rend compte du rapport complexe qui le lie à l'oeuvre de ce dernier dans la Philosophie de Nietzsche à la lumière de notre expérience (1947), tout en suivant de près l'élaboration, par Sigmund Freud, de la théorie psychanalytique, qu'il reconnaît tôt comme une découverte déterminante. Il éprouve également une grande admiration pour Goethe ( Goethe et Tolstoï, 1921). 4 L'ARTISTE ET LA SOCIÉTÉ BOURGEOISE Dans son oeuvre de romancier, Thomas Mann se démarque rapidement du naturalisme, pour favoriser davantage un réalisme critique procédant par le biais de la distanciation ironique. Ses romans et nouvelles sont des tableaux érudits des époques évoquées, dont l'éventail va des temps bibliques (dans les quatre volumes de Joseph et ses frères, 1933-1943) jusqu'au présent immédiat (dans Docteur Faustus, 1947) en passant par le Moyen Âge (dans l'Élu, 1951) et l'époque de Goethe (dans Charlotte à Weimar, 1939). Ces récits proposent une analyse intellectuelle subtile des rapports entre l'individu et la société. Thomas Mann a déjà publié plusieurs nouvelles quand il connaît un succès retentissant avec les Buddenbrook ; déclin d'une famille (1901). Cette ample chronique familiale met en scène le conflit opposant un homme au tempérament d'artiste à son environnement bourgeois, thème qui resurgit dans le récit intitulé Tonio Kröger (in Tristan, 1903) et traverse une partie de son oeuvre, reflétant une problématique qui s'est personnellement posée à lui. La nouvelle la Mort à Venise (1912), merveille d'acuité psychologique qui pose le problème de l'homosexualité latente et surtout de l'amour destructeur pour la beauté a été portée à l'écran par Luchino Visconti ( Mort à Venise, 1970), tandis que Benjamin Britten en a fait le sujet d'un opéra en 1973. 5 DÉCADENCE DE L'INDIVIDU ET DE LA SOCIÉTÉ C'est sans doute en grande partie grâce à son roman la Montagne magique (1924) que Thomas Mann obtient le prix Nobel de littérature en 1929. Cette parabole sur la décadence de la vie spirituelle contemporaine donne de la civilisation européenne de l'époque (juste avant la Première Guerre mondiale) une analyse à première vue pessimiste puisque le thème de la mort y est omniprésent ; mais l'auteur laisse aussi entendre qu'un salut est possible, par le biais de la culture (les dialogues entre Naphta et Settembrini) ou par celui de l'amour (le roman se conclut en effet sur cette question : « L'amour surgira-t-il de cette fête mondiale de la mort ? «). Ce roman où les références culturelles et l'essai sur les idées tiennent une place essentielle constitue une sorte d'ironique roman de formation (ou Bildungsroman) intellectuelle. La nouvelle Mario et le Magicien (1930) évoque les dangers de la dictature fasciste et de la lâcheté intellectuelle. Dans le Docteur Faustus (1947) enfin, Thomas Mann a raconté la tragédie du génial compositeur Adrian Leverkühn, sous les traits duquel on reconnaît Arnold Schoenberg, le théoricien de l'atonalité. Il laisse inachevée sa dernière oeuvre, les Confessions du chevalier d'industrie Felix Krull (1954). À côté de cette oeuvre narrative aux multiples facettes, Thomas Mann n'a jamais cessé d'intervenir dans les débats littéraires, esthétiques et politiques, dans la mesure où le destin de son pays, la spécificité de sa culture n'ont cessé de représenter pour lui un sujet de réflexion. En témoignent notamment les recueils, l'Exigence du jour (1930), Noblesse de l'esprit (1945), l'Allemagne et les Allemands (1947), l'Artiste et la Société (1953) ainsi que les nombreuses correspondances qu'il a entretenues et ses journaux intimes. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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