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Lorenzaccio, Acte V, scène 7

Publié le 16/10/2010

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Introduction : 7 scène après le meurtre du duc, Lorenzo apparaît ici pour la dernière fois. L’émeute des étudiants a été jugulée et le Côme de Médicis, « le planteur de chou «, a été élu. Il révèle donc ses désillusion, son sentiment d ‘échec à Philippe. On assiste à une dramatisation de l’espace scénique puisque Philippe veut empêcher le jeune homme d’aller se promener, tout en l’incitant à quitter l’Italie. Ainsi, l’espace semble se resserrer autour de Lorenzo : comment Musset arrive-t-il à nous faire percevoir cette atmosphère ?

 

I. Le discours d’un condamné à mort.

 

    - Impression de Lorenzo de subir un double arrachement à Venise : il a débarrassé Florence de son tyran, et a abandonné sa mère, malade. Après la cotte de mailles, la lettre apparaît comme un objet théâtral funeste qui le pousse à rechercher la mort. Aussitôt après qu’il ait pris la parole pour annoncer à Philippe le décès de sa mère, il enchaîne sur sa proposition suicidaire : « venez donc faire un tour de promenade, Philippe « ; dans laquelle, il semble d’ailleurs l’inclure…

    - A la lettre fait écho « la proclamation de mort « évoquée par Philippe. Lorenzo rappelle, en les démultipliant, ses autres condamnations à mort ; le temps aussi sera élargi avec l’imparfait : « j’allais tuer «, le passé composé : « ma tête a été mise à pris «, le présent : « il est naturel qu’elle le soit dans toute l’Italie « ; sa démesure, son besoin d’infini, sentiments du héros romantique, se lisent dans la « condamnation éternelle aux carrefours de l’immensité «

    - Son désir aliénant de mourir se traduit par un sentiment de vide avec les métaphores des machines : « de fer blanc « et « à meurtre « qui le déshumanisent, et celle qui le vieillit « je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne. « L’oxymore de Philippe « votre gaieté est triste comme la nuit « souligne les contradictions d’un Lorenzo tiraillé entre ce qu’il est, ce qu’il voudrait être, et l’image qu’il donne, reconnues dans la phrase : « Non, en vérité… statue de fer blanc «

 

II. Le renoncement.

 

    - A son échec personnel, s’ajoute l’échec politique des républicains qu’il semble vouloir reprendre à son compte, à moins que les répétitions de « travers « et de « je l’avoue « montrent son amertume devant leur incompétence, sa colère, son mépris ironique.

    - Les rôles sont inversés : c’est Philippe que Pierre appelait « l’inexorable faiseur de sentences « (IV,6) qui pousse Lorenzo à agir : « Votre esprit se torture dans l’inaction, (…) Ne raisonnons pas sur un événement qui n’est pas achevé «. Son raisonnement s’oppose à celui de Lorenzo et se présente sous la forme :

    o De constats : « votre gaieté est triste «, « vous êtes jeune «, « c’est là votre malheur «, « vous avez des travers «

    o D’indication : « Partons ensemble «, « ne raisonnons pas «, « redevenez un homme «

    o De questions censées faire réfléchir Lorenzo : « n’avez-vous pas été heureux… «, « pourquoi voudriez-vous mourir ? «

    - Philippe se heurte à la passivité de Lorenzo. Immobilité, répétition : la promenade dans Venise s’apparente à un mouvement dans un espace mortel.

    - On peut comparer cet extrait à certains passages de l’Acte III, scène 3 : « statue de fer blanc « avec « statuts de bronze d’Harmodius et d’Aristogiton «, « Philippe, j’ai été honnête « avec « Philippe, Philippe, j’ai été honnête « et « J’aime encore le vin et les femmes « avec « mais j’aime le jeu, le vin et les filles. «…

 

Conclusion : La fin de Lorenzaccio est caractérisée par une intensité dramatique. Lorenzo est dépourvu d’envie d’être, moralement il est déjà mort. Plus tôt, le duc allait se faire tuer dans la chambre de Lorenzo malgré les avertissements. Ensuite c’est Lorenzo qui sort dans la rue malgré ceux de Philippe alors qu’il sait qu’il va mourir donnant à l’espace une dimension tragique.

 

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