Mailer, Marilyn (extrait).
Publié le 07/05/2013
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Mailer, Marilyn (extrait). À la fin de la biographie -- sobrement intitulée Marilyn -- qu'il consacre à l'actrice, le romancier Norman Mailer, après avoir relaté les tristes derniers jours et les funérailles de la star, cite l'émouvant témoignage d'un ami en compagnie duquel Marilyn Monroe vécut un incident qui faillit tourner au drame. Marilyn de Mailer (extrait) Au cours de cet heureux été 1955, qui vit le début de son idylle avec Miller et laissait entrevoir un avenir plein de délices, Marilyn était assise un jour sur la plage en compagnie de Norman Rosten quand des adolescents, amateurs avant l'heure des futurs films à naître de Bergman, s'approchèrent d'eux. Ils décrivirent d'abord de grands cercles autour de nous, puis de plus petits et finalement, environ cinquante adorateurs convergèrent sur le parasol sous lequel Marilyn était paisiblement assise. « Hé ! Marilyn, j'ai vu tous tes films ! « « Tu es mon idole ! « « Tu es sensationnelle ! « « Marilyn, laisse-moi t'embrasser ! « Elle leur serra la main. Ils lui demandèrent de signer son nom sur des pierres en guise d'autographe. Les garçons se pressaient autour d'elle, les filles s'esclaffaient d'une voix aiguë, il y eut un début d'affolement. Ils tendaient la main vers elle en poussant de petits cris nerveux, la touchaient, la suppliaient, mendiaient une faveur. Tout en riant, elle s'efforçait de les écarter... À la fin, l'eau sembla la seule issue possible ; elle se mit à nager. Aussitôt, dans une explosion de hurlements joyeux, cinquante jeunes corps bronzés plongèrent derrière elle et lui donnèrent la chasse... « Hé «, me cria-t-elle d'une voix faible, « sors-moi de là ! « Je réussis à nager jusqu'à sa hauteur et hurlai aux gosses : « Fichez le camp, ça suffit, rentrez chez vous ! « Pris d'une rage aveugle, je tentai de les frapper. Je finis par lui saisir le bras et l'entraînai vers le large. Je menaçai les plus hardis, qui s'obstinaient à nous suivre. Hilares, ils contemplèrent notre progression laborieuse. Soudain Marilyn s'arrêta. « Je ne peux plus nager «, dit-elle d'une voix suppliante. « Comment tu ne peux plus ? « « Je n'ai jamais été bonne nageuse. «... Le menton au ras de l'eau, elle respirait avec peine. « Écoute «, dis-je, « sais-tu faire la planche ? Essaie. Respire à fond et allonge-toi. « Elle essaya mais elle avala de l'eau et commença à tousser. Je tournai autour d'elle, un peu essoufflé, et m'efforçai de l'aider à s'étendre sur l'eau. « Seigneur, quelle façon de finir ! « souffla-t-elle en s'accrochant à moi. Comment pouvions-nous être sauvés sinon par une fin dans le plus pur style d'Hollywood ? Ronflement d'un canot à moteur sur la piste sonore. Apparition d'un bateau réel sur le grand écran de l'océan. Le garçon aux cheveux en brosse vint se ranger lentement près de nous et coupa les gaz. Nous agrippâmes le bord du bateau. Je montai dedans. Se posa alors le problème de hisser M. Elle... n'était pas et n'avait d'ailleurs jamais été un poids plume. Je parvins à la tirer et elle s'affala dans le bateau. Je la regardai tandis qu'elle gisait, épuisée, les jambes repliées, ses orteils roses luisant au soleil comme des coquillages. Le jeune pilote la contemplait aussi... il en oubliait son gouvernail, et nous fit pivoter avant que je comprenne ce qui se passait. Je lui criai de faire attention ; alors elle dit : « Ne t'énerve pas. C'est un merveilleux week-end. « Source : Mailer (Norman), Marilyn, trad. par Magali Berger, Paris, Stock, Albin Michel, 1974. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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