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L'oeuvre de Paul CLAUDEL

Publié le 17/08/2010

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claudel

 

Introduction

 

      Paul Claudel est né le 6 août 1868 dans un petit village, à Villeneuve-sur-Fère-en Tardenois (Aisne). Il commence à écrire dès ses quatorze ans. Claudel avait une forte carrière diplomatique. À un certain moment il est nommé ambassadeur au Japon. De l’ ambassade de Tokyo, il passera à celle de Washington et enfin à celle de Bruxelles où il restera jusqu’à sa retraite en 1936.

      Cette période là est considérée comme le début de son œuvre dramatique qu’il avait commencé avec La Ville, puis La jeune fille Violaine, Partage de Midi et enfin L’Annonce faite à Marie. Après cette dernière pièce il a écrit aussi Le pain dur, Le Père humilié et Le soulier de Satin. Le théâtre fait une grande partie de la vie de Paul Claudel parce que ce sont ces œuvres dramatiques et leur representations qui lui apportent la gloire.

 

      La vision du monde de Claudel représente un trait commun pour toutes ses œuvres. Au fond de l’œuvre dramatique de Claudel se trouve une conception théologique très profonde. Dieu a créé le monde afin de le donner aux hommes qui doivent donner en récompense l’amour et l’obéissance. Au sein de son œuvre il existe un certain tragique, repris du christianisme, qu’il va approfondir et qu’on pourrait considérer comme le côté principal de son œuvre. L’homme possède deux côtés. D’une part c’est son corps et d’autre part c’est son esprit. L’homme et sa volonté sont déchirés entre ces deux côtés et il ne peut pas décider ce qu’il va choisir parce que c’est sa nature qui exige les deux. C’est ce conflit justement qui fait le destin de l’homme si dramatique et c’est pourquoi Claudel a trouvé lui-même dans le théâtre. Ce qui s’impose comme le problème principal c’est le problème du destin de l’homme qui occupe le place principale de l’œuvre de Claudel.

      L’Annonce faite à Marie

 

      Entre 1892 et 1898 Claudel crée le drame du péché et de la grâce, de la chair et de la pureté. Il écrit alors les deux versions de la Jeune fille Violaine dont le thème sera approfondi et fixé dans L’ Annonce faite à Marie. Cette œuvre du milieu de ma vie[1] , disait Claudel. Cette pièce a aussi une grande signification pour Claudel parce qu’il s’agit de la première pièce qui a été jouée.

 

      L’action de L’Annonce faite à Marie se déroule à la fin d’un Moyen Âge de convention dans une famille de paysans riches, famille Vercours. Claudel insiste sur la realité et c’est pourquoi il mentionne les lieux qui existent vraiment, comme par exemple son village de naissance. L’ action se déroule au Moyen Âge et les personnages appartiennent à un moment précis de l’histoire. Claudel situe son drame au cœur de la crise provoquée par la Guerre de Cent ans. Il évoque le roi Charles, Jeanne d’Arc ou « La Pucelle «, « qui a chassé des Anglais d’Orléans qu’ils assiégeaient «.[2] Donc il s’ agit d’une période de l’histoire française pleine de perturbations . Anne Vercours évoque les dernières années du Grand Schisme d’Occident, lorsque le concile de Constance tente de mettre un terme au scandale d’un pontificat tricéphale.[3]

 

      A la place du Pape, nous en avons trois et à la place de Rome je ne sais quel concile en Suisse.[4]

 

      Il s’agit donc de la période de la crise nationale et religieuse, lorsque le schisme prend fin et le Roi et le Pontife de nouveau sont rendus à la France et à l’Univers[5]

 

      Quand même il faut ajouter que les événements historiques ne coïncident pas toujours avec ceux que Claudel mentionne dans la pièce. Le roi Charles a été sacré à Reims au mois de juillet mais pas le jour de Noël. Claudel se sert de tel ou tel événement historique pour servir au drame, il ne s’intéresse aux faits historiques.

 

      L’action de la pièce se déroule au milieu d’une famille paysanne. Ainsi, les travaux et les jours de la vie quotidienne sont bien presentés. La ferme de Combernon n’est pas un décor de pastorale, mais une campagne de Tardenois. C’est une terre grasse et puissante ou « les pis et les puits ne sèchent jamais «[6]

      Violaine comme une bonne paysanne est très fidèle au travail et à la terre. Elle ne veut pas se marier avant le Saint-Michel et lorsque la moisson est finie parce qu’elle pense qu’il n’est rien de plus beau qu’une grande moisson. La mère de Violaine regrette que Pierre de Craon n’ait pas de terre mais quand même il gagne bien de l’argent. Mara est orgueilleuse d’avoir enrichi la ferme de « trois charrures de plus «. Jacques Hury ignore la mort de sa fille parce qu’ «il est à Reims pour vendre son blé«.[7]

      Anne Vercours, le père de la famille, enseigne à son futur gendre, Jacques Hury, les détails les plus concrets de la vie paysanne.

 

      Les graines, les bêtes, les gens, les armes, les outils, les voisins, les supérieurs, la coutume, -Dieu-[…][8]

 

      La cathédrale de Pierre de Craon n’est pas le monument symbolique mais une œuvre enterprise en un lieu et des circonstances ou se reflète la vie d’un peuple. Il dit que son métier est de faire une demeure pour Dieu.

 

      C’est l’église que les métiers de Reims m’ont donnée à construire

      sur l’emplacement de l’ancien Parc-aux-Ouilles,

      Là où l’ancien Marc-de-l’Eveque a été brûlé cet antan.

      Premièrement pour remercier Dieu de sept étés grasses dans la

      détresse de tout le Royaume,

      Les grains et le fruit à force, la laine bon marché et belle,

      Les draps et le parchemin bien vendus aux marchands de Paris et d’Allemagne.[9]

 

      Anne et Élisabeth Vercours

 

      Élisabeth Vercours n’a qu’une présence discrète dans la pièce. Elle représente un type d’épouse devouée, modeste, obéissante envers son époux. Elle n’est qu’un témoin du malheur qui accable son aînée. Au contraire, Anne Vercours, représente la majesté du patriarcat, une autorité sûre d’elle-même, parce qu’elle est fondée sur la justice et l’obéissance au devoir. Anne Vercours considère le travail de la terre comme une sorte de travail sacré. La volonté de père doit etre respectée. C’est lui qui choisit l’époux de Violaine  Il part en croisade et il va manquer le mariage de sa fille en justifiant son départ : « Qui sait si je ne gêne pas l’ordre de Dieu «.[10]

 

      On peut établir une opposition entre les personnages. Premièrement, il existe une opposition Violaine-Mara. Il s’agit de deux sœurs qui apartiennent à deux camps différents.  Il y a quand même une différence dans  les noms. Violaine veut dire viole et la violette, la musique et la fleur et le nom d’un village du Tardenois. Au contraire, Mara veut dire « amère « en hébreu. Violaine sent en lui-même une vocation qui ne peut pas se réaliser que par le sacrifice. Son renoncement est aussi sa deuxième naissance et évolution vers une sainte. Violaine renonce au bonheur terrestre, à l’amour et à la vie, pour atteindre le bonheur divin. Elle est pleine de charité, elle comprend tout et la chose la plus importante est qu’elle sait pardonner même les pires choses.

      De l’autre côté c’est Mara. Elle est conduite par la haine elle est attachée aux choses terrestres. Elle s’intéresse à son enfant,  à son mari, à sa vie de la terre. Mara ne sent que l’amour terrestre.

 

      Une autre opposition est celle de Jacques Hury et Pierre de Craon. Pierre de Craon a un rôle très important dans la pièce parce que c’est lui qui découvre la vocation de Violaine et il l’aide à en prendre conscience. Il est architecte d’églises mais aussi un pécheur parce qu’il a voulu attenter à la vertu de Violaine.  Il est lépreux, bâtisseur au service du sacré mais il est trop « humain « et c’est pourquoi il ne peut pas porter un diagnostic spirituel juste. Jacques Hury est un homme simple, un homme droit, l’homme parfait pour attirer l’amour de Violaine. Il existe chez Jacques un complexe d’infériorité envers la famille Vercours. Ils sont paysans comme lui mais d’une tout autre dignité, et d’une bien plus grande fortune.

 

      Il n’a pas de bien, c’est vrai, mais c’est un bon laboureur, et il est de bonne famille.[11]

 

      Il est en quelque façon adopté. Il rêvait toujours du mariage avec Violaine comme d’une chose merveilleuse. Il n’a jamais cessé de l’aimer. Mais il se caractérise par le manque de la compréhension pour Violaine et il est l’unique qu’on peut considérer comme un personnage neutre, il est fidèle aux réalités et aux valeurs humaines.

 

      Les rapports envers les lépreux est aussi conformément à l’époque de ce drame, comme la même maladie. Ils sont rejetés de la société, ils sont isolés dans les léproseries. Jacques Hury ne veut pas accepter Violaine qui agonise et il s’adresse à Pierre Craon :

 

      « Vous autres lépreux, raclez-vous vos ulceres les uns aux autres « [12]

 

      Violaine est rejetée aussi par les gens de Chevoche, ils ne la veulent pas près d’eux. Ils lui jettent de manger comme si elle était un animal :

 

      « Jette-lui ce michon de pain qu’est gelé. C’est bin assez pour elle. «[13]

 

      Mais ils sont les gens qui ont un franc appétit et qui se délectent à l’inventaire de leurs victuailles :

 

      « N’aie pas peur. Y a un quartier de porc dans la marmite ; et des crépinettes, et le chevreuil qu’on a tué ;

      Et trois aunes de boudin, et des pommes, et un bon petit tonneau de vin de la Marne. «[14]

 

      Les gens de Chevoche sont bien travailleurs. Ils ont bien fait avec plaisir le chemin où le Roi doit passer.

 

Conclusion

 

      La société dans L «Annonce faite à Marie n’est pas complexe. C’est une société qui est caractéristique pour le  Moyen Âge ou l’autorité du père est la seule chose qui soit respectée. Ce sont les hommes qui sont toujours dechirés entre la terre et le ciel, pécheurs et saints. C’est un monde qui est soumis à la lois du temps et qui est à l’attente de l’éternité. Claudel a créé un drame de réalité quotidienne et profondément enraciné dans l’histoire, la terre et la cité des hommes.

      Bibliographie

 

   1. Paul Claudel, L’ Annonce faite à Marie

   2. Lagarde et Michard, Collection littéraire XX siècle

   3. Classique Hachette, L’ Annonce faite à Marie de Paul Claudel

   4. Louis Barjon, Préface de Paul Claudel

   5. www.paul-claudel.net

 

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[1] Louis Barjon, Préface de Paul Claudel

[2] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[3] On appelle grand schisme d’Occident (ou Grand Schisme) la crise pontificale qui touche le catholicisme au tournant des XIVe et XV siècles (1378 - 1417), divisant pendant quarante ans la chrétienté catholique en deux obédiences.

[4] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[5] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[6] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[7]L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[8] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[9] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[10]  L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[11] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[12] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[13]L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

[14] L’ Annonce faite à Marie, Paul Claudel

 

claudel

« C'est l'église que les métiers de Reims m'ont donnée à construiresur l'emplacement de l'ancien Parc-aux-Ouilles,Là où l'ancien Marc-de-l'Eveque a été brûlé cet antan.Premièrement pour remercier Dieu de sept étés grasses dans ladétresse de tout le Royaume,Les grains et le fruit à force, la laine bon marché et belle,Les draps et le parchemin bien vendus aux marchands de Paris et d'Allemagne.[9] Anne et Élisabeth Vercours Élisabeth Vercours n'a qu'une présence discrète dans la pièce.

Elle représente un type d'épouse devouée, modeste, obéissanteenvers son époux.

Elle n'est qu'un témoin du malheur qui accable son aînée.

Au contraire, Anne Vercours, représente la majestédu patriarcat, une autorité sûre d'elle-même, parce qu'elle est fondée sur la justice et l'obéissance au devoir.

Anne Vercoursconsidère le travail de la terre comme une sorte de travail sacré.

La volonté de père doit etre respectée.

C'est lui qui choisitl'époux de Violaine Il part en croisade et il va manquer le mariage de sa fille en justifiant son départ : « Qui sait si je ne gêne pasl'ordre de Dieu ».[10] On peut établir une opposition entre les personnages.

Premièrement, il existe une opposition Violaine-Mara.

Il s'agit de deuxsœurs qui apartiennent à deux camps différents.

Il y a quand même une différence dans les noms.

Violaine veut dire viole et laviolette, la musique et la fleur et le nom d'un village du Tardenois.

Au contraire, Mara veut dire « amère » en hébreu.

Violaine senten lui-même une vocation qui ne peut pas se réaliser que par le sacrifice.

Son renoncement est aussi sa deuxième naissance etévolution vers une sainte.

Violaine renonce au bonheur terrestre, à l'amour et à la vie, pour atteindre le bonheur divin.

Elle estpleine de charité, elle comprend tout et la chose la plus importante est qu'elle sait pardonner même les pires choses.De l'autre côté c'est Mara.

Elle est conduite par la haine elle est attachée aux choses terrestres.

Elle s'intéresse à son enfant, à sonmari, à sa vie de la terre.

Mara ne sent que l'amour terrestre. Une autre opposition est celle de Jacques Hury et Pierre de Craon.

Pierre de Craon a un rôle très important dans la pièce parceque c'est lui qui découvre la vocation de Violaine et il l'aide à en prendre conscience.

Il est architecte d'églises mais aussi unpécheur parce qu'il a voulu attenter à la vertu de Violaine.

Il est lépreux, bâtisseur au service du sacré mais il est trop « humain »et c'est pourquoi il ne peut pas porter un diagnostic spirituel juste.

Jacques Hury est un homme simple, un homme droit, l'hommeparfait pour attirer l'amour de Violaine.

Il existe chez Jacques un complexe d'infériorité envers la famille Vercours.

Ils sontpaysans comme lui mais d'une tout autre dignité, et d'une bien plus grande fortune. Il n'a pas de bien, c'est vrai, mais c'est un bon laboureur, et il est de bonne famille.[11] Il est en quelque façon adopté.

Il rêvait toujours du mariage avec Violaine comme d'une chose merveilleuse.

Il n'a jamais cesséde l'aimer.

Mais il se caractérise par le manque de la compréhension pour Violaine et il est l'unique qu'on peut considérer commeun personnage neutre, il est fidèle aux réalités et aux valeurs humaines. Les rapports envers les lépreux est aussi conformément à l'époque de ce drame, comme la même maladie.

Ils sont rejetés de lasociété, ils sont isolés dans les léproseries.

Jacques Hury ne veut pas accepter Violaine qui agonise et il s'adresse à Pierre Craon : « Vous autres lépreux, raclez-vous vos ulceres les uns aux autres » [12] Violaine est rejetée aussi par les gens de Chevoche, ils ne la veulent pas près d'eux.

Ils lui jettent de manger comme si elle était unanimal : « Jette-lui ce michon de pain qu'est gelé.

C'est bin assez pour elle.

»[13] Mais ils sont les gens qui ont un franc appétit et qui se délectent à l'inventaire de leurs victuailles : « N'aie pas peur.

Y a un quartier de porc dans la marmite ; et des crépinettes, et le chevreuil qu'on a tué ;Et trois aunes de boudin, et des pommes, et un bon petit tonneau de vin de la Marne.

»[14] Les gens de Chevoche sont bien travailleurs.

Ils ont bien fait avec plaisir le chemin où le Roi doit passer.. »

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