Madame Bovary
Publié le 01/06/2014
Extrait du document


«
inquiétude, sans trouble.
» Finalement, cette littérature dont elle s'est nourrie semble avoir sacrifié la morale sur l'autel du sentiment.Derrière cette Emma qui s'épanche, se cache un Flaubert décidé à dénoncer les méfaits d'une littérature par trop sentimentale sur unesprit jeune et crédule.
c)L'ironie de Flaubert à l'?uvre
A.Des sentiments romantiquesDès les premières lignes de l'extrait la nature est convoquée et apparaît comme le troisième actant de cette relation amoureuse.
« Lesarbres, les chemins et les fossés » sont mis sur le même plan que « Rodolphe » par le biais de la juxtaposition.
La nature vibre àl'unisson des deux c?urs amants et se fait le reflet de leur passion.
Le frisson de l'amour qu'éprouve Emma au souvenir de l'étreinte deRodolphe se retrouve dans la nature car « le feuillage frémissait ».
Or, c'est bien un topos de la littérature romantique que cette naturereflet du Moi.
De plus, une exaltation du sentiment qui apparaît dans un abondant champ lexical : « amour?passion?sentiment ? »confirme que c'est bien au romantisme que s'attaque ici Flaubert.
Emma se révèle donc sous les traits d'une héroïne romantique, pétriede sentiments, qui fait de son Moi le sujet de ses observations et néglige la morale afin d'assouvir ses désirs les plus chers.Si Flaubert s'attaque au potentat du sentiment et du Moi décrété par les romantiques, il ne s'arrête pas là, il va également s'adonner àune réécriture parodique de deux ?uvres qui leur sont chères.
B.Réécriture d'?uvres romantiquesC'est, dans un premier temps à la peinture que s'attaque Flaubert avec le tableau de Caspar David Friedrich, Le voyageur au-dessus dela mer de nuages.
En effet, lorsqu'Emma évoque sa vie de femme avant sa rencontre avec Rodolphe, elle a recours à l'image de lamontagne symbole de la passion : « les sommets du sentiment » et qui lui aurait permis de laisser loin en-dessous d'elle les bassessesde sa vie de parfaite épouse.
« L'immensité bleuâtre » qui l'environne rappelle étrangement la mer de nuages qui apparaît dans letableau de Friedrich où le promeneur placé sur un promontoire regarde le monde de désolation qui s'étend « au loin, tout en bas, dansl'ombre ».
La réutilisation de ce chef -d'?uvre romantique met en exergue la distance qui existe entre cette nouvelle Emma et l'ancienne.De plus la « hutte de sabotiers » dans laquelle se retrouvent les deux amants ressemble par de nombreux traits à la cabane danslaquelle furent élevés Paul et Virginie, personnages du roman de Bernardin de Saint-Pierre.
Or nous savons bien grâce aux chapitresprécédents qu'Emma a lu ce roman.
Flaubert pénètre ainsi l'imaginaire qu'il a construit pour son personnage et s'en sert pour critiqueravec ironie une littérature qui rend ses lecteurs amoraux.
Finalement, ce passage qui s'illustre comme le début du bonheur pour Emma s'illustre aussi comme le début de la déchéance.
Leslectures qui ont nourri ses rêves lui ont gangréné l'esprit jusqu'à lui faire oublier toute forme de morale.
Flaubert profite de cettedéviance du personnage pour procéder à une critique de la littérature romantique qui passe par un réinvestissement parodique desgrands topoï chers aux écrivains du XIXe.Cet extrait est emblématique du concept de bovarysme dans la mesure où le monde onirique construit par Emma rejoint le réel etdevient sa réalité..
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