mal (philosophie) - philosophie.
Publié le 08/05/2013
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mal (philosophie) - philosophie. mal (philosophie), concept qui ne peut exister et être pensé qu'en rapport avec son contraire : le bien. Suscitant divers types de questionnements, le mal intéresse à la fois la mythologie, la théologie et la philosophie. C'est qu'il faut envisager, dans l'extension même du concept, plusieurs approches possibles : le mal tient--il de nos souffrances physiques, du sensible ; ou est-il d'ordre moral en ce qu'il touche au péché ; ou enfin, est-ce simplement un mal métaphysique, cette angoisse de l'Homme face à son imperfection ? Comment le mal est-il possible dans un univers gouverné par un être suprême à la fois bon et tout-puissant ? Telle est le problème que se pose la théologie chrétienne, celui d'une conciliation de la réalité du mal avec l'existence d'un Dieu à la bonté infinie. Les thèses de saint Augustin comme celles de saint Thomas d'Aquin ont eu une influence durable sur la résolution apportée par le christianisme au problème du mal. Alors que, dans l'Ancien Testament, le Livre de Job suggère au sujet de la souffrance imméritée du prophète que les voies de Dieu sont mystérieuses et inaccessibles à l'entendement humain, saint Augustin et saint Thomas réconcilient la croyance chrétienne en un Dieu bienveillant avec celle de l'omniprésence du mal. Selon Augustin, le mal ne fut pas créé par Dieu. Le mal est privation ou absence de bien, au même titre que l'obscurité est absence de lumière. Il est cependant possible qu'une chose créée, initialement bonne, perde progressivement sa bonté et que le mal fasse son apparition lorsque des créatures dotées du libre arbitre, notamment les anges et les esprits inférieurs comme les démons et êtres humains, se détournent de la bonté parfaite et choisissent un degré inférieur de la bonté. De plus, ce qui apparaît au premier abord comme mal peut s'apparenter au bien sous l'angle de l'éternité, car toute chose est bonne dans la perspective de l'éternité qui est celle de Dieu. Cette « disculpation « de Dieu se retrouve encore chez Leibniz (Théodicée), qui en fait le motif de l'harmonie du monde : sans le mal, le monde serait en quelque sorte « trop parfait « ; or, cette perfection, Dieu seul en est capable. Il peut donc tolérer quelques notes discordantes et il manquerait quelque chose à l'harmonie de ce monde que Lui-même a voulu comme tel : Leibniz soutient que la puissance créatrice de Dieu est limitée aux mondes logiquement possibles et que le mal est un élément logiquement nécessaire du « meilleur des mondes possibles «. D'autres religions ont posé différemment le problème du mal. Ainsi, certaines d'entre elles reposent sur la réfutation de l'existence du mal ou sur celle de la toute-puissance de Dieu. Pour la religion hindouiste, le mal n'a pas d'existence réelle, mais appartient au monde illusoire des phénomènes. Dans le zoroastrisme et le manichéisme, le mal est attribué à une divinité, contre laquelle doit lutter la divinité du bien. Il faut rappeler que la philosophie antique a fourni une réponse au problème du mal qui s'articule sur la notion d'impossibilité logique : le mal serait dû simplement à l'ignorance de celui qui le commet ou le subit, ignorant de l'ordre du monde, du Tout, qui ne peut être irrationnel. Platon (Théétète) l'expulsera même hors de la sphère des Idées, en ce que le mal est lié au corps corrompu par la matière. Si, durant le siècle des Lumières, les penseurs sceptiques comme Voltaire ou comme David Hume rejettent l'idée que les douleurs et les souffrances de l'existence humaine puissent se justifier par un plan divin bienveillant dont elles feraient partie intégrante, Nietzsche réhabilite l'idée d'un dieu capable de penser et de faire le mal « totalement dépourvu de scrupules et de moralité, ne cherchant qu'à satisfaire en toute circonstance [...], qu'il fasse le bien ou le mal, son plaisir et sa souveraineté « (la Naissance de la tragédie). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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- « Jusqu'à présent toute grande philosophie fut la confession de son auteur, une sorte de mémoires involontaires. » (NIETZSCHE, Par-delà le bien et le mal.). Commentez cette citation.
- « Jusqu'à présent toute grande philosophie fut la confession de son auteur, une sorte de mémoires involontaires. » Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886. Commentez cette citation.