Maghreb, littérature du.
Publié le 06/05/2013
Extrait du document
«
5 LITTÉRATURE DE LANGUE FRANÇAISE
Les premiers écrivains de langue française au Maghreb furent des colons d’Algérie, qui affirmèrent très tôt leur autonomie d’expression par rapport à la métropole, prenant notamment leurs distances vis-à-vis de la littérature de voyage consacrée à
l’Algérie par des écrivains français, comme Maupassant, Fromentin, Daudet ou Loti pour n’en citer que quelques-uns.
Robert Randau (1873-1946), avec les Colons (1907), mais aussi J.
Pomier et Louis Lecoq inaugurèrent, au début des années 1920, le courant algérianiste, qui s’attachait à décrire de l’intérieur la terre colonisée, ses mœurs et ses coutumes.
Plus tard — à partir de 1935 —, l’école d’Alger servit de chambre d’écho à la dénonciation de l’injustice coloniale.
C’est dans cette mouvance que se situent par exemple Albert Camus, Jules Roy (1907-2000) ou Emmanuel Roblès.
Mais la situation de
ces écrivains était extrêmement délicate : il leur était en effet difficile de dénoncer les injustices liées à la colonisation sans trahir leur communauté.
Pour les Maghrébins de souche plus ancienne, l’expression en langue française — adoptée par certains dès la fin du XIX e siècle —, pose plusieurs problèmes.
Écrire dans la langue du colonisateur était en effet considéré comme un facteur d’aliénation,
induisant une identification aux colonisateurs.
Néanmoins, l’adoption du français comme langue littéraire représenta une tendance majeure chez les écrivains de souche maghrébine pendant toute la première partie du XXe siècle.
La première génération des écrivains maghrébins de langue française composa surtout des essais ou des romans à thèse, d’un style presque précieux, pour y revendiquer une place dans l’espace colonial tout en tenant un discours d’adhésion à la
mission civilisatrice de la France (Marie-Louise Taos-Amrouche, Jean Amrouche).
À partir de 1945, cependant, une maîtrise plus grande de la langue française a permis aux auteurs maghrébins de composer des textes d’une dimension véritablement littéraire.
Qu’il s’agisse de nouvelles ou de romans, ces livres sont souvent
autobiographiques, et posent de ce fait les questions inévitables de l’identité maghrébine et de l’assimilation.
Ces récits mettent en scène une image du Maghreb qui va à l’encontre des clichés habituels de l’exotisme, décrivant notamment les
difficultés et les joies de la vie quotidienne (Mohammed Dib, Driss Chraïbi, Mouloud Mammeri, Albert Memmi, Assia Djebar), mais ils explorent également les registres historique, policier, sentimental, etc., du roman.
À partir de 1950 est apparu, dans la littérature maghrébine d’expression française, et surtout en Algérie, une réflexion sur le métissage culturel qui devait déboucher sur l’apparition d’une littérature engagée, accompagnant le combat pour
l’indépendance ( voir Algérie, guerre d’).
Dès lors, un courant nationaliste et révolté a irrigué l’inspiration littéraire des pays du Maghreb, tant dans le genre de l’essai que dans le roman, le drame ou la poésie.
Malgré l’importance de l’engagement politique et la complexité des relations avec la France métropolitaine, la littérature maghrébine ne s’est pas bornée à remplir un rôle idéologique.
Paru en 1956, le roman Nedjma de Kateb Yacine mêle
admirablement une évocation allégorique de l’Algérie occupée à une recherche formelle allant à l’encontre des conventions romanesques en vigueur (dislocation du temps, de l’espace, des personnages).
La langue, travaillée et dynamisée, devient ainsi l’instrument d’une création à part entière, et le texte littéraire pose clairement son autonomie en ne se donnant de finalité que lui-même.
Cette conception moderne du roman se retrouve chez certains
écrivains actuels, comme Tahar Ben Jelloun, Rachid Boudjedra, Tahar Djaout ou Abdelhak Serhane.
La littérature dramatique a joué également un grand rôle au Maghreb, notamment en Algérie à la fin des années 1980, avec un auteur comme Slimane Benassa.
Quant à la poésie, genre privilégié dans la littérature arabe, elle est aujourd’hui représentée au Maghreb par des auteurs comme Djamel Eddine Bencheikh, Abdellatif Lâabi, Nacer Khemir et Amina Saïd.
L’accession à l’indépendance des pays du Maghreb n’a pas fait disparaître la littérature de langue française, loin s’en faut, puisqu’elle est toujours représentée par des auteurs comme Mourad Bouboune, Yamina Mechakra, Rabah Belamri, Malika
Mokeddem ou Nina Bouraoui.
Cette littérature maghrébine de langue française a également fait son apparition en France, avec des auteurs de l’importance de Leïla Sebbar, mais aussi au Canada, avec Nadia Ghalem.
Le regard de ces auteurs sur le monde est souvent incisif et lucide ; la volonté d’atteindre à l’authenticité‚ le rejet de toute marque gratuite d’étrangeté sont également des traits particulièrement affirmés de cette littérature.
Les exilés ou les enfants
d’immigrés s’inscrivent maintenant dans l’espace littéraire français, et cela même si leur place reste marginale : citons à titre d’exemple Azouz Begag, et Fatiha Berezak.
Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation.
Tous droits réservés..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- MAGHREB. Littérature d'expression française
- Madame Bovary et la littérature sentimentale
- l'histoire de la littérature
- En quoi la littérature et le cinéma participent-ils à la construction de la mémoire de la Shoah ? (exemple du journal d'Hélène Berr)
- Fiche pédagogique Littérature francophone